Par Mehrez BENSAID Depuis des années, en tant que professeur de français, je ne cesse de dire et redire à mes élèves des collèges, des lycées que la lecture nous permet de nous divertir, nous instruire et nous épanouir. En effet, dès l'enfance, il faut qu'on y pense et fonce. D'ailleurs, les premiers concernés sont les parents. Mères et pères sont appelés à s'occuper davantage de leurs enfants dès les premières années. Oui, dès la maternelle, ils pourraient leur lire de belles histoires, les leur raconter pendant les veillées, sûrement, cela leur plaît et leur permet d'accéder à ce monde parfait, ce monde de fées merveilleusement bâti grâce au rêve et à la magie. Qui ne voudrait accompagner Robinson Crusoë ou Aladin. Tous les enfants le souhaiteraient sûr et certain. En effet, Honoré de Balzac n'a-t-il pas dit : «Souvent, j'ai accompli de délicieux voyages, embarqué sur un mot dans les abîmes du passé, comme l'insecte qui flotte au gré d'un fleuve sur quelque brin d'herbe». Dommage que de nos jours, la lecture qui est une activité des plus belles, de nombreux élèves lui soient toujours rebelles. C'est vrai, la télé, les jeux électroniques implantés dans nos quartiers sont plus attrayants, plus magnifiques; cependant, les parents, les enseignants peuvent aider les élèves à concilier les livres et les moyens audiovisuels. Bien sûr, en classe, certaines matières ne permettent pas qu'on le fasse. Mais la création de clubs pourrait faciliter cette tâche; toutefois, pour y parvenir, le ministère de l'Education n'a qu'à organiser des séminaires de formation d'animateurs tant au primaire qu'au secondaire. Des élèves de 4e année pourraient en profiter et être un jour à côté de leurs professeurs dans des clubs de littérature, de sciences ou d'écologie. Les bibliothèques des lycées, il faut bien s'en occuper, elles manquent surtout de personnel spécialisé qualifié. Eh oui, puisque la plupart de leurs «conservateurs» sont soit des surveillants ou des enseignants chargés d'une tâche administrative pour des raisons de santé, ils essaient tant bien que mal d'accomplir leur rôle si délicat, surtout depuis l'équipement de certaines bibliothèques de matériel informatique et audiovisuel : appareil de projection, caméscope, vidéo… Et le plus important pour nos jeunes, c'est le climat de confiance qui doit régner entre eux et les adultes. Oui, fini le temps de leur imposer quoi que ce soit, surtout depuis la chute et la fuite de l'ex-président. Désormais, la liberté arrachée grâce à cette révolution devient sacrée et personne ne peut s'en passer ou nous en priver. Bien sûr, pour être motivé, il faut donc se sentir en liberté et en sécurité et pour écrire et produire en toute quiétude. Et la lecture ainsi conçue fera partie de notre culture quotidienne dont on doit être vraiment avide. Oui, notre livre saint, le Coran, n'incite-t-il pas à la lecture ? Et comment ! L'archange Gabriel n'a-t-il pas ordonné à notre Prophète Mohamed, si étonné : «Lis !» dès le premier contact. Evidemment, des efforts doivent être faits à tous les niveaux pour que nos élèves puissent cultiver leur jardin aujourd'hui et demain. D'ailleurs, certains programmes de nos radios et télés ne cessent de contribuer à la motivation de nos jeunes à la lecture en présentant des émissions, des documentaires, des commentaires sur de nouvelles parutions. Mais malgré l'effort judicieux des médias, la plupart de nos élèves sont toujours las et jamais là ! Indifférence totale et cela fait vraiment mal. Ils ne comprennent pas que la lecture sert d'abord à divertir : «Je n'ai jamais eu de chagrin qu'une heure lecture n'ait dissipé», Montesquieu. Evidemment, la lecture est considérée comme une jouissance, vu que de beaux livres nous ont ensorcelés depuis notre enfance. Même lors de mes voyages en France, j'ai constaté que des passagers, quel que soit leur âge, se mettent à lire avec plaisir, ils dévorent même des journaux, des magazines, des romans, n'importe pourvu qu'ils lisent. En toute franchise, le silence qui règne dans l'avion ou le TGV encourage bien cette activité alors que chez nous, malheureusement, le nombre de lecteurs est très limité et on ne peut que le regretter, surtout lorsque nos belles bibliothèques, si bien équipées, restent la plupart du temps désertées pendant que nos cafés sont de plus en plus convoités et saturés. Voilà pourquoi il faut organiser une campagne de sensibilisation à tous les niveaux parce que la culture est à la fois notre mémoire et notre miroir. Toutefois, gardons espoir, agissons chacun de son côté, parents, animateurs, enseignants, nous ferons des progrès et cette rude bataille contre la paresse intellectuelle, nous finirons par la gagner grâce à notre volonté d'exceller.