Plus de quinze millions de croisiéristes ont, en 2010, sillonné le bassin méditerranéen. Et les prévisions portent sur vingt millions en 2015. La demande sur ce créneau ne cesse de croître d'une manière régulière. Une opportunité de taille pour le tourisme tunisien qui est aujourd'hui mu par le double objectif d'étaler sa saison et d'améliorer son rendement. C'est ce qui explique l'intérêt porté à ce secteur inscrit parmi les orientations porteuses de la stratégie de développement du secteur pour ce qui est de l'enrichissement de l'offre. En tout état de cause, la position de la Tunisie et ses multiples atouts d'ordre naturel, géographique, législatif, culturel et touristique militent pour une promotion solide et durable du tourisme de croisière. Mais au-delà de ces atouts le succès de ce créneau dépendra davantage des initiatives des professionnels et de leur capacité d'innovation et d'imagination. L'agent de voyages est précisément l'un des maillons essentiels de la chaîne. Ses employés aussi. En tout cas, son développement est tributaire du professionnalisme des guides touristiques dont le niveau d'instruction et de connaissances se doit d'être à la hauteur de leur mission. Ce n'est pas très souvent le cas. Plus encore, l'on assiste parfois à des attitudes peu professionnelles bafouant les règles déontologiques du métier. Des guides , pas tous, qui préfèrent la «commission» du marchand des tapis à la mise en valeur de la richesse culturelle et archéologique du pays sont de mauvais guides et à ne pas imiter. Un comportement de ce genre n'honore ni la corporation qui se trouve souvent incapable de s'y opposer à défaut d'un contrôle rigoureux aussi bien de la part de l'administration que de la fédération des agences de voyages et du secteur de l'artisanat — les achats des croisiéristes se situent bon an mal an à quelque deux cent millions de dinars — ni la destination dans son ensemble. Car si un croisiériste a le sentiment d'être réduit à un porte-monnaie, il sera déçu , insatisfait et sa déception fait du tort à l'image du pays dès lors qu'il peut le faire savoir à une large échelle à travers les réseaux sociaux . Les agents de voyages ont aussi une mission qui tend vers la spécialisation et l'efficacité surtout dans la confection d'un produit touristique qui séduit une clientèle d'un autre genre. Au-delà de l'avantage compétitif dont jouit le site tunisien, le pays gagnerait certainement en efficacité en agissant sur d'autres paramètres relevant notamment des agents de voyages. Ceux-ci sont appelés à sortir des sentiers battus et à proposer des circuits culturels et touristiques autrement plus attrayants que ceux actuellement mis en exploitation . Les armateurs étrangers sont certes mus par le souci de la rentabilité et de la minimisation de leurs coûts et c'est légitime. Néanmoins, la partie tunisienne se doit d'être mue par une meilleure valorisation de son patrimoine, de ses sites et de son histoire. L'équation pourrait paraître difficile entre les deux options mais il faudrait oser entreprendre des actions dans ce sens. Les circuits classiques de Sidi Bou Saïd, Carthage ou encore la Medina de Tunis sont certes beaux, mais la région regorge d'autres sites aussi attrayants. En somme, le tourisme de croisière est un créneau porteur pour l'ensemble de l'activité touristique mais faut-il trouver la voie idoine pour en tirer le meilleur profit.