Alors que la violence et les dérapages s'accentuent dans les stades et que les sit in se succèdent devant le siège de la FTF, les instances fédérales ne trouvent pas mieux que se livrer à ce que la tutelle perçoit comme étant une certaine forme de chantage. Dans le chapitre «Le beurre et l'argent du beurre» (lire La Presse d'hier), l'instance fédérale a sans doute franchi un nouveau palier en adressant le 14 décembre au ministère de la Jeunesse et des Sports un courrier où elle exige le financement de la campagne africaine du Gabon et d'autres chapitres d'intervention financière. Lequel financement serait assuré par le département en contre-partie de sa disposition à convoquer une assemblée générale élective à la fin de la CAN. Les doléances du bureau fédéral retenues au bout de sa réunion de mercredi dernier concernent les points suivants : - Prise en charge par le MJS des frais d'un avion spécial d'un coût de 220 mille dinars selon l'offre de la compagnie Tunisair pour le Gabon - Prise en charge par le MJS des engagements à l'endroit des joueurs et du staff technique concernant les primes de qualification d'un montant de 780 mille dinars - Prise en charge de la réservation sur le compte de la fédération —le tout, bien entendu financé par le MJS— dans un hôtel au Gabon durant la CAN. La FTF signale à cet effet que le centre d'hébergement réservé par le comité d'organisation (CO CAN) est en phase de construction et n'assure pas les conditions nécessaires de séjour et de sécurité. - Le versement du reliquat du budget 2011 relatif aux salaires des entraîneurs et des centres de formation des jeunes - Régularisation de la situation financière et contractuelle du staff technique national - Intervenir auprès du ministère des Finances pour résorber le volet des impôts et du retard de paiement y afférent en ce qui concerne l'ancien sélectionneur national Roger Lemerre (2002-2006) - Intervenir auprès de la société Promosport afin d'annuler d'anciennes dettes estimées à 800 mille dinars Ainsi, le ministère doit intervenir à hauteur de quatre millions de dinars pour tous ces chapitres et voler au secours des caisses fédérales dans le rouge en contre-partie d'une concession vitale, une sorte de monnaie d'échange. Celle-ci concerne l'application du contenu du décret n°66 de l'année 2011. Dans le courrier adressé le 14 décembre, on peut lire que «le bureau fédéral ne voit pas d'inconvénient pour tenir une assemblée générale élective après la coupe d'Afrique des nations, la date devant être fixée ultérieurement à l'occasion d'une réunion de travail avec le département de tutelle». Voilà donc en gros le pacte de partenariat proposé par un staff fédéral aux abois à la tutelle qui n'a guère apprécié la démarche qui veut conditionner la convocation des élections à la généreuse prise en charge des dépenses et dettes en tous genres. Une source ministérielle autorisée exprime sa désapprobation de cette attitude et, plus généralement, les carences de gestion fédérale : un président au Japon alors que les enceintes sportives du pays vivent de graves dépassements; un retrait de confiance exprimé par des sit in, le dernier en date effectué hier aux portes de la FTF suite au jugement rendu par la Commission nationale d'appel, avant-hier dans l'affaire Chamseddine Dhaouadi et consistant à faire rejouer la rencontre Club Sportif Sfaxien-Club Sportif d'Hammam-Lif… Cela fait donc un bon bout de temps que l'exécutif de la FTF fait de la résistance face aux injonctions et admonestations de la tutelle. Cela tourne à la confrontation directe. La même source ministérielle autorisée n'a pas non plus apprécié que la FTF aille «se plaindre» auprès de la Fédération internationale (Fifa) après qu'elle ait été mise en demeure pour appliquer le décret 66 et passer à une assemblée générale élective. Il n'est en tout cas pas évident que l'arrivée dans quelques jours d'un nouveau ministre des Sports va changer la donne. Et que le bureau exécutif de la FTF ait gagné grand-chose en temporisant, tergiversant et en repoussant les échéances.