ATHENES (Reuters) — Les marchés financiers ont montré des signes de retour au calme hier après plusieurs séances de tensions liées à la Grèce, grâce notamment aux espoirs de voir l'Union européenne aider Athènes à reconquérir la confiance des investisseurs. A 48 heures d'un conseil européen extraordinaire, plusieurs dirigeants européens ont cependant de nouveau appelé les autorités grecques à résoudre elles-mêmes leurs problèmes. Le gouvernement de Georges Papandréou ne les a pas attendus puisqu'il a dévoilé plusieurs des mesures phares de son plan d'austérité, parmi lesquelles figurent l'élargissement de l'assiette de la tranche supérieure de l'impôt sur le revenu et le non-remplacement de quatre fonctionnaires sur cinq partant en retraite à partir de 2011. La Bourse d'Athènes a fini en hausse de près de 5% et l'indice local des banques affichait en clôture un bond de plus de 8,6%. L'euro, lui, est remonté à près de 1,3775 dollar, soit un gain de plus d'un cent sur la journée. Sur le marché obligataire, l'écart de rendement (spread) entre les emprunts d'Etat grecs à 10 ans et leur équivalent allemand refluait à 322 points de base contre 365 points lundi soir, une détente également sensible sur les emprunts portugais et espagnols. Principale explication de ce début de soulagement timide : l'annonce par des responsables de la banque centrale australienne du départ avancé de Sydney de Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), qui devait initialement rester mardi et mercredi sur le sol australien. Un porte-parole de la BCE a minimisé l'importance de ce changement d'emploi du temps mais la nouvelle a alimenté les spéculations sur la possibilité de voir l'UE voler au secours de la Grèce. "Cela ressemble à une marche lente et ininterrompue dans laquelle (le marché) force les décideurs politiques européens à élaborer un plan de soutien concret. Reste à savoir si cela se produira cette semaine", a commenté Richard McGuire, stratège taux de RBC Capital Markets. "Sauver l'économie" Les tensions au sein de la zone euro ne sont pas inscrites formellement à l'ordre du jour du conseil européen de jeudi mais elles y seront rajoutées et largement débattues, ont dit plusieurs responsables. Un diplomate de l'Union a expliqué que le sommet pourrait se conclure par un communiqué affirmant le soutien de l'UE à la Grèce mais il a précisé que le texte devrait s'abstenir d'évoquer une aide et qu'il devrait s'en tenir aux déclarations antérieures de la Commission et de la BCE. Les quelque 60 économistes interrogés par Reuters estiment à 25% seulement la probabilité de voir la Grèce demander une aide financière d'ici un an. Les mesures détaillées mardi par le gouvernement grec doivent contribuer à ramener d'ici 2012 le déficit budgétaire d'Athènes sous le plafond de 3% du produit intérieur brut (PIB) fixé par l'UE, contre 12,7% l'an dernier. La ministre française de l'Economie Christine Lagarde, qui recevait son homologue suédois, a déclaré que la France et la Suède avaient confiance dans la capacité du gouvernement grec à mettre en oeuvre son programme de stabilité. Elle n'a pas commenté les conjectures sur un plan d'aide que Paris et Berlin prépareraient à l'intention d'Athènes et n'a pas davantage répondu aux questions sur les risques de contagion de la crise à l'Espagne ou au Portugal. "Nous avons toute confiance que la Grèce va fournir l'exécution de ce programme comme elle le doit", a-t-elle dit devant la presse. De son côté, Ewald Nowtotny, l'un des membres du Conseil des gouverneurs de la BCE, a expliqué que le mandat de la BCE l'empêchait d'intervenir pour aider la Grèce ou tout autre Etat membre. "La BCE a un mandat clair (...) Nous avons une clause de non-renflouement claire", a-t-il lors d'un entretien au site FT Alphaville, qui dépend du Financial Times. Le plan d'austérité dévoilé par Athènes, qui vise à ramener le déficit dans les clous et à reconquérir la confiance des investisseurs, inclut aussi une réforme du système des retraites. "Notre premier devoir, dans cette situation, est de sauver l'économie et de réduire la dette tout en recherchant les solutions les plus justes, qui protègent autant que possible les bas revenus et la classe moyenne", a-t-il dit. Sans attendre le détail du plan, les syndicats grecs ont annoncé leur intention d'intensifier les mouvements de grève si le gouvernement socialiste persiste à vouloir geler les traitements des fonctionnaires et augmenter les impôts. La réforme fiscale devrait être soumise au parlement dès la semaine prochaine.