Le Temps-Agences - Les manifestants thaïlandais, qui se heurtent à l'armée autour de leur camp retranché à Bangkok, ont demandé hier des négociations sous l'égide de l'ONU après trois jours d'affrontements qui ont fait 29 morts. "Nous demandons des discussions avec les Nations unies comme médiateur", a indiqué Kokaew Pikulthong, un des leaders des manifestants. "Nous demandons que le gouvernement arrête de tirer et retire ses soldats" qui bloquent le quartier occupé par les "rouges" depuis début avril, a déclaré Kokaew Pikulthong. Le pouvoir a immédiatement opposé une fin de non recevoir à l'idée d'une médiation des Nations unies. "Aucun gouvernement n'autorise une organisation à intervenir dans ses affaires intérieures", a rétorqué Panitan Wattanayagorn, son porte-parole. Après l'échec de dix jours de négociations, les deux camps se sont nettement radicalisés depuis le lancement jeudi de l'opération militaire pour asphyxier "la zone rouge", en plein coeur de la capitale. Les soldats font désormais feu à tir tendu autour de ce quartier habituellement très fréquenté par les touristes. Les "rouges" ont de leur côté renforcé la défense de leur "camp retranché", pendant que certains d'entre eux menaient des opérations de guérilla urbaine avec cocktails Molotov, pierres, engins incendiaires et parfois armes à feu.Ces violences ont coûté la vie à 29 personnes, toutes des civils, depuis vendredi, portant le bilan humain à 59 morts et environ 1.700 blessés depuis le début de la crise mi-mars. Dans ce contexte, la semaine qui débute aujourd'hui s'annonce très perturbée dans la capitale aux 12 millions d'habitants. Les transports publics, notamment le métro, ne fonctionneront pas normalement. Et la rentrée scolaire a été reportée d'une semaine pour préserver la sécurité des élèves. L'état d'urgence a été décrété hier dans cinq provinces supplémentaires. Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva, qui avait proposé en vain une solution politique il y a deux semaines, adopte désormais un discours de fermeté, appelant de nouveau hier les manifestants à lever le camp en les avertissant que les opérations militaires allaient se durcir. L'un des principaux chefs des "chemises rouges" a lancé un appel solennel au roi Bhumibol Adulyadej, qu'il a présenté comme le "seul espoir" pour régler une crise qui s'éternise. Les Etats-Unis ont été le premier pays à ordonner samedi l'évacuation du personnel non essentiel de leur ambassade, et à déconseiller aux Américains de se rendre dans le royaume.