Par Nihel BEN AMAR* Récemment ont eu lieu les élections des membres des jurys des commissions de recrutement des enseignants universitaires et c'est dans ce contexte que je livre ma réflexion sur la représentativité des genres dans ces commissions. La Tunisie d'aujourd'hui vit une période très importante et une période clé de son devenir. La brise des libertés que nous sentons à l'échelle du pays, nous la souhaitons accompagnée des bonnes réformes de l'université et de la prise en compte de la vraie représentativité de la femme dans notre ministère et ses institutions. Nous avons voulu accompagner cette réflexion par des statistiques qui montrent la place qu'occupe actuellement la femme dans notre ministère, par grade, dans les commissions et dans toutes les structures administratives (direction d'instituts, direction de départements, conseils scientifiques et d'université,...). Face à ces données manquantes, nous interpellons notre ministère afin de prévoir ces statistiques dans le futur dans les publications de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique en chiffres réalisées par le Bureau des études, de la planification et de la programmation. Des statistiques riches et régulières permettraient de donner des informations fiables sur le corps des enseignants universitaires (pyramide des âges, les pourcentages dans les grades, la représentativité des genres, les profils des enseignants...) et pourraient être utilisées pour prévoir les tendances futures et les régulations à apporter. Nous passons outre les statistiques récentes de l'Institut national de la statistique qui montrent la mauvaise représentativité de la femme dans la Fonction publique en général et la haute fonction en particulier, pour nous limiter simplement aux résultats vécus des élections universitaires récentes. Nous avons une représentativité de la femme de l'ordre de 9% dans les postes de directeurs des institutions universitaires, 20% dans les membres élus des conseils d'université et 0% dans le conseil des recteurs des universités. Ces chiffres sont dérisoires quand on sait le nombre des enseignantes dans le ministère, mais certes ils découlent de la volonté démocratique des confrères. Si nous ne consultons que les dernières statistiques disponibles du ministère de l'année universitaire 2010-2011, nous y trouvons que sur 16486 enseignants statutaires, 7035 sont des femmes présentes dans tous les grades de l'enseignement supérieur soit un pourcentage de 42,6 %. Nous attendons donc une brise d'équité : la bonne représentativité de la femme dans les élections des membres des commissions de recrutement du ministère de l'Enseignement supérieur. Ces élections récemment organisées (avril 2012) vont permettre, si le quorum est atteint, de faire ressortir les membres élus des commissions. Les autres étant nommés par Monsieur le ministre de l'Enseignement supérieur, nous lui demandons de considérer dans ces nominations le volet de la représentativité de la femme pour équilibrer les genres dans les commissions. Cette demande n'est pas à considérer comme un avantage ou une discrimination positive mais comme un droit et une justice rendue car l'enseignement supérieur regorge d'enseignantes universitaires et l'argument de manque de compétences est caduc. La démarche est à pérenniser dans le temps et à considérer pour toutes les nominations futures.