Nous le savions, mais en commun accord avec qui de droit… Ils ont bon dos les journalistes en ce moment. Ils ont toujours eu bon dos, d'ailleurs. Par temps de dictature, de liberté retrouvée ou encore de celle… provisoire. Facile de tirer sur le journaliste, gratuit et souvent pas sanctionné et pas sanctionnable. Le 4e pouvoir? Nous essayons, nous faisons de notre mieux, mais nous ne nous faisons pas trop d'illusions. C'est une bataille de tous les jours pour qu'on ne nous rélègue pas à la Ligue 2 des… pouvoirs. Tenez, on nous accuse de tous les maux, de tous les débordements, de toutes les exagérations, de tous les scandales. De nuire au pouvoir en place (tous les pouvoirs) et, en ce qui nous concerne, journalistes sportifs, «d'inventer des histoires» et de jouer aux empêcheurs de tourner en rond. Vous voulez la preuve du contraire? Vous voulez une preuve du contraire? En voilà une. Nous savions que l'Espérance était en contact avec Michel Decastel et qu'il sera le prochain entraîneur au Parc «B». Pourtant, nous avions un peu failli à notre boulot en ne publiant pas le scoop. Mea culpa professionnel. Sur le plan moral, par contre, rien à redire : en diffusant la nouvelle, nous pouvions faire capoter l'affaire car le Suisse était sous contrat avec le WAC et son départ unilatéral aurait pu tourner au vinaigre… financier et même pourrir les relations entre l'Espérance et le WAC. D'où notre attente, d'où notre réserve. D'où nos scrupules… L'accord, enfin, trouvé avec le WAC (sa démission est, en fait, le fruit d'un consensus avec les dirigeants du grand club casablancais, Michel Decastel peut débarquer à l'Espérance. Probablement pour 6 mois. Probablement pour un bail renouvelable. Plus, si affinités… Maintenant, nous n'allons pas nous empêcher de faire notre boulot et de commenter ce choix. Le pour et le contre L'argument de la défense (soit l'EST) est simple : le Suisse connaît l'ambiance (il a entraîné l'EST, le CSS et l'Etoile) et surtout son ex-nouvelle équipe pour l'avoir rencontrée à quatre reprises en Ligue des champions cette saison. Puis l'Espérance ne peut pas attendre : championnat de Tunisie, re-Ligue des champions. Il vaut mieux quelqu'un en terre connue, familier. Et pourquoi pas Lemerre qui a entraîné il y a… 20 ans à l'EST?! La parole à l'accusation (rassurez-vous, ce n'est qu'un simple exercice de style). Quatre ans qu'il a quitté la Tunisie, neuf l'Espérance. L'argument «terre connue» tombe de ce fait, d'autant que l'Espérance de Hamdi Meddeb n'est pas l'Espérance de… Slim Chiboub ; les joueurs et l'ambiance, non plus. Mais ce qui nous étonne le plus, ce n'est pas tout cela, mais cette absence totale d'imagination, ce conservatisme, et ce manque de «connaissances sportives» de nos dirigeants. Et pas uniquement ceux de l'Espérance. Quatre ou cinq noms qui circulent et qui reviennent tout le temps comme si le monde du football était en panne d'entraîneurs. Alors qu'en vérité, ce sont nos dirigeants qui sont en panne d'idées. Car, pour un entraîneur qui travaille, il y en a neuf qui sont au chômage ou dans l'attente d'une offre d'emploi. Et cela ne veut aucunement dire que celui qui travaille est meilleur que les neuf autres. C'est juste la loi du marché qui ne peut les absorber tous. Un club qui se respecte, c'est un club qui prospecte, qui dresse des listes, qui prévoit. Quand bien même il dispose du meilleur entraîneur ou des meilleurs joueurs du monde. Il n'y a qu'à voir la tendance actuelle avec de grands clubs (Barcelone en est l'exemple éclatant) qui font confiance aux jeunes qui ont de l'énergie, de l'enthousiasme, de l'ambition et surtout des idées. De nouvelles idées. Le foot a tellement changé… Nous n'avons rien contre les «vieux» entraîneurs ou ceux confirmés, comme on les appelle, mais il ne faut pas non plus être conservateurs, passéistes et à court d'idées et d'imagination. Messieurs, la séance est levée!