Réalités, contingences, oppositions et intérêts : l'Etoile a du mal à trouver la paix Depuis le 21 août dernier, date de l'assemblée générale du club, on n'entend parler que de brouilles à l'ESS. Depuis cinq mois, l'impressionnante cascade des décisions, et contre-décisions, ainsi que les départs de plusieurs dirigeants, montrent bien que la situation ne laisse aucun doute quant à l'instabilité d'un bureau «qui brûle». Susceptibiltés exagérées ou désaccords de fond ? Les deux à la fois. La répartition anachronique des tâches avec la présence d'une nuée de dirigeants tous «chargés du football», qui font pratiquement le même boulot, entraîne forcément des frictions, surtout dans des egos exacerbés. D'autant que les décisions et les contre-décisions sont monnaie courante depuis que l'on a commencé à distribuer les postes, sans tenir compte de la cohérence et de la complémentarité entre les rôles. Exemple : la désignation de Laâmiri au poste de vice-président chargé du football (après une première éclipse) devait forcément réduire le champ d'action de Zoubeïr Baya, principalement dans le secteur des recrutements. Deux autres épisodes révèlent cette précipitation, contraire à la gestion sereine des affaires. Outre la signature de l'attaquant guinéen Barry, sans l'accord du directeur sportif, la résiliation du contrat de Hamza Younès (trois ans) montre une surprenante incohérence. Le président du club a recruté l'avant-centre sfaxien avec l'accord de Baya avant de résilier le contrat de ce joueur sur avis de Laâmiri, mais... sans l'accord du directeur sportif. Autre épisode révélateur de cette marche hâtée: les changements opérés dans le département technique. Le licenciement de Kbaïer a été, selon les dires de Hmaïed, «une décision précipitée». Pour rectifier le tir, il a été maintenu dans le giron du club en tant que directeur technique. Tâtonnements Et ce n'est pas fini, car Hmaïed a récemment accepté de confier l'équipe senior à Bernd Krauss, qui en a fait la demande, alors que l'équipe disputait un tournoi à Dubaï. Le projet n'aboutit pas et Ben Sassi est confirmé dans son poste dès son retour à Sousse, avec cette fois Krauss et Nabil Trabelsi en tant que «collaborateurs». Ce «revirement», qui laisse la porte ouverte à d'autres aléas possibles, a entraîné l'éclipse de Chokri Laâmiri et Foued Kacem qui appelaient eux aussi à désigner le technicien allemand à la tête de l'équipe. La course folle, c'est aussi cette vague de recrutements avec pas moins de douze arrivées à tous les postes ou presque lors du dernier mercato hivernal. La Champion's league africaine peut-elle justifier un mercato aussi spectaculaire? Ces arrivées créent un encombrement monstre et impliquent des frais conséquents, ainsi que des incidences sur la progression des jeunes talents issus de la formation. Le clou s'enfonce beaucoup plus quand on voit arriver Hamed Namouchi et Nabil Taïder parmi cette vague. Namouchi a été victime de deux graves blessures en 2007 (rupture des ligaments croisés) et en 2011 (rupture du ligament croisé antérieur), tandis que Nabil Taïder, laissé libre l'été dernier par Sivasspor, n'a pas été retenu en juillet dernier par Le Havre, club de Ligue 2 française! Libres, ils ont coûté zéro millime en transfert, mais ils rappellent Dos Santos, arrivé la saison dernière en grandes pompes, sans jamais répondre aux attentes des supporters. Asseoir une autorité à tout prix ! Sans doute pressé d'asseoir son autorité à tout prix, même au détriment du dialogue et de l'entente, martelant sa volonté de construire une Etoile «européenne» (sic), alors qu'il voyait, impuissant, partir un à un ses collaborateurs, Hmaïed a du mal à appréhender la réalité du club et ses multiples contingences. Le drame du 18e président de l'ESS est d'hériter un système qui fonctionne depuis un demi-siècle avec le Roi et sa Cour ... L'évolution rapide des événements depuis juin dernier, et le décret-loi obligeant les clubs à élire de nouveaux bureaux exécutifs, ont mené la liste Hmaïed à la victoire, devant la liste Jalel Krifa, «le» candidat de l'Etoile «ancien régime», si l'on peut dire. Mais rompre avec le système ne peut être la tâche d'une seule personne, aussi passionnée soit-elle. Quand des membres de l'équipe dirigeante «évitent» d'appeler le président à plus de sérénité, à corriger sa démarche, on comprend que la situation se soit détériorée à ce point. Peut-être aussi par dépit face à l'absence d'une véritable concertation au sein de la structure ! Ce qui explique en partie les nombreux départs. Si l'aspiration des Etoilés pour le renouveau de leur club et leur intention de donner une chance à des dirigeants qui n'appartiennent pas au «cercle familial» traditionnel l'ont propulsé vers la présidence du club, Hmaïed ne pensait pas un seul instant que ses rapports avec l'entourage du club seraient aussi tendus, malgré sa promesse au départ de «respecter les différentes sensibilités». Il pensait que sa bonne étoile qui le sert dans les affaires (l'homme est très actif, particulièrement dans le secteur boursier) permet de franchir allégrement les étapes. Il croyait pouvoir aller droit au but sans aucun obstacle. Mais dès les premières frictions, il invoqua «l'agenda du complot». L'argument classique en somme!