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Homo religiosus et homo universalis
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 12 - 2011


Par Khaled DELLAGI*
Le débat actuel sur la sécularisation invite à réfléchir sur l'enracinement des valeurs islamiques dans notre société. Il ouvre une controverse sur la lecture et l'interprétation du Coran et des liens entre religion et Etat.
Plus de 10.000 religions distinctes coexisteraient aujourd'hui sur terre. Autant de cultes, voire plus, ont depuis longtemps disparu dans les brumes de l'histoire. Qui se souvient que le mazdéisme fut la religion majeure de la Perse au début de l'Ere commune ?
Sur le très long terme, les strates fossilisées de l'histoire montrent l'universalité du sacré qui apparaît pour certains chercheurs comme un caractère consubstantiel de notre humanité et pour d'autres comme une adaptation culturelle résultant de la sélection naturelle.
Dans notre imaginaire collectif, nous portons en nous l'image du divin : de la déesse-mère première aux trois Vénus arabes préislamiques, Allat, Manat et El Uzza, en passant par notre Vénus punico-phénicienne, Tanit-Astarté. Parallèlement à la complexification des sociétés, le Panthéon subit une évolution anthropomorphique avec à sa tête un dieu le père, souvent imaginé en un vénérable patriarche à la longue barbe blanche. Sur les dizaines de siècles de l'histoire de notre pays, le caractère absolu de la transcendance du Dieu de l'Islam ne s'est imposé que depuis 15 siècles. La permanence du sacré a résisté à la transformation de l'Homo religiosus par la modernité.
Peut-on encore penser l'Islam aujourd'hui ? Les temps ont changé. L'esprit de controverse n'est plus celui de l'Islam des premiers siècles, avide de connaissance de l'Autre, de confrontations libres d'idées, quand tolérance rimait avec puissance et confiance en soi. Nombre de doctrines différentes étaient tolérées, même si l'orthodoxie les condamnait. Le puissant retour au religieux auquel nous assistons depuis des décennies dans le monde musulman a été largement étudié. Il se déroule selon trois axes : la réaffirmation de l'identité islamique, la conquête du pouvoir par un parti islamique et l'intégration de ce processus dans un contexte transnational.
L'embarras dans lequel nous sommes aujourd'hui sur le plan spirituel, social et économique est enraciné dans l'histoire. Depuis les siècles des Lumières, la science est à l'origine du désenchantement du monde. Passer de la perception d'un cosmos à la fois nébuleux et fabuleux à celle d'un univers intelligible obéissant à des lois physiques simples, accessible aujourd'hui à l'exploration approfondie a engendré des tensions avec une lecture littérale des textes sacrés. Ces tensions maintenues souterraines pendant longtemps remontent aujourd'hui à la surface à la faveur de la libération de la parole.
La genèse d'une intelligence commune par l'échange d'idées trouve cependant ses limites paradoxalement par la «mondialisation-manipulation» de l'information. Deux événements très éloignés l'un de l'autre dans le temps ou l'espace peuvent être rapprochés. Une contraction de l'espace-temps. C'est ainsi de l'appel lancé par certains de restaurer le Califat. Retour vers le futur, à Médine ! Faut-il y voir une simple envolée lyrique ou doit-il être compris comme un ballon d'essai destiné à lancer l'idée de recréer une autorité spirituelle suprême islamique. Pour quoi faire ? Serait-ce parce que les révolutions arabes dans l'esprit de beaucoup, y compris de certains pays occidentaux soucieux de leurs intérêts économiques, doivent être recadrées car elles mettent en péril la pérennité des monarchies du Golfe si accommodantes dans le monde d'aujourd'hui. Du Maroc à la Syrie, le champ serait alors libre pour le déploiement des zélotes wahhabites et de leur modèle «démocratique». Gageons que l'argent des pétrodollars coulera à flots sur les Républiques remises dans le droit chemin moral. Mais qu'on prenne garde ! L'islamisme dit modéré glissera peu à peu au salafisme dont il n'est qu'une forme présentable et, dans 5 ou 10 ans, par petites retouches et serrage de vis, par l'action patiente sur les esprits dès l'école primaire, par l'intimidation continue des uns et par la lâcheté des autres, le Grand Inquisiteur réglera les moindres détails de notre vie quotidienne aux cinq appels du muezzin. L'inquisition religieuse sera généralisée. La pensée unique sera la norme. Nous avons échappé à Charybde, nous n'échapperons pas à Scylla.
L'histoire humaine s'achemine vers un humanisme universel. Celui-ci est intimement lié à l'éthique de la liberté: liberté de croyance et d'incroyance, liberté d'opinion, liberté sexuelle, etc. Comment alors devons-nous nous positionner dans notre présent et surtout notre futur ?
La stabilité et la cohésion d'une société dépendent d'une gouvernance séculière incluant toutes les options morales, religieuses et spirituelles. Pour cela, il faut institutionnaliser la liberté de pensée et d'expression, seule garante contre la tentation de la stagnation et du renfermement sur soi.
La Tunisie est aujourd'hui à la croisée des chemins. Quelle voie prendra-t-elle ? Celle qui mène à ce que tous les citoyens aspirent pour leurs enfants : un Etat juste, solidaire, libre, respectant scrupuleusement les droits universels de l'Homme ? Ou bien, poussée par les intimidations répétées des extrémistes et par la lâcheté de ceux qui assument son avenir, dans une voie dont on ne sait que trop où elle mène ?
On ne dira jamais assez l'immense responsabilité de chaque citoyen et de celle des hommes politiques d'aujourd'hui.
L'histoire jugera et ne pardonnera pas.


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