• Ouvrir de nouveaux marchés, notamment dans les pays arabes et africains • Développer de nouveaux produits spécialement dédiés à ces régions • Maintenir une politique de ciblage du taux de change réel d'équilibre afin de garantir la compétitivité des produits tunisiens Nombreux étaient les experts qui ont défilé les 29, 30 septembre et 1 er octobre 2011, à Yasmine Hammamet, lors de la première rencontre internationale méditerranéenne : Nouveaux enjeux, nouvelles perspectives économiques et sociales des pays de la rive sud de la Méditerranée (un colloque scientifique) organisée par l'Ecole centrale de droit et gestion (Centrale DG), filiale de l'Université centrale de Tunis en partenariat avec le Laboratoire d'économie et finance appliquée de l'IHEC Carthage (LEFA) et le Centre d'études en macroéconomie et finance internationale (CEMAFI International), sous l'égide du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. La Presse vous donne un résumé de l'intervention qui a accaparé l'attention des présents : «Crise financière mondiale, printemps arabe : défis et perspectives» de l'économiste égyptien Bassem Kamar, expert auprès du FMI (Fonds monétaire international- Division Moyen-Orient), professeur d'économie et d'économétrie et coordonnateur de la recherche à l'Université internationale de Monaco. Selon le Pr Kamar, la crise financière globale de 2008 a pris naissance lors de la fameuse période du «laisser-aller» qui s'est étalée entre 2001 et 2006; durant cette période, «la distribution de crédits immobiliers, dans le monde et surtout aux USA, laisse à désirer – en partie parce que les gestionnaires ont besoin de titres à haut rendement. D'autre part, les taux d'intérêt relativement bas alimentaient les achats immobiliers sans parler de l'absence de supervision efficace des banques qui avaient une folle tendance de renforcer l'octroi de crédits douteux». Il ajoute : «Cette crise n'a pas épargné la région Mena (Nord Afrique et Moyen-Orient). Ainsi, deux canaux de contagion étaient susceptibles de faire propager la crise dans les pays de la région : le canal bancaire et le canal des flux de capitaux et de la balance des paiements. Or, il s'est avéré que le canal bancaire n'a pas contribué à la contagion, car les banques dans la région opèrent selon des méthodes traditionnelles. D'autre part, les produits sophistiqués n'y sont pas largement répandus, en plus, les banques sont très liquides en général: pas besoin d'emprunter. Afin d'illustrer l'impact de la crise, nous allons analyser deux cas différents: la Tunisie et l'Egypte. Or, il s'est avéré que l'impact de la crise sur l'Egypte a été plus sévère que sur la Tunisie, vu que l'Egypte a connu une intégration plus importante dans le système financier global à travers la libéralisation financière. Tandis qu'en Tunisie, la crise s'est manifestée principalement à travers la baisse de la demande mondiale et des IDE». «Attirer les touristes en provenance des pays arabes» Il renchérit : «Face à ce constat, la crise financière a accentué la forte dépendance de l'économie tunisienne vis-à-vis de l'Union européenne et une baisse de la demande mondiale et celle de l'Union européenne, des exportations tunisiennes, du tourisme, de la production dans le secteur manufacturier, de l'investissement et une augmentation du chômage». Concernant les perspectives qui se profilent devant l'économie tunisienne, l'expert auprès du FMI les voit se décliner en 5 points : «Tout d'abord, le ralentissement économique dans l'Union européenne est peut- être durable. Deuxièmement, les problèmes des dettes européennes qui ont entraîné des restrictions budgétaires au sein des pays de l'UE. Troisièmement, la hausse probable des impôts ou la baisse des dépenses publiques qui vont peser sur les revenus des ménages. Quatrièmement, le maintien de la baisse du tourisme en Tunisie. Enfin, le maintien de la baisse des exportations». Pour faire face à cet amer constat, Bassem Kamar recommande aux décideurs tunisiens les points suivants : «Primo, il faut dynamiser l'investissement privé pour réduire le chômage, et ce, à travers 3 mesures : réduire l'impôt sur les sociétés qui embauchent une masse salariale élevée, réduire des tarifs douaniers sur les intrants utilisés dans des projets à masse salariale élevée et augmenter les dépenses d'investissement publiques afin d'absorber le chômage, notamment à travers des PPP (Partenariat Public Privé)». Il continue : «Secundo, il est impératif d'effectuer des réformes fiscales en combattant l'évasion fiscale tout en renforçant les lois et leur mise en application. Ensuite, il faut songer à élargir l'assiette fiscale pour augmenter les revenus, réduire les disparités salariales au sein même du gouvernement et réformer les subventions, notamment celles concernant le carburant, pour garantir qu'elles soient destinées à ceux qui en ont le plus besoin». Enfin, «l'Etat tunisien devra réduire sa dépendance et son exposition au marché européen (UE). Ainsi, il serait plus judicieux d'ouvrir de nouveaux marchés, notamment dans les pays arabes et africains en développant de nouveaux produits spécialement dédiés à ces régions. Revoir l'infrastructure touristique et mettre en place des politiques visant à attirer les touristes en provenance des pays arabes. La libéralisation des services, notamment en ce qui concerne le transport aérien pour réduire le coût des vols et attirer davantage de touristes. Et maintenir une politique de ciblage du taux de change réel d'équilibre afin de garantir la compétitivité des produits tunisiens».