Malgré la morosité économique, les Tunisiens ne semblent pas près d'abandonner leurs vieilles habitudes en cette période de fin d'année. On les verra dans quelques jours avec, dans les bras, divers achats et cadeaux pour faire plaisir aux amis, aux parents et aux proches. Dans les trains, métros, taxis ou bus on les croisera chargés de ces paquets de gâteaux ou autres friandises. Le poulet, non plus, ne sera pas absent même si l'on craint une spéculation sur les prix, justement, à cette occasion. Ils tiennent, tous, à être au rendez-vous et à honorer ces dates qui marquent des points de repère et des jalons sur le parcours ininterrompu de leur vie. Cela est d'autant plus vrai que c'est la première année que l'on festoie sous un air de liberté plus ou moins totale. Embarras du choix Les idées de cadeaux se bousculent dans leurs têtes et l'embarras est manifeste. Ils sont prêts aux petits sacrifices quitte à dépenser leurs économies. La liste des cadeaux est illimitée. Chacun y va avec sa proposition. Le secret est de rigueur. L'heureux élu ne doit pas être mis au parfum car la surprise doit être totale. La recherche est, parfois, longue. Les magasins spécialisés ne sont pas très nombreux et ceux qui existent n'offrent pas un grand choix. La marge de manœuvre est trop petite. Et c'est à qui s'en sortira avec le cadeau le plus original et le plus satisfaisant. Actuellement, on se tourne beaucoup plus vers le numérique. Les offres alléchantes, quoique peu claires, faites par les différents opérateurs de téléphonie mobile tentent plus d'un. Certains se tournent vers des abonnements sur Internet pour leurs parents ou enfants. D'autres se rabattent sur des téléphones portables à des prix plus ou moins modestes. Les jeunes font eux-mêmes leurs commandes à leurs parents : c'est des consoles de jeux ou des ordinateurs (surtout portables). La diversification des gammes et des prix les y encourage beaucoup. Pour les tout petits, les jouets sont innombrables. La qualité et les prix sont des sujets de controverses. Car il y a jouet et jouet. Dans les circuits commerciaux officiels, les prix sont quelquefois rebutants. Mais les vendeurs les justifient par la qualité. Dans les circuits parallèles tous les prix sont possibles. Rien n'est garanti. Dès l'achat, on peut avoir un avant-goût de ce que sera la marchandise. Les boniments du commerçant montrent qu'il n'y a pas grand-chose à attendre du produit qu'on va acquérir. Aussi vaut-il mieux dépenser quelques dinars de plus et s'approvisionner dans le marché officiel que de payer un prix assez bas pour de la camelote. Les plus sages optent pour des excursions et des voyages. Le Sud est très sollicité avec les festivals du Sahara et des oasis à Douz et à Tozeur. L'hébergement était le problème le plus épineux durant les années précédentes. Les hôtels ne donnaient pas suite aux multiples demandes de réservation formulées par les Tunisiens en raison du surbooking. Et même, aujourd'hui, on n'est pas sûr d'obtenir des places dans un hôtel dans ces zones. Ceci n'empêche pas quelques- uns de tenter l'aventure en comptant sur leurs propres moyens. En effet, une randonnée dans le Sud vaut bien le détour. En attendant que les hôteliers de ces régions soient plus sages et respectent davantage les clients tunisiens. Qui, faut-il le rappeler, ne viennent pas quémander une faveur, mais un service qu'ils sont prêts à payer. Extravagances Avec la prolifération des spéculateurs de tout acabit à l'occasion des dérives en toutes sortes, il ne serait pas étonnant de les voir s'inviter à la fête et inventer des plans qui leur feront gagner des fortunes. Aux citoyens de ne pas leur laisser le champ libre et de ne pas se laisser plumer. Ces trouble-fêtes ne doivent pas avoir les mains libres. Dans les pâtisseries et chez les traiteurs, la vigilance sera de rigueur. Chacun de nous sera exigeant au niveau de l'hygiène et des prix. S'il faut se débrouiller tout seul pour faire son gâteau qu'à cela ne tienne. Les soirées dans les hôtels seront plus raisonnables et les fêtards doivent avoir, toujours, à leur côté une personne sage. La fête doit se faire et se terminer dans la joie. Les cadeaux de grande valeur sont, malheureusement, à l'origine de drames attristants. Les bénéficiaires s'adonnent à cœur joie aux objets qu'on leur a offerts et finissent, parfois, par payer le prix cher. C'est le cas des motos ou des voitures que des parents aisés préfèrent présenter à leurs enfants. N'exagérons rien ! Soyons réalistes et prudents en faisant plaisir par de petits gestes très significatifs et par des actes vraiment sympathiques. Ce ne sont pas les extravagances qui seront le témoignage de notre amour ou de notre amitié. Ces sentiments, on peut les exprimer par des pratiques anciennes et très classiques. Les messages et les cartes de vœux, en effet, n'ont pas perdu de leur valeur. Les Tunisiens continuent encore à se congratuler en s'envoyant de jolies cartes postales ou de vœux. Le geste est, certes, très symbolique. Il n'en montre pas moins un certain attachement et une grande sincérité. Et, il est toujours apprécié. La poste est témoin de ce phénomène. Des centaines de milliers d'envois sont effectués chaque année et, en particulier, durant cette période de fin d'année. Des statistiques précises dans ce sens sont indisponibles. On sait, toutefois, que près de 136 millions d'envois sont réalisés annuellement. Une bonne partie de ces envois comprend les cartes et les cadeaux envoyés en diverses occasions. Environ 200.000 colis sont acheminés vers leurs destinataires parmi lesquels on devrait compter les cadeaux. Le service Fleurs de la poste, lui aussi, permet aux utilisateurs d'envoyer des bouquets mais, également, des produits d'artisanat (cadres, tableaux, coffrets...). A titre d'exemple, on peut choisir un bouquet composé de 13 roses rouges avec garniture à 20 dinars. Un autre de 35 roses claires et 7 roses blanches avec garnitures et emballage à 45 dinars. Les SMS, eux aussi, explosent à la même saison dopés par des soi-disant promotions et offres avantageuses. Les trois opérateurs se partagent une masse énorme de messages et d'appels téléphoniques qui se comptent en centaines de milliers également. Les échanges d'emails ne sont pas en reste même s'ils sont en perte de vitesse au profit d'autres moyens plus performants comme les visionneuses. Mais le meilleur moyen reste et restera, toujours, le contact direct.