Bangkok (AP)- Les manifestants de l'opposition ont investi hier une station du métro aérien, perturbant pendant plusieurs heures la circulation des trains à Bangkok, une nouvelle action pour contraindre le gouvernement à organiser des élections. Ils ont, par ailleurs, annoncé leur intention d'étendre leur mouvement, en envoyant aujourd'hui des groupes de manifestants à travers la ville. L'interruption du trafic du Skytrain pendant près de quatre heures a provoqué le chaos à l'heure de pointe dans la capitale thaïlandaise et la tension s'est accentuée avec le déploiement de l'armée dans les stations et les principales artères de la ville. Le Premier ministre, qui a rejeté le dernier ultimatum des manifestants de l'opposition, s'est dit décidé à résoudre rapidement la crise sans avoir recours à la force, appelant à faire preuve de patience. "Nous reconnaissons qu'à chaque jour qui passe, le peuple de Thaïlande souffre, le pays souffre, mais nous voulons garantir l'Etat de droit", a déclaré le Premier ministre Abhisit Vejjajiva, dans une interview à CNN. "Nous allons essayer de faire respecter la loi avec le moins de pertes possibles et nous allons essayer de parvenir à une résolution politique, mais cela requiert du temps, de la patience et de la coopération". Le gouvernement n'a pas expliqué comment il compte sortir de l'impasse, après avoir rejeté l'ultimatum des "Chemises rouges" l'exhortant à dissoudre le Parlement dans les 30 jours. Dans son interview avec CNN, enregistrée, M. Abhisit a déclaré qu'il ne pouvait pas dissoudre le Parlement sans consulter les autres partis politiques et que toute négociation politique "doit être conduite dans des conditions de paix, dans lesquelles les gens peuvent exprimer leurs opinions et non sous la contrainte ou l'intimidation d'un petit groupe de gens". Afin de mettre la pression sur le gouvernement, les responsables des "Chemises rouges" ont déclaré qu'ils enverraient des équipes mobiles depuis leur campement et vers différentes parties de la capitale aujhourd'hui dans des camions équipés de haut-parleurs, afin de distribuer des tracts et des CD expliquant leur version des faits. Ces nouvelles manifestations pourraient donner lieu à des frictions avec les manifestants progouvernementaux, les "Chemises jaunes". Le Premier ministre thaïlandais a appelé ces derniers à la retenue. "Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'aucun affrontement n'ait lieu entre les deux groupes", a-t-il annoncé. Le vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban a prévenu que les forces de sécurité allaient "intensifier leurs opérations", sans en préciser la nature. "Nous avons été patients ces deux derniers mois. S'il y a un moyen de les raisonner, nous l'essaierons. Cependant nous avons vu que nous ne pouvons pas dialoguer avec eux", a-t-il déploré. Un des leaders des "Chemises rouges", Nattawut Saikua a expliqué avoir entendu que l'armée utiliserait le métro pour envoyer des renforts sur le principal site de manifestation. "Peuple de Bangkok, comprends que nous ne voulions pas te toucher mais nous voulons la sécurité", s'est-il justifié. "Les pneus ont été retirés dès que cela a été demandé". Le porte-parole du gouvernement, Panitan Watanayagorn, a précisé que les forces armées ont été déployées pour "assurer la sécurité du public" dans les stations du Skytrain et sur les autoroutes menant à Bangkok, après que les "Chemises rouges" eurent tenté de bloquer l'arrivée des renforts de police et de l'armée. En milieu de matinée, le métro aérien circulait à nouveau mais la crainte de nouvelles violences dominait. Au cours de la nuit, des centaines de manifestants ont essayé d'empêcher les forces de sécurité venues renforcer la présence dans la capitale. Alors qu'ils entament leur septième semaine de blocage de la capitale pour réclamer de nouvelles élections, un groupe d'opposants a réussi hier matin à pénétrer dans la station Chidlom, située près du principal lieu de manifestation, et a placé une trentaine de pneus sur le quai, a rapporté le Bangkok Mass Transit System, qui gère le métro.