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Une nouvelle spécialité universitaire en France : on ne parle plus de la Palestine
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 14 - 03 - 2012


Par Mohamed Larbi BOUGUERRA
Mardi 06 mars 2012, dans sa longue intervention électorale télévisée, M. Nicolas Sarkozy a affirmé, la main sur le cœur que, s'il était réélu, il visiterait très vite Israël et la Palestine pour œuvrer pour la paix. En réalité, l'équilibre entre Israéliens et Palestiniens n'est jamais respecté en France comme le prouvent à l'envi le traitement réservé au soldat franco-israélien Shalit qui était à bord d'un tank à Gaza et celui dévolu au cas de Salah Hamouri, un franco-palestinien soupçonné de fomenter un attentat contre un rabbin et condamné à sept ans de prison par la « justice » d'Israël, après trois ans de détention provisoire. Si le cas Shalit a mobilisé l'Elysée et même la Ville de Paris, il n'en a pas été de même pour Hamouri. Le traitement prioritaire réservé à tout ce qui touche à l'Etat sioniste en France est aussi flagrant s'agissant des Universités hexagonales.
Haro sur le droit d'expression !
Mme Valérie Pécresse, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique –donc sous l'autorité du Président Sarkozy- a introduit un recours devant le Conseil d'Etat pour interdire une conférence traitant du boycott des produits israéliens prévue par les étudiants de la célèbre Ecole normale supérieure (ENS) de la rue d'Ulm à Paris et qui avait, au départ, obtenu l'accord de la directrice de l'établissement. Le plus prestigieux des anciens élèves de l'ENS, l'ambassadeur Stéphane Hessel, devait notamment y prendre la parole. On notera que cette manifestation n'avait pas été demandée par des Palestiniens pour faire de «la propagande» pour leur cause légitime mais émanait des étudiants français de l'ENS dans le cadre du droit d'expression de tout citoyen. La volte-face de Mme la directrice s'explique par les pressions du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) qui s'en est vanté sans retenue sur son site et qui ont donc été relayées par un ministre du gouvernement français... lequel interdit aux étudiants palestiniens en France (GUPS) de manifester sur la voie publique ! L'affaire de l'ENS n'est pas un cas isolé. Il en a été de même pour l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) et, en février dernier, à l'Université de Paris VIII où devait se tenir un colloque intitulé « Des nouvelles approches sociologiques, historiques et juridiques à l'appel au boycott international : Israël : un Etat d'apartheid ?» Le schéma, dans tous les cas, reste le même : l'administration donne son accord aux étudiants et / ou aux professeurs pour une conférence ou un débat sur la question du BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) par exemple, puis, sous la pression du CRIF ou d'autres organisations sionistes, se rétracte. Pascal Brinczak, le président de Paris VIII poussant le ridicule jusqu'à faire paraître une opinion sur Le Monde pour justifier l'injustifiable. Ce qui lui a valu une «Lettre des 500» signée par le grand linguiste américain Noam Chomsky, Etienne Balibar, Roshdi Rashèd , le physicien Jean-Marc Lévy-Leblond, l'angliciste James Cohen... et d'autres universitaires d'Italie, d'Egypte, du Canada. Les signataires disent notamment : « ...C'est donc bien suite à des pressions, voire des menaces venues de l'extérieur que vous avez décidé de faire machine arrière. Cela nous semble particulièrement préoccupant : l'Université doit-elle se soumettre aux pressions politiques ? ...N'est-ce pas précisément sa fonction que de permettre que les libertés académiques puissent s'exercer dans les meilleures conditions ?..... Que le CRIF ne souhaite pas que certaines positions soient défendues est une chose. Imaginerait-on un colloque sur le Tibet annulé au motif que des représentants officiels ou officieux du gouvernement chinois menaceraient de troubler l'évènement ? »
En France, censure à tour de bras contre la Palestine
Ni au Royaume Uni ni même aux Etats Unis, on n'observe un parti pris pro-israélien aussi forcené qu'en France. Trois présidents d'universités étasuniennes ayant décidé d'inviter l'historien israélien Ilan Pappé ont subi des pressions pour annuler les conférences de ce savant. Ilan Pappé porte en effet un regard critique sur l'histoire de son pays et du sionisme en général. Après avoir eu accès aux archives britanniques et israéliennes, il affirme que David Ben Gourion a planifié, lors de la Nakba, le «nettoyage ethnique» des 750 000 Palestiniens forcés de quitter leur pays natal, terrorisés par les massacres perpétrés par la Hagana de Menahem Begin (chef du Parti Likoud auquel appartient aujourd'hui le Premier ministre Netanyahu). Il s'est maintenant exilé à l'Université d'Exeter en Grande Bretagne et dirige le Centre européen d'études sur la Palestine. Contrairement à ce qui se passe en France, ces Présidents d'Université américains ont résisté et écrit aux journaux pour affirmer le droit à la libre expression et à la formation non partisane de leurs étudiants. Du reste, aujourd'hui, l'ambassadeur du régime de Tel-Aviv à Washington ne peut plus visiter une université étasunienne sans déclencher un fort mouvement de rejet tant de la part des étudiants que de leurs professeurs. La France a interdit, il y a trois semaines, la célébration de la «Semaine du Boycott d'Israël» qui s'est normalement déroulée en Grande Bretagne et ailleurs en Europe. Condamnant cette interdiction voulue par le gouvernement de M. Sarkozy, Omar Barghouti, membre fondateur du mouvement BDS, déclarait à Paris le 29 février dernier : «C'est honteux, draconien et raciste».
En France, affirme Ivar Ekeland, ancien élève de l'ENS, professeur de mathématiques à l'Ecole polytechnique et à l'université Paris Dauphine (dont il a assuré aussi la Présidence), le CRIF et les étudiants sionistes prétendent que ces manifestations en faveur de la Palestine et du BDS les menacent et risquent de «troubler l'ordre public». Il s'agit en fait d'une invitation aux troubles, décrypte notre universitaire lors d'un imposant meeting à la Bourse du Travail à Paris le 29 février dernier en réaction à l'inqualifiable censure du problème palestinien par trois institutions universitaires et notamment celle de Paris VIII.
Ivar Ekeland — qui préside l'Association universitaire pour le respect du droit international en Palestine (AURDIP) — relève que les universités palestiniennes vivent sous une féroce répression. L'occupant israélien s'est emparé en 1985 de l'Université de Bir Zeit et, en 1992, toutes les structures palestiniennes d'enseignement ont été fermées — de la maternelle à l'Université — quatre années d'affilée. Israël n'a non seulement fermé les portes, il l les a soudées ! L'enseignement a alors été dispensé dans les appartements. Aujourd'hui, l'occupant, avec trois soldats, peut gravement perturber la marche de n'importe quelle institution d'enseignement en plantant un check point à son entrée. Voitures, étudiants et corps enseignant se trouvent soumis à un contrôle humiliant et aucun horaire d'enseignement ne peut plus être respecté. «Il n'y a pas de violation du droit international qui dure depuis aussi longtemps», affirme l'ancien Président de l'Université Paris Dauphine.
En un mot comme en cent, l'éducation est devenue elle-même une forme de résistance en Palestine.
L'occupant vise à effacer la mémoire palestinienne, suivant en cela un principe énoncé par Ben Gourion lors de la Nakba : faire en sorte que les vieux ne se souviennent plus et que les jeunes ne l'apprennent jamais. Israël n'a-t-il pas systématiquement brûlé les livres palestiniens lors de la Nakba ?
Le Pr Ekeland exige l'arrêt de la coopération avec les Universités israéliennes. Il note que l'Union Européenne est le deuxième pourvoyeur de fonds de recherche des universités israéliennes après le gouvernement israélien. Or, ces recherches - comme au Technion de Haïfa (Israël Institute of Technology) — sont axées sur les drones (la France vient d'en acheter), les caméras de surveillance (comme sur le Mur de l'Apartheid condamné par le droit international), les fibres optiques, l'espionnage industriel et d'Internet, le matériel des écoutes téléphoniques, les techniques psychologiques pour briser les détenus... Or, cette aide aux Universités de Tel Aviv est théoriquement conditionnée au respect de l'article 2 de la Convention Européenne qui exige le respect des droits de l'Homme. Ce qui n'est évidemment pas le cas, comme la Terre entière le sait et comme le disent les consuls européens postés à Jérusalem eux-mêmes. De plus, l'UE finance la recherche et la fabrication de cosmétiques de la Mer Morte et du désert d'Arava par des firmes israéliennes.
Il y a, de fait, un financement de l'Occupation par l'Union Européenne, conclut cet éminent mathématicien.
Tout autre est la situation des universités palestiniennes soumises à la férule pleine et entière de l'occupant. Les enseignants ne peuvent se déplacer ni assister aux congrès internationaux. Le matériel qu'elles acquièrent paie des impôts alors que les Universités Israéliennes ne sont pas soumises à un tel régime. Discrimination donc à tous les niveaux. «L'égalité ou rien» disait le regretté Edward Saïd. Rappelons enfin que Nelson Mandela a toujours soutenu : «Notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens» et en matière d'apartheid, on ne peut avoir meilleure référence que Madiba comme les Sud-Africains désignent familièrement leur grand leader!
Signalons enfin qu'en France on condamne, à la demande du lobby israélien « les femmes et les hommes qui appellent au boycott des produits israéliens. Mme Alliot-Marie, une intime du clan Ben Ali, comme Mme Aubry ne sont pas gênées, elles, pour appeler au boycott du Mexique, Bernard Henri Lévy à celui de la Chine et...Brigitte Bardot à celui du Canada (pour sauver les bébés phoques) ! Seul le boycott d'Israël constituerait donc une discrimination contre une nation ? ...Le boycott, comme dans le cas de l'Afrique du Sud de l'Apartheid, est le seul moyen non violent à notre disposition pour faire cesser l'occupation, la colonisation et l'apartheid, pratiqués par Israël depuis des décennies en toute impunité»,affirme les auteurs d'un tract de la Campagne Internationale BDS lancé à l'occasion du passage, le 15 mars prochain, devant le tribunal (TGI) de Bobigny de militants pro-palestiniens du mouvement français BDS.
A l'heure où l'on célèbre le cinquantième anniversaire de l'indépendance de l'Algérie après 130 ans de domination, nous vient à l'esprit cette pensée de Thucydide, l'historien de la Grèce antique, qui écrivait, il y a 25 siècles, dans « Histoire de la guerre du Péloponnèse » : « Vous savez aussi bien que nous que dans le monde des hommes, les arguments de droit n'ont de poids que dans la mesure où les adversaires en présence disposent de moyens de contrainte équivalents, et que si tel n'est pas le cas, les plus forts tirent tout le parti possible de leur puissance, tandis que les plus faibles n'ont qu'à s'incliner. »
N'empêche. Le peuple algérien est resté debout face aux partisans de l'Algérie française et à la puissance de feu de l'armée colonialiste. Il dépend de tous les hommes épris de justice dans le monde comme en France de faire en sorte que la loi du plus fort cesse de s'imposer dans ce terrible conflit au cours duquel les F-16 et les drones israéliens attaquent la population, les écoliers et les universités palestiniens....même si le grand écrivain portugais José Saramago, Prix Nobel de littérature 1998, disait parlant des Palestiniens : «Un peuple qui a résisté soixante ans résistera soixante ans de plus » d'autant, ajouterons-nous, que sa cause est juste.


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