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L'emploi garant de la paix sociale
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 11 - 2011


Par Abdelkader KACEM *
La question de l'emploi requiert une considération fondamentale dans les sociétés contemporaines. Elle est à la fois le moteur de la croissance économique, le remède des satisfactions sociales multiples et le moyen incontournable pour le maintien de la quiétude, la stabilité, la sécurité et la préservation des individus contre la délinquance.
En effet, dans une société moderne et matérialiste les questions financières prennent des considérations vitales grandissantes en dehors desquelles les personnes adultes sans emploi sont ouvertes à toutes les options non souhaitables, y compris les plus pessimistes, au détriment de l'harmonie sociale et de la dignité humaine.
A travers cet article nous essayerons de traiter la question fondamentale du besoin d'emploi, rapidement dans ses dimensions économique, sociale mais surtout personnelle, d'estime de soi et de dignité humaine pour favoriser un équilibre global , se détourner du vide professionnel, source de délinquance et trouver le moyen de construire une personne consciente, fructueuse et responsable qui agit positivement pour le bien de la nation.
Les considérations économiques
La croissance économique contemporaine est induite globalement par quatre facteurs fondamentaux que sont le capital financier, le facteur humain, les équipements de production, et les technologies modernes. Si toutes ces composantes sont indispensables pour la construction économique des nations, le facteur humain est des plus déterminants car il induit tous les autres.
En effet, en dehors d'un capital humain compétent, constructif et innovant, point de richesses financières, ni d'équipements techniques ni de produits technologiques, ni de production satisfaisante. En fait, les sociétés modernes ont eu raison de miser considérablement sur la valorisation de l'élément humain pour le construire intellectuellement et techniquement afin de maximiser son rendement.
Aujourd'hui, un facteur humain non qualifié, incapable de trouver sa voie professionnellement, improductif, représente de multiples handicaps. Il est d'abord une charge pour sa famille et la société qui l'intègre, une source d'instabilité pour la communauté en raison des troubles qu'il est en mesure de provoquer un manque à gagner flagrant pour la nation faute d'intégration dans le circuit productif et une frustration personnelle, rendue pathologique, faute d'estime et de considération.
Les considérations sociales
Pour remédier à ces défaillances, l'élément humain a mérité des considérations sociales et matérielles suffisantes pour satisfaire ses besoins courants dans des dimensions respectables. En effet, plusieurs sociétés modernes ont été capables de garantir un grand nombre d'avantages sociaux aux populations dans le besoin allant de la gratuité des soins en passant par le logement, la formation, le transport, etc., jusqu'à l'attribution d'une prime de chômage respectable pour les personnes adultes sans emploi.
De tels avantages sont attribués aux personnes dans le besoin, en tenant compte de plusieurs considérations et objectifs se rapportant notamment à la nécessité d'introduire ces personnes, dans les meilleurs délais, dans les circuits économiques pour gagner en indépendance, moyennant des encadrements adaptés, des formations appropriées, et des investissements conséquents.
De telles mesures ont eu l'avantage de relever la compétence professionnelle générale des populations, d'attribuer à chacun une qualification suffisante de nature à lui garantir facilement un emploi adapté, de relever la productivité nationale à des niveaux permettant de dégager des excédents à l'exportation et de favoriser une croissance saine garantissant le bien-être et la dignité à tous les individus.
Les considérations personnelles
Nous estimons qu'une prime de chômage attribuée aux personnes dans le besoin même symbolique, dans les pays à moyens limités, est signe de respect, de dignité et de stabilité qui préserve les sociétés contre les phénomènes de la délinquance et de l'insécurité ; mais surtout un facteur de développement de nature à se prémunir contre les inconvénients majeurs du chômage et des coûts qui en seraient induits.
En effet, devenant adulte et ayant besoin de faire face à ses dépenses courantes, une personne ordinaire descendant d'une famille modeste perd son honneur, l'estime de soi, ses capacités ordinaires et se trouve désorientée, faute d'emploi et de moyens financiers nécessaires.
En effet, le bénéfice d'un emploi attribute à la personne des capacités d'autonomie et d'indépendance qui renforcent sa confiance et son discernement et peuvent normalement apporter des transformations d'avenir dans des investissements culturels, éducatifs, sociaux et professionnels.
A défaut d'un travail disponible, une prime à l'emploi pourra les créer. Elle aura des vertus similaires, moyennant une stratégie de formation et de qualification, un suivi régulier et un encadrement approprié. Elle pourra entretenir le moral de son bénéficiaire et motiver sa qualification pour un investissement personnelle adapté.
Par contre, une personne au chômage perd rapidement ses liens d'appartenance et pourra facilement changer de conviction, de famille, de société, de pays et de nationalité. Ils constituent de ce fait une proie facile exploitable par les extrémistes, les délinquants, les trafiquants et les mafieux.
C'est exactement ce qui se produit souvent pour les ressortissants des pays en excédent de main-d'œuvre, dont l'Afrique, où des masses d'émigrés clandestins ont déferlé dernièrement sur l'Europe dans des embarcations de fortune après le printemps arabe, dans l'espoir de trouver un emploi et de la sécurité au risque de périr lors de la traversée.
En effet, de tels agissements posent des problèmes énormes aux pays d'accueil et constituent une source de tension dans les rapports bilatéraux. Ils sont aussi source d'humiliation pour leur auteur et à l'origine d'une grande souffrance de leurs familles en raison des grandes pertes humaines induites par les conditions des voyages par mer aux risques extrêmes.
Il serait indispensable de prendre plutôt les devants, d'encadrer cette jeunesse désorientée, de lui assurer une formation et une qualification appropriée, de lui offrir un minimum pour sauver son honneur. Il serait possible ensuite, faute de possibilité d'emploi en interne, d'assurer leur émigration dans un cadre légal, réglementé et respectable qui garantisse leur droit et leur honneur en dehors des dangers de mort et d'humiliation.
Maintenir l'espoir pour un emploi durable
Nous avons espoir dans l'avenir de donner à chacun de nos enfants l'emploi qu'il mérite grâce à la compétence des candidats, à la maturité et la prise de conscience générale des populations, au mouvement de démocratie inébranlable qui s'est installé post-révolution, au gouvernement de concorde nationale qui sera installé, aux institutions de contrôles et d'observation qui ont été constituées, aux courants politiques multiples qui constituent un rempart contre les dérapages possibles, à la libéralisation des médias qui auront l'occasion de guider et d'orienter l'opinion dans la bonne direction, au devoir de transparence et de jurisprudence qui commence à donner l'exemple, etc.
En effet, notre pays a pris des mesures révolutionnaires importantes conformes à l'attente de la révolution du 14 janvier. Un courant de justice et de droits authentiques semble s'installer définitivement. Des réparations significatives ont été amorcées à plusieurs égards , des jugements inespérés ont été rendus confortant les parties dans leur droit légitime, condamnation des auteurs de la corruption et mise en place de mesures pour l'empêcher ultérieurement, titularisation d'un grand nombre d'employés, recrutement d'un grand nombre de chômeurs, augmentation significative des salaires, attribution d'une prime de chômage significative, réparation pour ces familles des martyrs et des entreprises endommagées lors de la révolution, des projets pour l'équilibre régional sont en préparation, etc.
Des projets optimistes conformes à l'espoir des martyrs et la volonté du peuple semblent encore en préparation dans tous les domaines. Nous devrons simplement rester solidaires, honnêtes, travailleurs, prêter main-forte à la nation, préserver nos richesses en toute circonstance, continuer à batailler éternellement pour une liberté consciente et une démocratie responsable qui nous garantissent des droits légitimes en nous dictant nos devoirs convenablement.
Mériter le respect de l'histoire
Nous émettons le souhait que le printemps tunisien atteigne tous ses objectifs, que la Tunisie reste ouverte sur l'extérieur avec des cultures authentiques et positives multiples et élargies qui favorisent son épanouissement en lui garantissant une coopération étendue de nature à exploiter toutes les opportunités fructueuses pour créer des emplois décents à ses enfants.
Nous appuyons l'instauration d'une société équilibrée, fidèle à ses racines musulmanes ; mais tournée vers l'avenir avec une dose consistante de liberté responsable, de modernisme respectueux de la morale, d'ouverture suffisante pour comprendre les autres, de tolérance authentique pour pardonner les erreurs humaines, de coopération fructueuse de part et d'autre pour créer des opportunités d'investissement réciproques, sans basculer dans l'intégrisme, le fondamentalisme et l'excès de protectionnisme préjudiciable.
De telles mesures feront de la Tunisie un modèle historique dans le monde à méditer par toutes les nations. En effet, le monde entier attend beaucoup de l'exemple tunisien. On émet l'espoir qu'une vraie démocratie islamique s'installe à partir du cas tunisien qui a été unique dans sa révolution populaire pacifique.
L'Occident qui a tant refusé et condamné les modèles islamiques sur le mode extrémiste et fondamentaliste serait plus confiant lors de l'instauration d'une première démocratie dans le monde arabe à partir de notre expérience. Nous devrions démontrer notre capacité à marquer l'histoire par un islam tout aussi ouvert, démocratique, qu'authentique.
Cela aura l'avantage de concilier le monde islamique avec l'Occident avec tous les avantages économiques, sociaux, et culturels qui en découlent et surtout sécuritaires actuellement tendus. Cela aura aussi l'avantage de réserver à nos enfants vivant à l'extérieur un traitement respectueux digne d'une personne cultivée, libre, démocratique et responsable.


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