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Tunisie 2012 : l'économie aujourd'hui résiliente, demain rebondissante ? (1ère partie)
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 07 - 05 - 2012

«Lorsqu'une porte se ferme, il y en a une qui s'ouvre. Malheureusement, nous perdons tellement de temps à contempler la porte fermée, que nous ne voyons pas celle qui vient de s'ouvrir». (Alexander Graham Bell)
Par Mourad GUELLATY
Comment qualifier l'économie tunisienne aujourd'hui, seize mois après le déclenchement des événements de décembre 2010 qui ont conduit au 14 janvier 2011, date du commencement du «Printemps arabe» ?
A lire les chiffres avancés, il est facile de déduire que nous traversons une période rendue difficile par de nombreux événements, dont les plus cités par les analystes : la situation politique instable, puisque caractérisée par des institutions provisoires, la situation sécuritaire pas rassurante compte tenu des événements observés ici et là, , la situation sociale qui souffre d'un grand désordre, des grèves sauvages, des «sit-in», et du déni d'autorité, la situation géopolitique de nos voisins libyens jugée encore plus fragile que la nôtre, et celle de nos amis européens victimes du syndrome de la dette, d'une croissance en berne et d'une démographie déclinante.
Cette énumération sélective brosse un tableau, a priori, inquiétant de notre présent, et incertain pour notre futur, deux caractéristiques pas tout à fait celles espérées pour rassurer les investisseurs locaux et étrangers.
Même si parfois il nous arrive de voir apparaître une lueur d'espoir par l'observation d'un indice de progression dans tel ou tel aspect de notre quotidien, nous déchantons aussitôt que nous nous rendons compte que le parallèle est fait avec l'année 2011, référence peu significative.
Pourtant, quand nous analysons sereinement tous les événements qui en quinze mois ont altéré la marche normale de notre économie, nous avons le droit de ne pas être désespérés, à la lecture de la régression totale de cette dernière sur les douze mois de l'année 2011, soldée par un recul de notre produit intérieur brut de 2,2%.
Il suffit de rappeler toutes les distorsions de la production nationale, dues aux lendemains du 14 janvier, perturbés par les moments de fête, puis très vite par les excès dans la marche normale de l'activité de notre pays.
Le tout, aggravé par les difficultés importées des pays voisins, tant sur le plan de la sécurité, de la revendication et de la désobéissance sociales, du contentieux sociétal, et de l'atonie économique.
Avec pour point d'orgue une instabilité de nos institutions provisoires, qui mêle le scepticisme à l'attente, deux attitudes qui ne cultivent pas chez le citoyen le goût de l'épopée et l'enthousiasme d'entreprendre, généralement initiés et portés par des leaders charismatiques, eux-mêmes «habités» par l'événement.
L'époque n'était plus aux «conquérants», d'avant le 14 janvier, elle a été très vite conquise par les très nombreux experts en comptabilité électorale, très actifs sur la scène politique, et dans « la grande course à l'échalote».
Ce qui a été saisissant d'observer, c'est le sentiment d'inquiétude qui s'est installé rapidement après la formidable ferveur populaire, quant aux possibilités des gouvernants de maîtriser l'insécurité, et de gagner l'enjeu de la stabilisation économique et de son rebond.
Ce sentiment créé par le fourvoiement du débat public dans des sujets, certes importants, mais pas forcément en phase avec l'espérance des Tunisiens, plutôt portés sur le redressement économique et social adossé à l'unité de la nation, à la dignité de ses citoyens, et à l'efficacité de son administration.
Résilience de notre économie
Quinze mois après le déclenchement des événements de décembre 2010, l'économie tunisienne qui a souffert de mille maux (grèves, sit-in, débordements de toutes sortes liés au climat général d'insécurité et de la surenchère sociale) présente un bilan qui n'est pas accablant.
Certes, à la fin de décembre 2011, les indicateurs économiques sont quasiment tous au rouge, par comparaison avec l'année précédente : le produit intérieur brut a régressé, aux dernières nouvelles, de 2,2% ce qui est significatif, le chômage a augmenté de plus de 30%, l'inflation n'est pas loin d'atteindre une croissance record, dépassant 5%, l'investissement privé étranger est en chute libre de l'ordre de 25%.
Nos réserves de change ont baissé de près de quatre milliards de dinars, passant d'une couverture de 113 jours d'importations à 101 jours, alors que notre notation souveraine (celle qui mesure le degré de solvabilité du pays) a été dégradée à BBB-, avec une perspective négative, c'est-à-dire sous surveillance maximale dans la perspective d'un possible nouvel abaissement, d'une stabilisation voire d'une amélioration dans la faible probabilité d'un rebondissement fulgurant de notre économie.
Ces chiffres sont très significatifs, mais il faut savoir raison garder, et les rapprocher à ceux d'autres pays qui ont connu des événements comme les nôtres.
Certes, comparaison n'est pas raison, mais tout de même il est utile de savoir que pour des pays proches, comme la Libye écartelée, l'Egypte bouillonnante, la Syrie sanguinolente, et plus loin à l'Est, en Ukraine pourtant au sous sol si riche, la note a été bien plus salée, avec un effondrement du PIB de 6 à 12% dans la période «post révolution».
D'autant que notre économie qui ne s'est pas affaissée en 2011, n'a pas non plus enregistré que des déficits, le taux de couverture de nos importations par nos exportations s'est bien tenu en restant quasiment stable, certes en raison de la baisse de certains biens d'équipement, mais tout de même cela démontre une réelle capacité de résilience face à des événements qui se sont prolongés et exacerbés au fil des mois.
De plus les IDE n'ont pas fléchi partout, et de nombreux secteurs (textile-habillement, industries mécaniques et électriques, etc.) ont observé des créations de projet, employant près de huit mille travailleurs.
Enfin, les conditions climatiques ont été favorables à nos différentes récoltes (l'aviculture, les céréales, et l'huile d'olive ont été en nette progression).
Ce qui est intéressant de noter, c'est que les indicateurs négatifs sont le résultat d'éléments exogènes significatifs (situation géopolitique au sud de notre territoire, et quasiment récession économique au nord) qui affectent les pays avec lesquels nous avons d'importants échanges commerciaux.
Alors que les indicateurs positifs, qui ont bénéficié certes, dans certains secteurs comme l'agriculture, de conditions avantageuses, doivent leur apport, surtout, à la vitalité de notre main-d'œuvre, et à l'intelligence subtile et au pouvoir d'adaptation de nos cadres.
Mais l'aspect déterminant, qui a permis à notre économie d'offrir une vraie résilience face aux débordements en tous genres, c'est la solidité de nos institutions, de notre administration et de nos services publics, en tous points exemplaires.
A quand le rebond économique ? Le rebond est-il possible ?
Par rebond, nous entendons un redressement significatif et durable, car l'action de rebondir serait très insuffisante si elle n'était que de faible amplitude («le succès, c'est la hauteur à laquelle vous rebondissez, quand vous avez touché le fond» – George Smith Patton).
Il ne serait pas sérieux de penser que ce rebond puissant et pérenne se fera dans un horizon proche. Ce qu'il est possible de croire, cependant, c'est que notre pays commence à entamer la remontée de la courbe en J de toute révolution avant de la prolonger, avec l'aide du temps, par celle de la courbe en U.
En effet, il nous faut rebondir et nous redresser durablement, ce n'est pas un espoir mais une contrainte, selon Marivaux : «En général il faut se redresser pour être grand, il n'y a qu'à rester comme on est pour être petit».
Quand on pense que notre pays tétanisé par la politique unique, la parole unique, l'absence de dialogue, l'absence de gouvernance a réussi sur les dix dernières années, un taux de croissance moyen de 5%, nous pouvons avoir l'ambition de viser un taux largement supérieur dans la décennie suivante, à la condition que le pouvoir politique se stabilise, que la sécurité s'installe durablement, que la démocratie se pérennise, et que les partenaires s'activent avec le sens des responsabilités qui convient dans une telle période, sans que cela puisse gommer totalement les intérêts parfois contradictoires.
Un objectif qui peut paraître hors de notre portée, mais que nous pouvons envisager sereinement, car pour Marc Aurèle «chacun vaut ce que valent les objectifs de son effort».
Le souci dans l'immédiat est de venir en aide, dans la mesure de nos moyens disponibles, en priorité aux sans-emploi, sans ressources et à ceux qui sont en difficulté. C'est l'exigence de solidarité qui le commande.
Parallèlement, le devoir d'efficacité, requiert que nous procédions rapidement à une relance de la croissance et de l'investissement, en commençant par rassurer nos concitoyens assez fébriles, et qui dans une bonne proportion, préfèrent thésauriser, plutôt que d'investir.
A un horizon proche, il faut rassurer les investisseurs étrangers, en leur montrant le sérieux de nos ambitions et des hypothèses sur lesquelles se fondent nos «business plans».
Les investisseurs étrangers doivent après cette période tourmentée recevoir un signal fort, de la fiabilité et de la concorde nationale autour de nos objectifs, démocratiques, sociaux et économiques, et ce, quels que soient les régimes politiques qui dirigeront le pays au cours des années à venir.


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