LONDRES (Reuters) — Les rendements des emprunts d'Etat grecs refluaient hier tandis que l'euro se stabilise au-dessus de son plus bas d'un an et que les marchés boursiers regagnent du terrain, bénéficiant d'un regain d'espoir d'activation prochaine d'un plan massif d'aide à la Grèce. L'inquiétude est toutefois loin d'avoir disparu, d'autant qu'elle touche désormais aussi l'Espagne après la dégradation de la dette souveraine du royaume par Standard & Poor's. L'euro, tombé mercredi au plus bas depuis plus d'un an face au dollar américain à 1,3113 dollar, en réaction à l'abaissement de la note souveraine espagnole par S&P (ramenée à AA), se traitait autour de 1,3240 dollar en fin de matinée. «Le marché considère une aide accrue à la Grèce, étalée sur trois ans, comme un soutien plus solide. Cela contribue à répondre à certaines craintes des investisseurs et cela fournit un certain soutien à l'euro», commente Kenneth Broux, économiste de Lloyds Banking Group. «Mais plus globalement, l'euro reste sous pression et je reste vendeur en cas de rally». La Bourse d'Athènes gagnait plus de 5% et l'indice local des valeurs bancaires affichait un bond de près de 8%. A Madrid, l'indice Ibex 35 regagnait 1,9%, soit plus de la moitié de ses pertes de la veille. «Détermination absolue» Sur les marchés de taux, la prime exigée par les investisseurs pour détenir des emprunts d'Etat grecs à 10 ans plutôt que des titres allemands revenait sous 750 points de base, contre 800 en fin de journée mercredi. Cette prime de risque avait culminé à plus de 1.000 points de base mercredi matin. L'écart de rendement entre emprunts espagnols et allemands avoisinait 115 points, proche de son niveau de mercredi soir. Axel Weber, l'un des membres du conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne, a plaidé hier en faveur d'une approbation rapide du plan élaboré par l'Union européenne et le Fonds monétaire international pour aider la Grèce, afin de prévenir une dégradation de la situation sur les marchés et une contagion à d'autres Etats. De son côté, le ministre français du Budget, François Baroin, a déclaré qu'il n'y avait pas de risque de voir les agences de notation abaisser la note souveraine de la France dans le sillage de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne. Sur RTL, il a également fait état de la «détermination absolue» des instances européennes à assurer la stabilité de la Grèce et réfuté toute idée de rééchelonnement de la dette grecque. La remontée des Bourses européennes après deux séances de baisse marquée est alimentée entre autres par l'engagement renouvelé de la Réserve fédérale des Etats-Unis à maintenir des taux bas pendant une période prolongée, ainsi que par les bons résultats publiés en début de journée par de grands groupes du continent, comme Unilever, Siemens ou ArcelorMittal. L'indice boursier paneuropéen FTSEurofirst 300 gagnait 0,6%, de même que le CAC 40 à Paris. Londres prenait 0,5% et Francfort 0,3%. «La situation budgétaire en Europe fait mal mais la situation économique de fond s'améliore, et si le flux de nouvelles n'est pas complètement négatif il permettra aux investisseurs de se concentrer sur les tendances sous-jacentes», estime Gilles Moëc, économiste senior de Deutsche Bank.