Par notre envoyé spécial à Washington Lassâad BEN AHMED Les travaux des assemblées annuelles de la Banque mondiale et du FMI ont pris fin dimanche 25 septembre après un marathon de séances plénières, de séminaires et de briefings au profit des médias, sans vraiment donner des signaux rassurants et laissant plutôt une grande question sur une trame de pessimisme : «Qui va sauver l'économie mondiale de cette phase dangereuse ?». La réponse en deux mots c'est : «Tout le monde», donc personne ! «Les pays européens doivent rapidement trouver des solutions pour sortir de la crise de la dette afin de ne pas compromettre la production dans les pays liés à leurs marchés, les pays en développement doivent réduire les risques sociaux en adoptant des politiques plus inclusives des femmes et des jeunes et les pays émergents, en l'occurrence la Chine, doivent encourager la demande pour éviter un fléchissement dans la production mondiale». Ce sont là des idées forces avancées par la communauté internationale comme solutions globales à des défis globaux. Le FMI et la Banque mondiale, tout en précisant que les solutions concrètes sont du ressort de chacun des pays, ont exprimé leurs prédisposition d'apporter leur soutien en finances comme en assistance technique. Mais la grande question qui en résulte c'est dans quelle mesure les pays seraient en mesure de converger vers ces objectifs ? Depuis l'éclatement de la crise des sub-primes en 2007 aux Etats-Unis, l'économie mondiale n'arrivait pas à se remettre. Au contraire elle faisait face à des problèmes en cascade : hausse des cours du carburant et des matières premières, affaire Lehmann Brothers, crise grecque et de la dette en Europe, révolutions arabes et tout récemment abaissement de la note souveraine des Etats-Unis. D'après plusieurs observateurs, si rien n'est fait dans l'urgence pour remonter la pente, le risque de fléchissement de la demande mondiale pourrait engendrer une baisse considérable de la production et par là, une destruction massive des postes d'emploi. C'est ainsi d'ailleurs que le FMI recommande de renforcer la capacité des banques afin qu'elles puissent accorder plus de souplesse dans leur soutien à l'économie. Et c'est dans cette perspective que la directrice du Fonds monétaire international, Christine Lagarde a insisté à maintes reprises que «nous sommes tous concernés et nous devons agir ensemble, maintenant». Au niveau du discours, la réponse ne s'est pas fait attendre. Les pays membres du FMI (187) ont exprimé leur détermination, dans le cadre du Comité monétaire et financier international, à prendre les mesures qui s'imposent pour éviter une dégradation et une stagnation de l'économie mondiale. Ils se sont engagés à faire tout ce qu'il faut pour s'attaquer à une «situation précaire» et rétablir la confiance et la stabilité financière. Le Comité a déclaré dans un communiqué que « la phase dangereuse dans laquelle est entrée l'économie mondiale appelle, les pays membres et le FMI à une vigilance exceptionnelle, de la coordination et une volonté de prendre des mesures audacieuses. Nous sommes encouragés par la détermination de nos collègues de la zone euro à faire ce qu'il faut pour résoudre la crise qui frappe la zone. Nous nous félicitons que le FMI soit prêt à soutenir vigoureusement cet effort dans le cadre de sa mission mondiale». C'est un discours qui temporise d'une certaine manière le constat négatif sur la spirale dans laquelle s'est embourbée l'économie mondiale, mettant les investisseurs sur leurs gardes. Car au niveau des faits, des recommandations ultérieures du FMI n'ont pas été mises en œuvre par les Etats membres, comme par exemple l'appel lancé lors des assemblées du printemps, pour favoriser un double rééquilibrage de la demande aussi bien au niveau intérieur qu'extérieur. «Cela n'a pas été fait correctement pour différentes raisons» a-t-on déclaré lors d'un briefing consacré aux perspectives de l'économie mondiale. Il est évident que le discours ne suffit pas pour rassurer les investisseurs qui se rabattent actuellement sur le marché de l'or qui passe d'un record à l'autre, et qui attendent des signaux forts pour investir et augmenter la production. Le marché est plutôt morose et les ménages ont tendance à faire des économies et non pas à consommer. Et dans ce climat, ce sont les pays en développement qui ont le moins de moyens d'y faire face et qui auront à gérer des crises sociales en plus des crises politiques. Sur ce plan, la Tunisie en fait une belle illustration et c'est d'ailleurs la raison pour laquelle la communauté internationale a exprimé sa volonté de soutenir sa transition en cours.