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Plus d'une langue, plus d'un sens
Conférence : Le Pr Barbara Cassin à la Bibliothèque nationale
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 04 - 2012

«Plus d'une langue» est le thème d'une conférence donnée par le Pr Barbara Cassin, docteur ès lettres en philosophie et directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique à Paris (Cnrs), vendredi dernier à Bibliothèque Nationale, dans le cadre d'un cycle de conférences organisé par la BNT en partenariat avec l'Institut de recherche sur le Maghreb contemporain (Irmc) et l'Institut français de Tunisie. Il s'agit aussi de réfléchir sur la question «avec quels outils penser la société tunisienne aujourd'hui».
Dans cette approche transversale au niveau de la question du rapport aux langues, la conférencière a tenté d'entreprendre un travail de compréhension du passé, mais aussi du présent. Spécialiste de la Grèce antique, elle a fait dialoguer les faits récents avec des faits anciens. Un travail comparatif entre la Grèce ancienne et le monde contemporain en réfléchissant sur un axe central, la justice transitionnelle. Elle propose une vision d'une philosophie en train de se faire et ce à travers Le Dictionnaire des intraduisibles, ouvrage collectif qu'elle a codirigé et qui interroge le sens du passage d'une langue à une autre.
La question des mots dans un réseau sémantique des langues notamment en Europe où la coexistence des langues constitue une richesse, une langue de partage avec l'autre. Mais la langue comme une implication politique qui met en avant le statut de la vérité, non pas en tant que recherche de la vérité absolue, mais en tant que forme de réconciliation. Et c'est toute la question de l'interprétation et du relativisme qu'elle pose avec les transitions politiques et sociales dans les pays où il y a eu révolution à l'instar de l'Afrique du Sud, un pays sur lequel elle a travaillé et où la réconciliation s'est faite de manière assez remarquable.
L'arabe, une langue de passage
Avec quels outils penser la société tunisienne aujourd'hui d'un point de vue linguistique et la question de la justice transitionnelle ont été aussi parmi les axes principaux de l'intervention du Dr Barbara Cassin qui s'est appuyée sur l'exemple de la Constitution de l'Afrique du Sud écrite en onze langues. Mais elle propose surtout de réfléchir ce que peut vouloir dire le rapport entre langue et nation en proposant quelques outils à partir du Dictionnaire des intraduisibles. Celui-ci comporte deux millions de signes et s'intéresse à la différence des langues d'Europe. «Dans ce dictionnaire, nous avons considéré l'arabe, tout comme l'hébreu, comme langues de transition, de passage et de traduction, alors que le grec et le latin ont été pris comme langues de surgissement», affirme l'intervenante. Ce dictionnaire est en cours de traduction en arabe et sera disponible, incessamment.
Dr Barbara Cassin a parlé aussi du relativisme de la langue, citant Derrida qui disait «une langue, ça n'appartient pas» dans «Apprendre à vivre». «Il y a du plus vrai et du moins vrai», souligne-t-elle. «On ne parle jamais qu'une seule langue... », évoquait Derrida qui a vécu et enseigné en tant que « pied noir » en Algérie. « En philosophie, nous sommes confrontés à certains mots qui changent d'une langue à une autre », relève la conférencière qui s'appuie sur la sophistique comme outil sur lequel se fonde l'anthologie, la croyance de l'être. A ce propos, Heidegger disait «nous sommes l'hébergé de l'être », autrement dit l'être est un effet de l'être. Ainsi, le langage n'est pas un outil fidèle qui sert à communiquer avec l'être, c'est quelque chose qui fabrique, performe. On est dans une dimension pragmatique dans laquelle le langage fait être ce qu'il dit. Ce qui est propre à la poésie, l'amour et la politique. « Dégage » ou encore « Yes we can » sont des performatifs. L'homme est un animal politique, parce que c'est un animal de langage.
Le Globish, arme de destruction
De la logologie, autrement dit la parole elle-même à la sophistique qui est dans la force de performance linguistique «Le logos performe les actes les plus divins avec les mots les plus simples». Il s'agit de ramener le lecteur dans la langue de l'autre et non de ramener une langue dans l'autre. Reconstruire sa langue pour aller dans la langue de l'autre. «Pour réaliser « Le dictionnaire des intraduisibles» nous sommes partis de la multiplicité des langues internes à chaque langue en travaillant avec des gens dont je ne connaissais pas la langue», avoue Cassin. Elle a, d'autre part, mis l'accent sur le principe de non contradiction qui consiste à dire qu'un mot doit avoir un seul sens. Or, c'est faux, selon Lacan qu'elle cite «Une langue, entre autres, n'est rien de plus que l'intégrale des équivoques que son histoire a fait exister».
Une langue n'est pas que pure communication. Une langue, ce sont des auteurs et des œuvres. Par exemple, le «Globish» est une langue appauvrie de l'anglais d'application administrative, pseudo universelle et non de culture. Les autres langues ne seraient que du dialecte par rapport au « Globish ». C'est une sorte d'arme de destruction massive. Elle est menaçante dans la mesure où c'est une manière de désigner entre langue et nation. «Cette hiérarchisation des langues relèverait du nationalisme anthologique. A ce titre, on voit que ce ne sont pas les Français qui parlent le français ou les Allemands l'allemand et qu'il peut y avoir de gens d'autres nationalités qui parlent ces langues», conclut la philosophe.


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