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Le libre partage sur Internet menacé
Cyber-censure — Affaire Megaupload
Publié dans La Presse de Tunisie le 22 - 01 - 2012

Décidément, après une année 2011 riche en événements (Printemps arabe, crise de l'euro sur le Vieux continent, séisme et tsunami au Japon déclenchant la crise de la centrale nucléaire de Fukushima, etc.), selon plusieurs experts et analystes, les 52 semaines de 2012 s'annoncent riches en événements contrairement aux prédictions du calendrier de la civilisation Maya qui prévoit la fin du monde un certain 21 décembre 2012.
En effet, tout laisse croire que l'essentiel des batailles va se dérouler dans le monde du virtuel. Et plus précisément au niveau d'Internet où une guerre acharnée oppose depuis des années les lobbies de l'industrie de la musique et du cinéma aux partisans du libre partage sur la Toile : le «peer-to-peer» (pair-à-pair, souvent abrégé P2P, c'est un modèle de réseau informatique proche du modèle client-serveur mais où chaque client est aussi serveur-Ndlr).
Aux dernières nouvelles, avant-hier, la justice US a ordonné la fermeture du site «Megaupload», la plus célèbre plateforme du téléchargement sur le Net. Une décision qui renvoie les nostalgiques du web, en juillet 2001, quand l'ancêtre du P2P, «Napster» (un programme créé, en juin 1999, par deux étudiants américains, Shawn Fanning et Sean Parker, et qui a permis aux gens d'échanger facilement des chansons au format MP3-Ndlr) a été fermé par décision judiciaire suite aux accusations de l'industrie musicale pour violation massive des droits d'auteur.
Ainsi, quatre responsables du site basé à Hong Kong, Kim Dotcom, alias Kim Schmitz ou Kim Tim Jim Vestor, 37 ans, ont été interpellés à Auckland en Nouvelle-Zélande sur la base de mandats d'arrêt délivrés par les Etats-Unis. Selon un communiqué commun de la police fédérale américaine (FBI) et le ministère de la Justice américain, il s'agit de l'une des plus «grandes affaires de violation de droits d'auteur jamais traitées aux Etats-Unis».
Les 7 magnifiques, les 7 mercenaires...
Mais qui dit «Megaupload» dit un système composé de 7 personnes : Finn Batato (38 ans, citoyen et résident allemand, chef du marketing, arrêté à Auckland), Julius Bencko (35 ans, citoyen et résident slovaque, graphiste.), Sven Echternach (39 ans, citoyen et résident allemand, chef du développement économique), Mathias Ortmann (40 ans, citoyen allemand et résident en Allemagne et à Hong Kong, chef de l'équipe technique, arrêté à Auckland), Andrus Nomm (32 ans, citoyen estonien, résident en Turquie et en Estonie, programmeur et développeur) et Bram van der Kolk, alias Bramos, 29 ans, un résident hollandais et résident aux Pays-Bas et en Nouvelle-Zélande, qui gère le réseau des sites «Mega», arrêté à Auckland) et Kim Dotcom, fondateur de « Megaupload Limited » et qui serait le directeur et l'actionnaire unique de Vestor Limited.
Ces 7 hommes que les utilisateurs d'Internet qualifient comme étant les 7 magnifiques tandis que le FBI et l'industrie du cinéma les voient dans la peau des 7 mercenaires (un clin d'œil au western de John Sturges, 1960 avec Yul Brynner, Steve McQueen, Eli Wallach et Charles Bronson) ont été mis en examen par la police fédérale américaine. Selon les documents officiels du FBI, ces 7 fonctionnaires du système Megaupload sont poursuivis, soupçonnés de faire partie d'une «organisation criminelle, de non-respect des droits d'auteur, de tentative de racket et de blanchiment d'argent».
Tout le monde en parle
Mais la fermeture de l'emblématique et controversée plateforme du téléchargement a suscité plusieurs réactions aux quatre coins du monde. Après 45 minutes de l'annonce de la nouvelle par les autorités américaines, le collectif de pirates « Anonymous » a revendiqué sur le site de micro-blogage «Twitter» la mise en service de plusieurs sites: aux Etats-Unis, le site du ministère américain de la Justice, la branche américaine d'«Universal Music», le site de l'industrie musicale américaine (Riaa) et en France, le site de la Hadopi et celui d' «Universal Music».
De son côté, le président français, Nicolas Sarkozy, dans un communiqué émis dans la nuit de jeudi à vendredi, s'est félicité de cette décision de la justice américaine en déclarant que : «La lutte contre les sites de téléchargement direct ou de streaming illégaux, qui fondent leur modèle commercial sur le piratage des œuvres, constitue une impérieuse nécessité pour la préservation de la diversité culturelle et le renouvellement de la création».
Ce qui n'est pas de l'avis de Jacques Attali, qui a qualifié la fermeture du site de téléchargement «Megaupload» par les autorités américaines d'absurde. «Cette fermeture est une absurdité parce qu'elle va être relancée par d'autres qui vont remplacer», ajoute l'ancien conseiller de François Mitterrand. Quant à Nicolas Dupont-Aignan, homme politique français et candidat aux présidentielles à l'Hexagone, il voit les choses autrement : «Derrière les conditions et les circonstances de la fermeture du site américain «Megaupload» se joue en réalité le futur de la liberté d'expression sur Internet. Ce soir, ce sont des milliers de contenus privés et personnels hébergés sur le site «Megaupload» qui ont été arbitrairement rendus inaccessibles».
Chez nous en Tunisie, au niveau de la sphère politique à part le «Parti pirate tunisien» (un parti non autorisé) qui a rejoint ses frères d'armes en France, en Suède et en Allemagne dont l'idéologie dénonce cette forme de censure de l'information et surtout «la surenchère répressive autour du partage et de la diffusion de la culture». Par contre Maxime Rouquet, cofondateur du Parti Pirate français voit qu' «il faudrait mettre en place un mécanisme simple et équitable pour que les auteurs et les artistes tirent profit de la diffusion commerciale de leurs œuvres». Un avis partagé par M. Dupont-Aignan qui a déclaré : «Le chef de l'Etat (Nicolas Sarkozy) tombe en réalité le masque des intérêts qu'il défend, ceux des majors, et semble oublier la solution de la licence globale qui permettrait la légalisation du téléchargement tout en protégeant les auteurs. Il n'y a en effet pas de raison que cela soit toujours les citoyens qui payent pour accéder à la culture alors que les intermédiaires commerciaux s'enrichissent».
De «Ammar 404» à «Hammar Hummer»
Par contre, du côté, de la blogosphère tunisienne, interrogé par La Presse sur ce sujet, le blogueur Azyz Amami nous a fait la déclaration suivante : «Si en Tunisie on a combattu cœur et âme «Ammar 404 », l'homme qui censurait les idées, les enfants de l'oncle Sam et plus précisément le lobby de l'industrie du cinéma et de la musique, ont créé «Hammar Hummer» pour censurer l'information. Et il n'y a pas pire que d'empêcher l'accès à l'information à un être humain. Pour moi, c'est un crime contre l'humanité. Que peut faire «Ezzawali» (le citoyen à faible revenu) pour accéder à l'information ? Cette décision est une atteinte aux droits de l'Homme et elle nous dévoile le vrai visage, moche et cruel, du système capitaliste qui ne cherche que le profit».
Par contre, Karim Mosrati, un jeune ingénieur développeur tunisien, analyse la situation autrement : «L'année 2012 sera décisive pour les internautes de la planète bleue. En effet les Américains sont en train de s'activer pour adopter deux lois (la Sopa et la Pipa) pour mettre fin au libre partage sur la Toile. La Sopa (Stop Online Piracy Act) est une proposition de loi proposée à la Chambre des représentants des Etats-Unis le 26 octobre 2011 (par le représentant républicain Lamar Smith-Ndlr). Ce projet de loi vise à élargir les capacités d'application du droit d'auteur et des ayants droit pour lutter contre sa violation en ligne et les contrefaçons. Examiné par la commission des affaires juridiques de la Chambre des représentants le 17 janvier 2012, il s'inscrit dans la lignée d'une disposition antérieure, le PRO-IP Act de 2008). Quant au Pipa (Protect Intellectual Property Act), un autre projet de loi pour la protection de la propriété intellectuelle) il a été déposé devant le Sénat dont un vote de procédure pour lancer le débat est prévu pour le 24 janvier 2012». Il ajoute: «Mercredi dernier, le 18 janvier 2012, une cyber-action sous forme de grève numérique (opération Black-out) a été initié par le site Wikipedia qui avait fermé son site anglais pour la journée, remplaçant la page d'accueil par un message, sur fond gris et noir (signe de deuil) appelant à l'abandon des deux textes. De son côté, Google a mis en place une page spécifique pour expliquer son opposition à la loi et Facebook, exhorté ses utilisateurs à appeler leurs élus pour leur demander de s'opposer à des lois “contraires à l'intérêt de l'Internet. Et les résultats ne se sont pas fait attendre où une vingtaine de parlementaires américains ont décidé de retirer leur soutien au couple Sopa & Pipa».
Finalement, selon plusieurs experts, si ces deux projets de loi sont adoptés, des sites comme Wikipedia et Facebook pourrait un jour connaître le même sort que Megaupload. Assurément la guerre contre la censure pour un accès libre à l'information n'a pas encore dit son dernier mot. Comme quoi notre «Ammar» national avec sa 404 bâchée a fait des émules du côté du pays de l'Oncle Sam.


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