La Fifa devait examiner hier à Zurich le dossier de la Tunisie suite aux démêlés de la FTF avec la tutelle autour de l'application du décret numéro 66. A partir de son siège en Suisse, l'organisme international suit de très près les derniers développements. Aux aguets, il a demandé à notre fédération nationale un rapport comprenant le point où en sont les relations avec les pouvoirs publics du pays, et les tests de l'amendement des statuts des fédérations traduits. Le lendemain de la réunion du bureau exécutif, soit le 13 octobre, une réponse était adressée à la Fifa qui se voulait en fait conciliante vis-à-vis de l'autorité de tutelle. La Fifa s'inquiétait de voir des élections convoquées pour le 29 octobre 2011 (un dessein qui allait par la suite être abandonné) alors que, dans son esprit, l'exécutif en place était parti pour un mandat allant jusqu'en mai 2014. Par ailleurs, on sait à quel point l'organisme présidé par le Suisse Joseph Blatter se montre rétif à tout amendement des statuts apporté à une fédération nationale. En avril dernier, le refus de l'assemblée générale de la Fédération bosniaque d'adopter des statuts conformes aux recommandations de la Fifa et de l'Uefa (Union européenne) lui a valu d'encourir les foudres de l'instance gérant les affaires du football mondial. Le Nigeria a écopé de son côté d'une suspension de deux ans pour ingérence du gouvernement dans les affaires fédérales. Le Togo, le Kenya et la Guinée étaient également passés par là. Il y a jusqu'à la surpuissante «3F» (Fédération française de football) qui s'est retrouvée l'an dernier sérieusement menacée lorsque son président, Jean-Pierre Escalettes, a été proprement déposé, payant le tribut de l'affaire Knysna, au Mondial 2010. En fait, on ne rigole pas avec la Fifa dès qu'un pays (comprenez son gouvernement) met son nez un peu trop dans les affaires fédérales. L'article 13.1.g des statuts de l'organisme international pose un de ses principes fondamentaux. Il stipule que «toutes les associations qui y adhèrent s'engagent à diriger leurs affaires en toute indépendance et veiller à ce qu'aucun tiers ne s'immisce dans leurs affaires». Sans avoir été défini noir sur blanc, ce tiers-là s'appelle tout simplement les pouvoirs publics du pays concerné. Ingérence d'un tiers L'article 13.2 prévoit que le non-respect de ses obligations par un membre entraîne une sanction. L'article 13.3 se veut plus précis encore sur le sujet de l'ingérence d'un tiers puisqu'il édicte que la sanction est encourue même si cette ingérence-là n'est pas imputable à l'association nationale. Et cette sanction, d'après l'article 44, est tout simplement la suspension. Dans le cas d'espèce, la FTF a-t-elle fait profil bas en exemptant ce «tiers» (le ministère de tutelle, en l'occurrence) de tout soupçon d'ingérence? Comment réagirait la FT Handball si, un jour, l'IHF (la fédération internationale) s'avisait de son côté de lui demander des explications sur les raisons justifiant la révision de ses statuts? En tout cas, il y a aujourd'hui blocage du processus enclenché par le département de tutelle par le biais du décret n°66, lequel appelle au renouvellement dans les meilleurs délais (avant le 15 décembre prochain) des bureaux de toutes les fédérations nationales sportives. Fini les «promesses» d'une assemblée générale élective dans la foulée de la dernière sortie de l'équipe nationale aux éliminatoires de la CAN 2012! Fini le passage de témoin pour respecter le décret 66 et, probablement la volonté des clubs! La réunion du 10 octobre FTF-MJS a, du reste, conforté cette volte-face en accordant manifestement un «droit de survie» au bureau exécutif de Anouar Haddad. Si elle a convenu de la nécessité d'instituer un décret additif pour définir l'exception liée à certaines fédérations nationales (FTF, Fthb…) pour ce qui est de la révision des statuts, la tutelle aura en même temps fait l'impasse sur des élections dans les délais. C'est du moins le sens à donner à la convocation, avant-hier, par un communiqué publié par la FTF, d'une assemblée générale ordinaire pour le 18 novembre avec pour ordre du jour l'adoption des rapports moral et financier et l'amendement de certains règlements généraux et sportifs. Quant à la voix des urnes, elle doit attendre des jours meilleurs! L'alibi du soin à apporter à la préparation de l'équipe nationale pour la prochaine campagne continentale sert de paravent. De sédatif. On verra par la suite ce qu'il adviendra de l'impératif électoral devenu bancal, précaire et boîteux. Puisqu'il met en place dans une drôle de cohabitation des associations aux comités directeurs tirant une nouvelle légitimité des urnes, aux côtés d'une fédération campant sur ses privilèges d'une légitimité tirée de l'avant 14-janvier. Et récalcitrante quant à la perspective de devoir risquer l'épreuve des urnes. De nouvelles urnes plutôt implacables dans leur verdict, leur logique et leur âme.