La Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie (Conect) organise les 25 et 26 mai en collaboration avec la Société d'aménagement de la côte nord de la ville de Sfax (Seacnvs) les journées d'études «développement local et gestion intégrée». M. Mohamed Gouider, P.-d.g de la Seacnvs a indiqué la nécessite de la mise en place d'une stratégie locale de développement basée sur une gestion intégrée et une approche participative. «Le volet régional est très important dans le processus de développement. Il faut diminuer le taux de pauvreté, réduire celui du chômage et mettre fin à l'inégalité des chances entre les régions». Cette démarche nécessite l'élaboration d'une vision stratégique qui prend en considération les composantes économiques, sociales et politiques. D'autre part, la planification d'une stratégie de développement local doit prendre en considération l'apport de la société civile. Les différents intervenants dans le processus de développement sont appelés à travailler ensemble pour trouver un modèle qui respecte l'environnement. Actuellement, cette dernière composante devient une exigence de la gestion intégrée. M. Kamel Kammoun, président du bureau régional de Conect à Sfax a précisé que : «Le développement des investissements dans la région dépend de l'état de l'infrastructure. Sfax a besoin de renouveler son réseau de rues et de routes pour faciliter le déplacement des investisseurs». Le discours prononcé à cette occasion par le ministre de l'Agriculture, M. Mohamed Ben Salem, a porté essentiellement sur la volonté de la Troïka de travailler avec l'opposition pour identifier les solutions à même de promouvoir le développement régional. Il a insisté sur la responsabilité commune de toutes les parties politiques et la société civile en la matière. Le ministre a également indiqué que le développement régional n'est pas exclusivement la responsabilité de la Troïka. Général et politisé, ce discours n'a pas convaincu les invités présents à ces journées qui ont interrompu à maintes reprises le discours du ministre. M. Néji Baccouche, universitaire, a appelé la société civile à être plus militante. Il a souligné que : «La société tunisienne est une société difficilement gouvernable. La question d'un développement local et d'une gestion intégrée pose plusieurs enjeux. Tout d'abord, un enjeu historique puisque le déséquilibre du développement est une constante dans l'histoire de la Tunisie. Un enjeu politique puisque la stabilité et la paix sociale dépend du développement équitable et durable et enfin un enjeu socio-économique, car l'homogénéité de la société nécessite un développement local et intégré. Mais, à cette nouvelle vision du développement, s'ajoute la dimension environnementale. De nos jours, l'environnement est devenu une source de développement économique». Le diagnostic réalisé a montré une disparité entre les régions et au sein de la même région. L'étatisation imposée et la centralisation du développement sont un échec total. Le développement local doit se faire autour d'un intérêt local et en complémentarité entre l'ensemble de la société. «Par ailleurs, le concept de la gestion intégrée est basé sur un compromis entre l'impératif de production et celui de la protection de l'homme. Il y a donc un grand effort à se faire à ce niveau. La gestion intégrée nécessite une participation citoyenne et une responsabilisation de tous les intervenants. Nous avons, également, besoin de repenser notre logique institutionnelle. Et avant de penser à la répartition des richesses, il faut penser à les créer ces richesses. La région doit être interactive et compétitive pour attirer les investissements», ajoute M. Baccouche. La gestion intégrée exige une lutte contre la pollution et le développement de la culture du respect de l'environnement. Les citoyens doivent être motivés à travers une approche participative. Pour penser au développement d'une manière raisonnable, les citoyens sont appelés à faire un compromis entre leurs aspirations et les choses existantes. Une planification réussie doit être intériorisée par le tissu social. «Il y a beaucoup de travail à faire pour surmonter les inégalités. La démocratie solide est bâtie à la base et à l'échelle locale. L'échelon local permet d'entretenir et consolider la légitimité d'un gouvernement», conclut M. Baccouche.