A l'Etoile Sportive du Sahel, le feuilleton des démissions s'est enrichi avant-hier de deux nouvelles défections ; celles du responsable de la section football, Boubaker Bouzrara et du directeur sportif, Zoubeïr Beya. Mais c'est sans doute le départ de ce dernier qui a fait le plus de bruit, compte tenu de la dimension de l'ancien meneur de jeu de l'ESS et de l'équipe nationale. Contrairement à une idée reçue et aux préjugés, le président du club, Hafedh Hmaïed, rejette d'un revers de la main l'explication couramment avancée et admise d'un conflit à la base duquel se trouverait une absence de concertation et un monopole primaire du pouvoir de décision. Et évoque un agenda visant à déstabiliser le club. Le directeur sportif a préféré partir de son propre chef, avançant essentiellement l'argument d'une impossible concertation au niveau des rouages du club. Les points avancés me paraissent erronés et indignes de la carrière d'un tel joueur. Ainsi, Zoubeïr Beya, dont les attributions ne doivent pas empiéter sur celles du staff technique, par exemple, au sein de la commission de football, a-t-il trouvé que ces prérogatives étaient insuffisantes. On parle de consensus et de concertation. Au final, il faut bien que quelqu'un tranche. Nous nous sommes pliés à la loi de la majorité : Beya ne voulait pas du Guinéen Barry, alors que cet attaquant a terminé meilleur buteur du dernier championnat de son pays. On a décidé de faire signer l'ancien avant de Horoya Conakry, sans vraiment tenir compte de qui l'a fait venir. Par ailleurs, le staff technique a conclu que Hamza Younès était limité. On a résilié le contrat de l'ancien attaquant du Club Sfaxien parce que là aussi telle était la proposition de la majorité des intervenants. Nous étions venus à l'ESS pour assurer une gestion à bon escient des finances du club. Pas pour satisfaire l'appétit et la voracité des managers. A un certain moment, nous avons considéré que la décision prise à l'endroit de notre coach, Mondher Kebaïer, était précipitée. Nous l'avons fait revenir dans le giron du club. «Un pion, un otage» Si dans le cas Beya, il n'y a pas eu entorse à la règle de la nécessaire concertation, comment alors expliquer les vagues successives de contestations, de démissions, de croisades à travers les médias…? Ce qui arrive à l'Etoile dépasse le simple cas de Zoubeïr Beya. Il y a certaines parties qui ne sont pas satisfaites que nous soyons là. Déjà depuis l'élaboration des statuts, l'offensive a démarré. On veut faire du président actuel de l'Etoile un pion. Voire un otage qui encaisse un coup par-ci un coup par-là. En débarquant, j'ai hérité d'un système qui fonctionne depuis un demi-siècle et qui fait du club un instrument politique, économique, financier… Il est clair que certaines parties veulent torpiller le processus démocratique, en commençant par «abattre» le timonier, par «descendre» le président du club. Tout est orchestré : on veut «pourrir» l'ambiance du club. Dans l'affaire Barry, on a opté pour une décision collégiale, et «ils» ont rejeté cette démarche. Dans le cas de la démission de Radhi Ben Ali, a-t-on réellement besoin de médiatiser et en même temps de dramatiser l'épisode ? Rien ne justifiait un tel acharnement : nous honorons parfaitement nos engagements financiers, alors que nous avions hérité d'un découvert de 1,5 million de dinars, d'une situation où aucun joueur n'avait signé une licence à quelque section que ce soit. Volet sportif, l'équipe de foot reste sur une victoire dans le derby. Non, vraiment toute cette cabale dépasse le cadre sportif. Le seul paramètre à retenir est celui d'un rejet de la démarche démocratique dans laquelle s'engage le pays. En tant qu'homme libre, je refuse de servir les intérêts de quelque partie que ce soit, y compris les agents de joueurs. Et l'Etoile dans tout cela ? Voilà les véritables paramètres : la construction d'un stade à la dimension du club, faire venir les meilleurs joueurs, mettre en place les structures d'un grand club. Personne ne vous suggère quoi que ce soit pour faire œuvre utile. Mon mandat court sur deux saisons. Il n'y a plus de présidence à vie. Je suis tunisien avant d'être étoiliste. Je suis heureux pour ce qui arrive à l'Espérance. Un seul objectif doit nous habiter, mettre en place une Etoile qui honore la Tunisie.