La colère gronde parmi les assistants contractuels en arts plastiques qui ont passé le concours national d'assistanat pour être recrutés dans les écoles d'arts et métiers où ils enseignent. Sur les quarante-huit candidats, seulement onze ont été retenus, alors que trente-sept autres ont été recalés. Les assistants contractuels, qui appréhendent généralement ce concours, condition requise pour pouvoir être recruté, doivent présenter, devant un jury constitué de cadres A (professeurs et maîtres de conférence) choisis par la commission doctorale et mise en place par le ministère de l'Enseignement supérieur, l'état d'avancement de leur thèse, ainsi qu'un rapport pédagogique sur leur expérience professionnelle. Ceux qui ont réussi ce concours sont automatiquement recrutés par les écoles dans lesquelles ils enseignent en tant que contractuels, alors que les recalés se voient renouveler leur contrat sans pouvoir jouir de leurs droits et sans avoir une visibilité sur leur avenir professionnel. L. J., une assistante contractuelle, enseignant depuis quatre ans à l'Ecole des arts et métiers de Kairouan et qui prépare une thèse sur les sciences et techniques des arts plastiques, a été recalée à ce concours. Aujourd'hui, la jeune femme, dont le contrat n'a pas été reconduit, se retrouve à la rue. ‘‘Ce n'est pas un hasard si j'ai été recalée à ce concours. La plupart de ceux qui ont été refusés à ce concours ont été encadrés par le même professeur. Or, des membres de ce jury avaient été à l'époque recalés par ce dernier. Aujourd'hui, cela tourne au règlement de compte par personne interposée”, a-t-elle relevé. D.G., une autre assistante contractuelle, enseignant depuis huit ans à l'Ecole des arts et métiers de Kairouan, a également été recalée à ce concours d'assistanat. La jeune femme s'est vu renouveler quatre fois son contrat et a pu, grâce à sa compétence, trouver un terrain d'entente avec l'école dans laquelle elle enseigne pour que son contrat soit renouvelé pour la cinquième fois. «Il se peut que l'année prochaine, on ne me le renouvelle plus. Après huit ans d'études, je risque de me retrouver au chômage. J'ai passé deux fois le concours d'assistanat et j'ai été recalée. Beaucoup d'entre nous ont relevé des dépassements liés à ce concours. La plupart d'entre nous ont été recalés à cause de l'encadreur choisi qui n'est pas du tout apprécié par les membres du jury. Ces derniers n'hésitent d'ailleurs pas à nous intimider. L'année dernière, l'un des membres m'a totalement découragée en me disant que je n'arriverai pas à terminer ma thèse. Aujourd'hui je l'ai presque achevée». Mais c'est surtout la constitution même du jury qui est remise en cause. Alors qu'il devrait être constitué de professeurs et de maîtres de conférence selon une circulaire du ministère de l'Enseignement supérieur, le jury national de recrutement est composé dans sa grande majorité de maîtres-assistants qui, bien qu'ils ne soient pas habilités à le faire, ont pourtant évalué le contenu des thèses lors du concours. “Ce jury a eu quinze jours pour évaluer l'état d'avancement des thèses, ainsi que les rapports pédagogiques des candidats qui comportent des centaines de pages. Je pense que c'est un temps très court pour évaluer et bien juger le travail des assistants qui ont passé ce concours, souligne M. Lahbib, professeur en arts plastiques. Mais ce qui est vraiment aberrant, c'est le fait qu'ils aient évalué le contenu des thèses, alors qu'ils ne sont pas habilités à le faire.” Plusieurs assistants ont adressé une plainte au ministère de l'Enseignement supérieur exigeant qu'il constitue un nouveau jury. Aujourd'hui, c'est toujours le silence radio.