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Les dessous d'une fermeture
Usine japonaise Yazaki d'Om Laârayes
Publié dans La Presse de Tunisie le 25 - 12 - 2011

La récente fermeture de la câblerie d'Om Laârayes, relevant du groupe japonais « Yazaki », a provoqué la perte de près de 450 emplois dans une région où les emplois sont d'une rareté remarquable. Après des années de labeur et de sacrifices, les employés de cette unité se sont, en effet, trouvés dans une situation pas du tout enviable et leur espoir d'un lendemain meilleur s'envole. Justifiant sa décision, la société japonaise a indiqué que « les grèves irrégulières et non annoncées des employés de l'unité de production d'Om Laârayes, le 15 et le 16 décembre derniers, ont affecté aussi bien la production que les engagements de la société envers un client solvable. Ce qui est susceptible de nuire à l'image de Yazaki sur le plan international.» Afin de comprendre les raisons de cette fâcheuse situation — oui, fâcheuse situation, vu que ce groupe de cinq unités assure 2.800 postes d'emploi dans le gouvernorat de Gafsa, vu aussi que le pays traverse une période délicate — on s'est rendu vendredi sur les lieux où l'on a rencontré certains techniciens et ouvriers qui ont, non sans remords, donné leur version des faits.
C'est du côté ouest de la ville que se situe l'unité de production des câbles de voiture relevant du groupe japonais Yazaki, implanté en Tunisie depuis 2008. Là-bas aussi, on a rencontré bon nombre de techniciens et ouvriers travaillant au sein de cette entreprise. Relatant les faits, ils laissent entendre que le feu a longtemps couvé sous la cendre, à cause d'une «exploitation» excessive. Ils pointent aussi du doigt une administration «ayant mis de l'huile sur le feu dans l'objectif de servir des intérêts personnels».
Détournement des faits
S'attardant sur les raisons du mouvement de protestation organisé par les employés de l'usine, Mohamed Amari, technicien en maintenance, observe que les informations avancées par certains responsables de son administration sont erronées et qu'elles ont pour but la culpabilisation des employés : « Contrairement à ce qu'ils ont déclaré, le mouvement de protestation qu'on a organisé le 14 décembre dernier revendiquant la titularisation et notre droit au 13e mois a été annoncé un jour à l'avance et n'a duré que deux heures, suite auxquelles on a décidé de reprendre le travail. Mais les responsables s'étaient rapidement retirés des lieux. Le lendemain, j'ai reçu un message de mon patron du département maintenance, m'informant que la société sera en congé les 15 et 16 décembre. Nous nous sommes pourtant rendus le même jour à l'usine pour la trouver déserte. Je tiens également à vous informer que les revendications en question ont été souvent et vainement communiquées aux responsables des ressources humaines. Toutefois, ces derniers nous ont constamment ignorés. Nous avons longtemps souffert en silence ici, convaincus que la situation progresserait un jour, surtout après la révolution du 14 janvier. Mais l'exploitation n'a pas cessé. Toujours la même panade et la même misère. Et dès que l'on revendique un droit, on nous considère comme des personnes impatientes et violentes qui ne sont pas faites pour la négociation. Nous savons tous que le pays traverse une situation économique difficile et que les défis sont énormes. Nous avons juste essayé de faire entendre notre voix pour la faire remonter par la suite aux responsables japonais, puisque nos compatriotes (les responsables administratifs) n'ont jamais plaidé pour nos droits légitimes. Aujourd'hui, que l'on nous taxe de paresse, de précipitation et d'irresponsabilité, je tiens cependant à préciser que nous sommes tous conscients de la nécessité de préserver ce gagne-pain dont dépendent étroitement notre avenir et l'essor de notre région. D'ailleurs, tous les jeunes qui sont ici sont là pour garder l'usine et ses équipements, et la tente que vous voyez là nous sert de logement. A préciser, au demeurant, que malgré la précarité dans laquelle nous nous trouvons désormais, nous sommes tous prêts à reprendre le travail avec le même labeur et la même détermination, en attendant que les hauts responsables japonais de cette compagnie de renommée internationale comprennent notre cause, pour que justice soit faite».
Pour ce qui est du dédommagement payé au client pour la non-réponse à temps à ses commandes, comme invoqué par la société, Lazhar Barhoumi, chargé du service logistique et export, note que le client en question devait recevoir sa commande le 2 février et que le risque de retard annoncé «n'était qu'une pure invention par les responsables afin de se défendre».
Une précarité qui dure
Tous les témoins rencontrés dans la cour de l'usine pensent que leur cas est comparable à «celui de ceux qui traient les vaches et ne boivent pas de lait». « Tout comme celui qui porte la gargoulette pleine d'eau sur le dos en ayant la gorge sèche, nous faisons gagner à cette société des fortunes, alors qu'elle se contente de nous jeter quelques miettes. C'est le minimum de droits que nous revendiquons. Juste un salaire digne et une couverture sociale. Certains d'entre nous ne sont toujours pas assurés et la majorité a un contrat d'un mois. N'est-ce pas une mascarade en cette période d'après-révolution ? Plus : cela fait des années que les heures supplémentaires et les dimanches ne sont pas payés. Pourtant, nous avons constamment travaillé avec la même détermination et notre persévérance n'a jamais baissé. A vous de considérer ce détail signifiant : un mois après la révolution, suite aux revendications formulées concernant les heures supplémentaires, M. Imed Yahiaoui, le directeur général de la société Yazaki, nous a rendu visite pour nous annoncer qu'il a versé 120 mille dinars sur le compte de l'unité d'Om Laârayes, au titre de nos dus. Or personne d'entre nous n'en a bénéficié. Allez voir qui en a profité ! Tout cela pour vous dire qu'à l'origine de cette crise, il y a des individus dépourvus d'honnêteté et de transparence. A ce propos, il faut reconnaître que nous sommes les victimes d'un bras de fer entre plusieurs clans opérant au niveau du siège à Gafsa et ici, à l'unité de production d'Om Laârayes», fait remarquer Abdelkader, opérateur de câbles, avant de céder la parole à un de ses collègues. Ce dernier observe que l'on vient de découvrir une copie du rapport communiqué à l'ambassade du Japon à Tunis. «Ce rapport contient des informations erronées et une version détournée des faits. D'où l'amplification des choses et la provocation de la crise».
Contacté à ce sujet, M.Montassar Othmani, responsable du contrôle et suivi de l'unité de construction civile du groupe Yazaki à Gafsa, nous confirme les points soulevés par les employés-témoins, soulignant que des pourparlers diplomatiques tuniso-japonais sont toujours en cours afin de convaincre l'investisseur japonais de poursuivre ses activités à Gafsa. De ce fait, un représentant du groupe Yazaki rencontrera, a-t-il fait savoir, des représentants du gouvernement le 4 janvier prochain, puis se rendra éventuellement à Gafsa.
Force est de constater, au demeurant, que les employés de l'unité de production des câbles de voiture d'Om Laârayes ont la ferme conviction que ce projet est un acquis à conserver pour toute la région et sont déterminés à reprendre le travail avec le même esprit de labeur, bien que les conditions soient précaires. Un message révélateur !


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