Pourquoi la vie est-elle si chère ? Une question qu'on se pose, de façon régulière, sans pour autant recevoir de réponses précises. Certains considèrent que cela est le corollaire d'un contexte économique exceptionnel, alors que d'autres imputent la hausse des prix à des transactions spéculatives. Selon l'Organisation tunisienne pour la citoyenneté (OTC), toutefois, cette cherté est en grande partie justifiée par le phénomène de l'endettement. C'est ce qui a été, d'ailleurs, relevé lors d'une manifestation tenue, récemment, au siège de l'union régionale de l'Ugtt de Ben Arous. Intitulée «Endettement : pourquoi la vie est devenue si chère ?», cette rencontre a voulu faire la lumière sur les raisons d'un tel constat. M. Mohamed Ali Boughdiri, secrétaire général régional de l'Ugtt, souligne que la classe ouvrière est la plus touchée par cette envolée des prix à la consommation. C'est que le consommateur moyen n'arrive pas souvent à joindre les deux bouts. Accablé par les dépenses nécessaires, il se trouve obligé de recourir à l'emprunt, ce qui l'amène ensuite à subir le contrecoup de ses dettes. M. Boughdiri explique aussi cet état des lieux par l'amplification du phénomène de la spéculation et l'émergence d'intermédiaires qui ont joué sur les prix du marché. D'autant plus qu'ils monopolisent les produits de base pour les écouler dans des circuits de distribution détournés, loin de tout pouvoir de contrôle et d'inspection. Ainsi, il n'est pas juste selon lui de faire assumer toute la responsabilité aux producteurs ou aux vendeurs. L'orateur met en cause les opérations commerciales illicites et les circuits de distribution soupçonnés. S'ajoute à cela également l'endettement de l'Etat qui, devant rééquilibrer sa balance déficitaire, a eu recours au réajustement des prix sur certains produits subventionnés. M. Boughdiri ajoute que la préservation du pouvoir d'achat du consommateur est tributaire d'une amélioration des salaires qui devrait tenir compte de l'évolution de l'indice des prix à la consommation familiale. Surtout que l'Ugtt s'apprête à engager, dans les semaines à venir, de nouveaux rounds de négociations avec le gouvernement portant sur la majoration salariale dans les divers secteurs. Et d'enchaîner que le gouvernement devrait, de son côté, prendre le taureau par les cornes, de manière à intensifier le contrôle économique et veiller à ce que les circuits de distribution fonctionnent dans la transparence requise. Quant à M. Fethi Chemkhi, universitaire et porte-parole de l'association «Rassemblement pour une alternative du développement international», il juge contradictoire d'avoir, à la fois, une crise sociale et une augmentation des prix. La crise aurait dû, selon lui, inverser la tendance. Il a proposé au gouvernement d'accélérer les procédures visant à restituer les avoirs spoliés par l'ancien régime, afin de les injecter dans le marché local. Par ailleurs, il estime que l'initiative prise dernièrement par l'Organisation de défense du consommateur appelant au boycott des viandes rouges pendant trois jours n'a pas été une vraie solution. Et que faire après trois jours ? Cela, à ses dires, ne fait qu'altérer les relations entre commerçants et consommateurs. Néanmoins, il juge pratique cette initiative si elle était prise dans un autre contexte économique. Et M. Chemkhi de lancer que l'actuelle situation mérite plus de réflexion et d'engagement.