BAGDAD (AP) — L'ancien Premier ministre irakien Iyad Allaoui, candidat aux législatives en mars, a appelé hier à la formation d'un gouvernement intérimaire impartial afin d'empêcher le pays de basculer dans la violence. Allaoui, chiite laïc chef du Bloc irakien (Iraqiya), qui aurait remporté les législatives du 7 mars dernier, a expliqué dans une interview à une chaîne satellitaire irakienne, que l'annulation de l'élection de certains candidats et le décompte des voix toujours gardé secret constituaient une tentative de "voler la volonté du peuple irakien". Cet appel intervient alors qu'un tribunal irakien, chargé d'étudier les plaintes électorales sur recommandation d'une commission, a écarté un des candidats de son parti pour des liens supposés avec le régime de Saddam Hussein. Le tribunal doit se prononcer sur l'annulation de l'élection d'autres candidats dans les prochains jours. La destitution de candidats du Bloc irakien favoriserait la Coalition pour un Etat de droit du Premier ministre sortant Nouri Al-Maliki, arrivée en deuxième place au scrutin du 7 mars. "Ce qui est en train de se passer est un vol de la volonté irakienne et de la démocratie, mettant en danger la sécurité du pays", a déploré Iyad Allaoui sur Al-Charqiya. "Nous appellerons à former un nouveau gouvernement intérimaire. Malheureusement, la question a atteint un tel niveau que nous ne pouvons pas rester silencieux", a-t-il ajouté. La courte victoire de la coalition du Bloc irakien, largement soutenue par la minorité sunnite, a immédiatement été contestée par Nouri Al-Maliki, qui a obtenu seulement deux sièges de moins. Avant le scrutin, la commission dite de Responsabilité et justice avait interdit à plusieurs centaines de candidats de se présenter, en raison de liens présumés avec l'ancien parti Baath de Saddam Hussein. Aujourd'hui, elle a lancé des procédures sur plusieurs dizaines de candidats qui ont pu se présenter. Iyad Allaoui a également accusé hier cette commission de favoriser la coalition de Nouri Al-Maliki. "La commission Responsabilité et justice est illégale et agit au hasard, sans aucune justification pour ses accusations", a-t-il affirmé. "Elle n'a aucune justification constitutionnelle", a-t-il ajouté, estimant que les retards dans la formation d'un nouveau gouvernement permettraient aux "terroristes" de faire basculer le pays dans la violence.