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Les dessous d'un ras-le-bol
Evénements de Sidi Amor Bouhajla
Publié dans La Presse de Tunisie le 16 - 05 - 2012

Trait d'union entre le nord et le sud de la Tunisie, Sidi Amor Bouhajla se situe à 34 km de Kairouan. Nichée au cœur de ses oliveraies étendues, la délégation est non seulement connue pour l'élevage équin qu'elle pratique depuis la nuit des temps, mais aussi pour son grand potentiel agricole. En effet, elle occupe la première place en matière de culture de la tomate et du poivron, la deuxième pour la production d'amandes et d'abricots et la troisième pour ce qui est de la production d'huile d'olive. Sachant que les experts et les statistiques lui prévoient sous peu de temps la première place en oléiculture.
Ayant les atouts d'une grande place économique et culturelle, la délégation a toutefois sombré dans l'oubli, et ce, depuis l'époque bourguibienne ainsi qu'à l'ère du régime déchu.
D'ailleurs, il se trouve que cette ville de 120 mille habitants compte aujourd'hui près de 20 mille chômeurs, dont bon nombre de diplômés du supérieur. A l'origine, une stratégie de développement régional, si stratégie il y a, pour le moins défaillante, et d'anciens dirigeants qui, opportunistes et fervents alliés du régime Ben Ali, n'ont fait que prolonger la léthargie et freiner toute œuvre de développement. Plus, cette région agricole par excellence souffre d'une mauvaise infrastructure qui ne fait que handicaper l'activité agricole et commerciale et démotiver les investisseurs qui renoncent à s'y implanter, bien que les conditions de la réussite soient bien là.
De surcroît, scène d'incessantes agitations depuis la révolution du 14 janvier, dont la dernière en date concerne l'assassinat de l'agent de sécurité Jalloul Issaoui, la délégation donne à penser que le débordement a certainement ses dessous. Faut-il le dire, d'ailleurs? «Il n'y a pas de fumée sans feu».
Toujours est-il que «le feu a longtemps couvé sous la cendre», comme l'observe M. Fraj Amari, secrétaire général du syndicat de base pour l'enseignement secondaire de Bouhajla et membre du syndicat de l'enseignement secondaire de Kairouan, membre du Conseil de protection de la révolution. Selon lui, la délégation aurait été un acteur de premier choix sur l'échiquier économique du pays, n'eût été le phénomène de corruption et de malversation dans lequel ont été impliqués les anciens décideurs politiques. «Les ressources potentielles de notre délégation sont des plus élevées dans le pays. Cependant, nos conditions de vie sont des plus précaires. La hausse du taux de chômage est aussi remarquable qu'alarmante. L'hôpital local manque des besoins les plus élémentaires. L'unité d'assainissement sise à l'orée de la ville est très mal placée. Limitrophe des quartiers résidentiels, elle présente un danger permanent, vu la fumée et l'odeur nauséabonde qu'elle ne cesse de dégager lors de chaque traitement des déchets. Ici, ça stagne encore à tous les niveaux et les prémices de lendemains meilleurs peinent à s'afficher au clair. Le débordement en est donc un aboutissement logique», précise notre interlocuteur.
Tant d'énigmes... tant d'interrogations
Tiraillée par ses propres paradoxes, à savoir un important potentiel économique, mais aussi un taux de criminalité élevé, Sidi Amor Bouhajla souffre d'un déficit sécuritaire qui remonte à une époque lointaine. Vols et braquages y étaient et y sont encore légion. C'est pourquoi « de nombreux habitants, surtout ceux issus des zones rurales, ont migré vers les régions du Sahel et du Cap Bon », comme le souligne le même interlocuteur. Selon un jeune homme ayant tenu à garder l'anonymat, rien n'a changé après la révolution du point de vue sécuritaire, puisque «les pratiques d'autrefois persistent encore. Et la vente illicite de vin et d'autres stupéfiants est de plus en plus phénoménale». «Comment voulez-vous que la région vive en sécurité là où laxisme et malversation règnent sans cesse. Les criminels et les voleurs les plus dangereux, si l'on arrive à les arrêter — car ils sont souvent alertés par des complices que nous connaissons —, écopent dans le pire des cas de 15 jours de prison. Arrêtés en flagrant délit, ils échappent souvent à la punition pour se croire ainsi hors-la-loi. De la sorte, ils sont de plus en plus redoutés par les habitants et encouragent d'autres à prendre exemple sur eux. L'incident récemment survenu ici, que je vais vous citer, en est la meilleure preuve : une équipe de brigades venue spécialement de Kairouan pour arrêter un recherché condamné à 68 ans de prison a, à la dernière minute, échoué, rien que parce que ce dernier a été alerté. Le même cas s'est répété avec tant d'autres recherchés, dont un condamné à 28 ans de prison. L'énigme tournerait donc autour des autorités concernées de chez nous, comme le pensent la plupart des habitants. Pis encore, certains ruraux renoncent de plus en plus à leur activité principale qu'est l'élevage, de crainte d'être la cible des voleurs rôdant de jour comme de nuit près de chez eux et qui n'hésitent pas à malmener, voire à tuer, ceux qui leur résistent. L'avant-veille, c'était le cas avec un jeune qui se trouvait dans le coma pour avoir défendu ses parents et son bétail contre un groupe de kidnappeurs», détaille ce témoin oculaire du quotidien douloureux de la délégation en question.
Légitimes revendications
L'assassinat de deux agents de sécurité en l'espace de deux semaines a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase pour pousser les habitants de la délégation à observer une grève générale tout au long de la journée du 12 mai. Laquelle grève générale a paralysé l'activité économique et contraint les habitants à garder la maison. Force est de constater que cette grève, à laquelle ont pris part toutes les entreprises publiques, à l'exception de l'hôpital local et des pharmacies, les locaux commerciaux, les cafés, les boulangeries, etc. a débouché sur la tenue d'un meeting organisé par le Conseil de protection de la révolution et les protestataires, qui ont formulé leurs revendications dans un communiqué dont une copie a été adressée à l'Assemblée nationale constituante et une autre au ministère de l'Intérieur. Parmi ces revendications : le changement du personnel du poste de la Garde nationale, l'implantation d'un district de sûreté nationale, la création d'une zone industrielle à forte employabilité, la création de représentations de la Cnam, de la Cnrps et de la Protection civile, l'aménagement de pistes agricoles, l'électrification des puits, la création de périmètres irrigués et la constitution d'une délégation spéciale pour gérer les affaires de la commune.
Tout constat fait, là-bas, plus instruites que leurs aînées, les jeunes générations voient leurs aspirations contrariées par la précarité qui les frappe. «Une précarité qui, en cas de persistance, ne fera que déclencher une colère contagieuse», égrène Fethi, éminent observateur de l'actualité politique de sa délégation.
Par ailleurs, le ministère de l'Intérieur a été contacté pour des éclaircissements au sujet des suspicions qui pèsent sur les autorités chargées de maintenir l'ordre et d'appliquer la loi dans cette région. Toutefois, et jusqu'à l'écriture de ces lignes, la réponse se fait encore attendre. On aurait aimé, en effet, savoir quelles démarches et mesures compte prendre le ministère concerné en vue de rétablir l'ordre républicain et répondre aux cris d'alarme répétitifs lancés par les habitants de cette délégation.


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