La FTF a réduit la Ligue à une instance vidée de toute prérogative. Dérives. Comme tous les pays totalitaires, la Tunisie avait souffert plus d'un demi-siècle durant de la confusion des pouvoirs. Entre l'exécutif, le législatif et le judiciaire, c'est un flou très peu artistique qui bénéficiait aux tyrans et aux profiteurs de tous bords. A ces trois pouvoirs est venu s'ajouter le quatrième, les médias, objet de toutes les convoitises et sujet à tous les enjeux. Le paysage politique étant un échantillon grandeur nature d'une société, il est tout à fait normal que ses pratiques s'étendent à tous les autres secteurs de la vie publique. Le sport en général et le football en particulier n'échappent pas à la règle. Non seulement il n'y échappe pas, mais il excelle dans cette confusion politico-économico-médiatique. Il ne s'agit pas de faire le procès de notre football (ce serait impossible) mais de décortiquer son fonctionnement qui privilégie justement cette énorme confusion. Pauvre Ligue ! Expliquons-nous. En France, en Espagne, en Italie, en Angleterre et partout, c'est la Ligue qui gère le championnat : droits de télé, matches, arbitres... Bref, tout ce qui concerne le championnat. La fédération? C'est l'instance qui se charge de concevoir et de planifier le présent et l'avenir du football tunisien, équipes nationales comprises. Or, dans la réalité, cette fédération tire toute la couverture vers elle et ne laisse rien à la Ligue, réduite à une instance de passage avant que recours et décision n'atterrissent inévitablement sur la table de la FTF. Ce pouvoir absolu et usurpé de la FTF fausse totalement les jeux, ouvre les portes à tous les dépassements et surtout à tous les compromis et les compromissions. Quand un club ou un dirigeant veulent obtenir une faveur, c'est aux membres de la fédération qu'ils s'adressent, quand ils veulent atténuer ou effacer une sanction, c'est également à cette instance et à ses membres qu'ils s'adressent. Impuissante, la Ligue en devient une instance fantoche avec des décisions qui n'ont aucun véritable poids. Un énorme retard En parallèle, en voulant tout s'accaparer, la FTF oublie au passage son rôle essentiel qui est de promouvoir le football tunisien. Structures, formation des jeunes et des cadres sont ainsi très en retard dans notre pays quand la succession des bureaux fédéraux ne brise pas la continuité à chaque changement. En même temps, cette confusion est voulue car elle permet à la fédération et aux membres fédéraux de contrôler l'essentiel, soit les clubs qui représentent leur principal fonds de commerce. Cette confusion empêche aussi l'application des lois et des sanctions puisqu'un joueur ou un club savent qu'ils peuvent toujours faire du lobbying et avoir recours à la FTF pour contourner les lois et atténuer les sanctions. Jeu faussé Juge et partie, la FTF en devient une institution presque hors la loi puisqu'au-dessus de tout et de tous. Cela en fait également une instance perméable à toutes les interférences sportives mais aussi politiques, économiques, régionales et autres. Mais il y a aussi l'inévitable effet boomerang. En sollicitant les voix des clubs et en multipliant les promesses, la FTF se rend automatiquement prisonnière de ces clubs qui exigent toujours plus et réclament leurs droits au nom des voix données. Cela ouvre la voie à tous ces scandales qui secouent depuis des années notre football et à la mainmise totale des puissants qui bénéficient de largesses et d'avantages de toutes sortes. Cela lèse également ceux condamnés à rester dans l'ombre et à subir les injustices les plus criardes. La Ligue ne doit plus rester les bras croisés face à la toute-puissance de la FTF afin que soient rétablies la loi et l'équité.