• Plusieurs dossiers de corruption dans certaines directions, sociétés sous la tutelle du ministère et des fermes appartenant aux proches de l'ancien président Les indicateurs des campagnes agricoles et les dossiers de corruption ont été au centre du point de presse tenu hier par M. Mohamed Ben Salem, ministre de l'Agriculture, au siège de son département. Le ministre a indiqué que, d'après les premiers indicateurs, la campagne céréalière sera bonne cette année. Les emblavures ont concerné 1.350.000 ha environ, dont 92.000 ha irrigués, et le reste de la superficie a été semé à sec. Les réalisations ont atteint 89% des prévisions. Maintenant, les différents services du ministère se préparent à la moisson, la collecte et le stockage en vérifiant les silos, les quantités de fil de fer disponibles et tous les intrants nécessaires. Les produits fourragers seront également produits en quantités suffisantes. La production des têtes ovines sera également importante cette année malgré les opérations de contrebande enregistrées pour vendre les moutons tunisiens hors des frontières. La situation des arbres fruitiers est impeccable, rassure M. Ben Salem. D'ailleurs, l'opération d'exportation des dattes a commencé pour commercialiser 50.000 tonnes pour une valeur de 173 MD. «Les exportations se poursuivent et s'accentuent à l'approche du mois de Ramadan», explique le ministre. Un bon écho auprès des consommateurs La campagne de l'huile d'olive n'a pas connu de problèmes dans la mesure où les estimations ont été réalisées grâce à une production de 180.000 tonnes dont 140.000 seront exportées. Les quantités d'huile d'olive embouteillée sont plus élevées que celles de l'année dernière et le nombre devrait augmenter au cours de la prochaine période grâce à la sensibilisation des professionnels. «La mise en bouteilles de l'huile permet d'exporter davantage, estime le ministre. De grandes quantités sont vendues en vrac à l'Italie qui mélange l'huile tunisienne à l'huile locale de moindre qualité pour les embouteiller et les exporter vers d'autres marchés ». L'Office national de l'huile (ONH) a été encouragé à vendre l'huile tunisienne pour la consommation intérieure à 3d,600 le litre dans des bouteilles en plastique, ce qui a créé une concurrence avec l'huile végétale de Soja ou de maïs puisque les prix se rapprochent. Autre avantage pour stimuler la consommation locale, l'ouverture de points de vente du producteur au consommateur avec l'appui de l'Office des terres domaniales. Les consommateurs peuvent ainsi acheter ce dont ils ont besoin à des prix moins élevés que ceux pratiqués habituellement sur le marché. Les fermes situées dans les centres de formation professionnelle agricole peuvent aussi être mises à profit dans le cadre de cette opération qui a trouvé un bon écho auprès des consommateurs. Le ministre a justifié l'augmentation des prix constatée récemment par les opérations de contrebande de divers produits agricoles vers le territoire libyen. En plus, la consommation locale a connu un accroissement alors que la production – pourtant quantitativement meilleure que celle des années 2010 et 2011 – n'a pas pu répondre à tous les besoins. En plus des 350.000 Libyens résidant en Tunisie, les primes et aides débloquées (770 MD) dans le cadre de divers programmes, dont ceux d'Amal et des chantiers, ont stimulé la consommation. Ainsi, sur la base de la loi de l'offre et de la demande, les prix ont connu une hausse vertigineuse. Maintenant, et après l'intervention de l'Etat, les prix ont chuté pour atteindre un niveau presque normal dans la mesure où les piments forts, par exemple, sont vendus à 700, 800 et 900 millimes, selon le ministre. La baisse des prix a concerné aussi les oignons et d'autres produits. «Il faut sensibiliser les consommateurs sur le fait que les fruits et légumes qui ne sont pas produits dans le cadre de la campagne sont chers», précise le ministre. C'est ainsi que le prix des tomates a atteint 2d100 le kg. Les quantités de produits à injecter au cours des prochains jours devraient baisser davantage les prix. Des dossiers de corruption traités Pour ce qui est du lait, le ministre estime que la Tunisie a atteint l'autosuffisance grâce à une intervention efficace de l'Etat qui accorde 40 millimes le litre à la collecte et 60 millimes le litre à l'assèchement. La période se distingue par une haute et une basse lactation. Or la capacité d'empaquetage ou d'embouteillage est limitée. Dans ce cas, 12 millions de litres doivent être asséchés, sachant qu'une unité de production est en cours de réalisation avec la participation d'un groupe d'investisseurs. Cela va augmenter la capacité d'autant plus que de grandes quantités de lait ont été déversées dans la nature l'année dernière. Parlant du secteur de la pêche, le ministre a insisté sur le fait que la loi sera scrupuleusement appliquée au sujet de l'interdiction de la pêche dans certaines zones vulnérables. Il a remercié l'Armée nationale pour son intervention, notamment pour ce qui concerne le contrôle. «Une minorité ne veut pas respecter la loi, s'indigne M. Ben Salem. Et si les quantités de poisson baissent, le premier perdant sera le pêcheur». Les exportations au cours du premier trimestre de cette année ont été de l'ordre de 6.685 tonnes pour une valeur de 75 MD. Le ministre a évoqué, au cours de la deuxième partie du point de presse, la question de la corruption indiquant que 27 dossiers sont ouverts à l'inspection générale du ministère de l'Agriculture depuis le mois de janvier. Les résultats de 12 ou 15 dossiers sont parvenus au ministère et des décisions ont été prises à leur encontre. Au niveau du cabinet du ministre de l'Agriculture, des heures supplémentaires ont été enregistrées totalisant 895 dinars par mois pour un chauffeur, et ce, durant plusieurs années. Une secrétaire perçoit, elle aussi, 580 dinars par mois en tant qu'heures supplémentaires payées par certains organismes publics. C'est une pratique jugée inacceptable par le ministre. Quatre voitures sur huit ont été mobilisées pour accompagner la secrétaire à son domicile (7 heures, 14 heures et 20 heures). «Seul le soir l'agent a le droit d'être accompagné en voiture», estime le ministre. En plus, certaines voitures du ministère ne sont pas garées au parc après les heures de travail. Les quantités d'essence utilisées étaient de 2.160 litres par mois, chiffre ramené à 540 litres après l'intervention du ministère. Cette opération d'assainissement sera généralisée aux autres directions en veillant à ce que toutes les voitures soient stationnées au parc après les heures de travail. Certes, certains services du ministère ont une permanence et disposent de moyens de travail à leur disposition. Plusieurs établissements sous tutelle du ministère sont impliqués dans des affaires de corruption comme la Fondation nationale d'amélioration de la race chevaline, la direction des forêts, la Sonede... Une partie des fonds (2,5 MD) faisant partie d'un projet japonais pour le développement de certains gouvernorats comme ceux de Kasserine, Siliana et Le Kef a été utilisée illégalement dans des projets présidentiels bien que le budget de la Présidence de la République soit conséquent et ne fait même pas l'objet d'un examen par les députés. La Coopérative centrale des grandes cultures a également été parmi les établissements où la corruption a fait son effet. Elle n'est plus en mesure de payer ses employés qui ont organisé un sit-in. La solution consisterait à alléger l'effectif de 50% en donnant à chacun ses droits. La corruption a touché aussi une société de volailles ainsi que le Commissariat régional au développement agricole (CRDA) à Bizerte et certaines fermes appartenant aux proches du président déchu. L'un des proches de la famille présidentielle s'est approprié une ferme située dans un endroit idéal près du bassin Medjerda et a pu obtenir des crédits alors que d'autres agriculteurs en situation légale trouvent des difficultés pour avoir un prêt et parfois ils ne peuvent pas atteindre leur objectif. Le ministère de l'Agriculture, qui constitue au fur et à mesure des dossiers de corruption pour les remettre à l'inspection, compte assainir la situation dans le ministère, les directions régionales et les établissements sous sa tutelle.