Le soldat israélien Gilad Shalit, apparu frêle mais content, a été libéré mardi après plus de cinq ans de détention par le Hamas en échange d'environ 500 prisonniers palestiniens, aux termes d'un accord sans précédent. "Gilad est rentré à la maison", a déclaré le porte-parole de l'armée, le général Yoav Mordechaï, en qualifiant de "satisfaisant" l'état de santé du soldat tenu au secret durant toute sa période de captivité aux mains du mouvement islamiste palestinien Hamas au pouvoir dans la bande de Gaza. "Je me sens en bonne santé" après ces "longues années", a dit lui-même Gilad Shalit dans sa première déclaration faite à la télévision égyptienne, selon la traduction en arabe de ses propos en hébreu. Esquissant parfois un sourire, il est néanmoins apparu pâle et parfois obligé de reprendre son souffle. Transféré de Gaza en Egypte avant son retour au pays, il a tenu à remercier tout ceux qui ont participé à son élargissement ajoutant: "ma famille m'a beaucoup manqué, mes amis aussi". Il a aussi dit espérer que sa libération contre celle de centaines de Palestiniens "aiderait à réaliser la paix". Agé de 25 ans, Gilad Shalit, qui a aussi la nationalité française, est ensuite arrivé en Israel où il a retrouvé ses parents dans la base aérienne de Tel Nof (sud), en présence du Premier ministre Benjamin Netanyahu, du ministre de la Défense Ehud Barak et du chef de l'état-major, le général Benny Gantz. "Bonjour Gilad, bienvenue pour ton retour en Israel. C'est bon de t'avoir à la maison", lui a dit M. Netanyahu citant les paroles d'une célèbre chanson populaire, selon son bureau. Les autorités israéliennes avaient promis une "réception discrète en respectant les besoins du soldat et de sa famille". Shalit -automatiquement reconnu comme victime de stress post-traumatique- rentrera ensuite chez lui à Mitzpe Hila en Haute Galilée (nord). "Comme il est bon que tu sois rentré à la maison", lit-on sur les façades des maisons et les arbres de Mitzpe Hila, pour célébrer le retour chez lui de Gilad Shalit. Plusieurs habitants du village ont éclaté en sanglots à l'apparition de ses premières images à la télévision. La télévision égyptienne a été la première à le montrer au moment de son transfert de Gaza vers l'Egypte, portant une casquette et des vêtements civils, entouré de personnels de sécurité. Dans un discours sur la base de Tel Nof, M. Netanyahu a promis qu'Israel "continuerait à combattre le terrorisme. Tout terroriste qui reprendra ses activités, le sang lui retombera sur la tête". En relâchant au total 1.027 prisonniers, dont beaucoup avec du sang sur les mains, Israel a consenti à payer le prix proportionnellement le plus élevé pour récupérer un seul de ses soldats. C'est la première fois depuis 26 ans qu'un soldat israélien capturé est ramené vivant dans son pays. Capturé par un commando palestinien le 25 juin 2006 en lisière de la bande de Gaza, le soldat a été échangé contre un premier groupe de 477 Palestiniens --en majorité des condamnés à perpétuité-- dont 27 femmes. Un second groupe de 550 détenus palestiniens doit être libéré dans les deux mois, conformément à l'accord conclu le 11 octobre par l'intermédiaire de l'Egypte entre Israel et le Hamas. Juste après l'annonce de son transfert en Israel, le premier groupe de prisonniers ont été relâchés en Cisjordanie et dans Gaza, accueillis par les dirigeants palestiniens et leurs proches au milieu de scènes de liesse. Un convoi de huit bus transportant quelque 300 prisonniers palestiniens libérés est entré à Rafah dans la bande de Gaza, venant d'Egypte. Des centaines de leurs proches et des dignitaires, dont le chef du gouvernement du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, les ont accueillis avant qu'ils ne se rendent à Gaza où quelque 200.000 personnes les attendaient selon le Hamas. En Cisjordanie, un convoi de plusieurs autobus transportant des Palestiniens libérés est arrivé à Ramallah, où les ex-détenus ont été salués par le président Mahmoud Abbas. Sur les 477 prisonniers, 133 seront autorisés à retourner chez eux dans Gaza contrôlée par le Hamas, 117 en Cisjordanie et 15 à Jérusalem-Est. En revanche, 204 Palestiniens seront bannis: 164 vers Gaza et 40 vers l'étranger (Turquie, Qatar et Syrie). Les Palestiniens libérés, qui avaient embarqué dans les convois, avaient été menottés aux mains et aux pieds. Plus de 1.000 policiers avaient été déployés le long des itinéraires empruntés les convois. Six activistes d'extrême droite qui tentaient de bloquer le convoi en s'allongeant sur la route pour dénoncer la libération des "terroristes" ont été arrêtés, selon la radio israélienne. A Paris, le président Nicolas Sarkozy a exprimé l'"immense soulagement" de la France après la libération de Gilad Shalit et annoncé qu'il serait "bientôt" reçu à Paris. Londres, Berlin et Rome s'en sont également félicités. La Turquie a souligné la "contribution très importante" de son pays à la libération du soldat israélien.