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Le jeu dangereux des démocrates tunisiens (3e partie)
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 10 - 2011


Par Helal JELALI*
Les Tunisiens sont aujourd'hui face à deux pôles politiques : la centrale syndicale Ugtt, et le Mouvement Ennahda qui réussit son ancrage dans la société. L'Ugtt a toujours été traversée par des courants hétérogènes entre ses barons de Tunis et les fédérations régionales. Et ce sont ces fédérations régionales, surtout du centre et du sud du pays, qui ont souvent imposé la vox populi dans les grandes crises traversées par le pays depuis l'indépendance. Reste que dans le passé, pour les négociations sociales, l'Ugtt avait des leviers au sein de chaque gouvernement ; et que par ailleurs, elle n'avait pas une grande expérience dans les négociations paritaires. Dans l'avenir elle en aura besoin, surtout face à certains patrons qui n'ont de la culture d'entreprise que la course aux crédits, le chantage à l'emploi et le management féodal .
Ennahda et les autres partis islamistes arabes n'ont pas encore dépassé le syndrome de la «Réunion du Vestibule» une réunion qui s'est tenue, juste après la mort du Prophète Mahomet, au cours de laquelle les oulémas de La Mecque ainsi que la famille du Prophète se sont heurtés aux officiers -qui avaient accompli les premières conquêtes- de Médine sur la succession du Prophète. Cette «Réunion  du Vestibule» entre les imams de la Mecque et les officiers de Médine retentit encore, dans les choix politiques du monde musulman, dans ce que l'on pourrait appeler la lutte entre l'Imam et l'Officier, entre les partis islamistes et les juntes militaires. Tout cela en ignorant la troisième voie, celle de la cité et des citoyens. Les premiers royaumes arabes étaient certes islamiques, mais pas islamistes ; et ils étaient gouvernés non par les oulémas mais par les soldats conquérants.
Certains observateurs comparent souvent le Mouvement Ennahda à l'AKP turc. La Turquie a une forte croissance économique et elle a su se protéger du FMI et de la Banque Mondiale, elle n'a ni les mêmes urgences sociales, ni les mêmes exigences économiques. Seizième puissance économique mondiale, elle est en passe de devenir le pivot de la diplomatie en Asie centrale, dans le Golfe et l'ensemble du Moyen-Orient, comme elle continue à frapper à la porte de l'Union européenne en réclamant une adhésion intégrale. Par conséquent, elle n'est menacée ni par le populisme, ni par le néolibéralisme, les deux fléaux qui frappent souvent les pays qui engagent un processus démocratique. Des menaces qui existent à court terme dans le pays du jasmin.
Parmi les candidats qui se préparent pour l'élection de la Constituante, nous retrouvons d'anciens militants sexagénaires qui sont passés par le khadafisme, le nassérisme, le communisme et même le baâthisme, la génération des années 1980 dont la culture économique est souvent  modeste,  n' a pas eu l'opportunité de découvrir l'évolution de la mondialisation  et des stratégies financières internationales. Il lui manque notamment une réactualisation des choix économiques avancés aujourd'hui par la gauche en Amérique latine, qui tente d'intégrer le développement social comme un facteur de croissance à l'instar de l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. Quant aux jeunes de Sidi-Bouzid, de Kasserine ou du Kef, les régions les plus défavorisées, la lenteur du chantier démocratique les décourage. Dans le nord du pays, la jeunesse dorée cherche à garder son droit d'alerte sur Twitter et Facebook.
A Tunis, le Premier ministre Béji Caïd Essebsi et son ministre des Finances Jalloul Ayed, un ancien de la City Bank, annonçaient dernièrement avec un sourire et même une grande fierté que l'Europe, les Etats-Unis et certains pays du Golfe étaient disposés à fournir des crédits à hauteur de 25 milliards de dollars sur 5 ans. Aucun des deux n'avait le ton grave du Premier ministre français François Fillon quand il annonçait à ses concitoyens que les «caisses de l'Etat étaient vides». Selon des industriels tunisiens, la dette du pays s'élevait en mars 2011 à quelque 20 milliards de dollars. Quand Zine El-Abidine Ben Ali prenait le pouvoir en 1987, la dette s'élevait à 8 milliards de dollars. A l'horizon 2020 et avec ce nouvel emprunt de 25 milliards de dollars, le pays aura triplé sa dette en 30 ans.
Le surendettement tracera une voie royale au néolibéralisme, avec la fin des services publics et de toute politique sociale en faveur des défavorisés. Sans parler de la privatisation des transports publics, de l'électricité, de l'eau. Les futurs responsables du pays ne devraient pas oublier qu'après la liberté, les exigences sociales ont été au deuxième rang des révolutions dans les pays arabes. Comme le notait dernièrement le sociologue Alain Touraine dans le journal Le Monde, la guerre froide avait fait disparaitre les questions sociales des débats ; elles sont aujourd'hui et seront demain plus encore à l'origine des soulèvements.
Tunis est devenu la capitale régionale des experts économistes -«nous allons bientôt parler de capitalisme scientifique» ironisait un observateur-, des politologues, des juristes et des conseillers en communication. Quant à l'action politique, elle est moins visible ; l'unanimisme règne, et étonnamment la polémique et les divergences dans les débats sont carrément absentes.
La dimension conflictuelle, caractéristique de la transition démocratique, est au point mort. L'urgence pour les partis politiques tunisiens aujourd'hui, est de rétablir l'action politique.
Les bons experts ne font pas forcément les bons choix politiques.
Les artisans des processus démocratiques ne doivent pas confondre pluralisme politique et projet démocratique. Dans le pluralisme politique, l'autorité politique tend à évoluer vers une oligarchie financière qui dirige le pays ; dans le projet démocratique, l'autorité s'inspire de la vox populi pour gouverner le pays.
Après les journées de soulèvement, on n'a pas assisté à ces mouvements de fraternisation habituels des périodes post-révolutionnaires. Les villes tunisiennes n'avaient pas connu ces fêtes, dominées par une mixité sociale, que la conjoncture imposait dans d'autres révolutions. Tout de suite après le mois de janvier, le jeu des clans et des castes a repris. Chez certaines familles de la classe moyenne et surtout de la bourgeoisie, une certaine peur -organisée ou pas- s'était installée. On en appelait même à un pouvoir autoritaire. Lequel ? Les prochaines élections pourraient nous apporter la réponse.
Le jeu dangereux des démocrates tunisiens serait d'accoucher d'un nouveau régime pluralistes mais autoritaire, référencé chez les politologues américains de “Soft Authority“.


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