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Vers la réforme du système éducatif
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 07 - 2012


Par Taoufik ELIAS *
En tant que conseiller d'orientation scolaire et universitaire, je présente à travers cet article quelques propositions afin d'enrichir le débat sur les réformes du système éducatif. L'enseignement primaire, secondaire et supérieur est en passe de connaître des changements notables qu'exige l'étape cruciale de la Tunisie post-révolutionnaire. Animé par mon souci de voir ce système s'améliorer dans les plus brefs délais, j'essayerais de faire une lecture des lacunes de l'orientation scolaire et universitaire.
Tout d'abord, les mécanismes de l'orientation universitaire sont le sujet d'un débat sur la valeur de notre baccalauréat et sa crédibilité en tant que diplôme qui atteste des compétences réelles des élèves. Certains clament haut que les 25% ajoutés à la moyenne du bac faussent le résultat et réduisent l'importance de ce diplôme. S'il est vrai que cet ajout camoufle le véritable niveau des apprenants et que, par conséquent, il est nécessaire de ne plus en tenir compte, il est tout aussi intéressant de s'interroger sur le type d'enseignement et de préparation dispensés aux élèves.
En effet, il ne suffit pas de décider d'abandonner ces 25% sans en contrepartie décider d'une politique éducative qui va dans le sens de l'amélioration du niveau des élèves.
En effet, l'enseignement de qualité doit assurer une bonne formation non seulement l'année du bac mais tout au long du cursus. L'épreuve du bac est une consécration de l'effort tant des enseignants que des élèves. De ce point de vue, un accompagnement de ces derniers par leurs professeurs, par le conseiller d'orientation et pourquoi pas par un psychologue scolaire sera le bienvenu. Au sein de chaque lycée, un comité de pilotage doit statuer depuis le début de l'année pour remédier aux lacunes tant scientifiques que littéraires des futurs bacheliers. Un réseau d'aide aux élèves en difficulté organisera des cours de soutien aux démunis parmi eux. On sait que les élèves font des cours particuliers mais est-ce que ces cours les préparent convenablement à l'épreuve du bac ?
Pour ce qui est des programmes, il faut les décongestionner en mettant l'accent sur des contenus moins surchargés et plus ouverts à la réflexion, à l'analyse et la résolution des problèmes. Il est vrai que ce n'est pas au niveau de la quatrième année secondaire qu'il faut penser à cette stratégie, mais toujours est-il qu'il est de bonne politique de commencer.
Les options n'ont pas dans le système actuel une place de choix, contrairement à ce qu'on voit sous d'autres cieux. Si le ministère a opté pour une seule option bonifiée (les points au-dessus de la moyenne sont quantifiés sans le coefficient de la matière) pour pallier l'injustice qui s'est abattue sur les élèves des lycées qui n'ont qu'une seule option, il est temps maintenant d'instaurer deux ou trois options en faisant appel aux enseignants chômeurs qui n'attendent que cette occasion pour exercer leur métier. Il est profitable aux élèves d'avoir ces options à partir de la deuxième année relativement à leurs attentes et leurs besoins. La bonification sera cette plus-value pour une ou deux options dont profitent les élèves qui veulent améliorer leurs notes et aussi choisir cette matière comme matière d'appui dans l'orientation universitaire... L'éducation physique en tant que matière principale pourrait devenir une matière à option compte tenu de l'absence de crédibilité de la note attribuée. Seuls les élèves qui estiment qu'ils ont des capacités pourraient la choisir.
Autre lacune constatée qui entache les résultats du bac: la mauvaise programmation des examens. Est-ce logique de passer deux épreuves le même jour ? C'est scandaleux de voir un élève passer l'épreuve de maths (coefficient 3) et tout juste une heure après l'épreuve de français (coefficient1). Non seulement on a affaire à deux types de compétences nécessitant un effort intellectuel considérable mais encore, il suffit d'un faux pas en maths (cela a été constaté avec de bons élèves) pour entraîner de facto un résultat médiocre en français même pour un élève excellent.
Il est tout aussi important de réviser le score, réduit ces dernières années à la formule : score=formule globale. Il y a quelques années, la matière d'appui (la matière qui est en étroite relation avec la filière choisie) ajoutée à la FG permettait de déterminer le profil du candidat pour telle ou telle filière. Cette procédure garantit la crédibilité de l'orientation car il est aberrant d'orienter quelqu'un vers une filière nécessitant des capacités réelles dont, par exemple, les SVT avec une note en deçà du seuil exigé. La concurrence a sa justification. Ce n'est que justice quand un élève accède à une filière médicale avec une très bonne note.
D'aucuns diraient que la matière SVT se trouve dans la FG et que par conséquent il n'est pas nécessaire de la calculer de nouveau. A ce propos, je dirais que la matière d'appui confirme les capacités et représente une plus-value nécessaire à l'accès à la filière.
Par ailleurs, les bacheliers n'ayant pas obtenu ce qu'ils désirent ont la possibilité de passer un concours de réorientation. Certains trouvent satisfaction, d'autres sont acculés à accepter une filière qui ne leur sied pas, attendant l'année universitaire pour participer à un autre concours, d'où la perte d'une année. Pourquoi ne pas donner à ces derniers l'occasion de se rattraper, en participant à un concours ouvert par les instituts, les facultés et les écoles concernés avant le début de l'année universitaire selon un quota de 10% des places vacantes auquel participent ceux dont le score est proche de celui du dernier orienté et dont la matière d'appui atteste de leur compétence ? De cette manière, on réduit le pourcentage des insatisfaits et on donne une nouvelle chance à ceux qui, pour n'avoir pas eu le 1/10 de point nécessaire à leur orientation, se trouvent frustrés et démoralisés.
D'un autre côté, les 7% (bonus de rapprochement géographique) n'ont à vrai dire aucune signification. D'abord parce qu'il n'y a aucune raison d'ajouter sept points au score et favoriser certains au nom de l'encouragement à choisir des filières appartenant à leur espace géographique. Le calcul du score est une chose et les considérations sociales et scolaires en sont une autre. Pour cela, il faut laisser le bachelier choisir sa destination. Seuls le score et la capacité d'accueil vont départager les uns et les autres.
Pour ce qui est de l'enseignement supérieur, il pèche par une rupture quasi-totale avec le monde du travail. Il est vrai que depuis des années, le ministère a fait des efforts louables dans le sens de la participation de tous les partenaires (hommes d'affaires, directeurs d'entreprises, fonction publique) à la détermination des filières mais, en l'absence d'une politique de planification qui s'étale sur des années, il est difficile de savoir si telle ou telle filière sera toujours opérationnelle et susceptible de favoriser le recrutement des diplômés dans les années à venir.
Pour cela, les hommes d'affaires sont appelés à faire preuve de patriotisme en recrutant les diplômés. Certaines filières comme celle des langues appliquées ont été à l'origine une proposition de ces mêmes hommes d'affaires. Mais il s'est avéré que, quand il s'agit de recruter, ils sont réticents et préfèrent à la place du diplômé un agent maîtrisant un tant soit peu une langue acquise sur le tas. On ne peut ainsi développer l'entreprise avec la mentalité qui prévaut actuellement.
Pour pallier cette situation, l'enseignement supérieur doit généraliser les passerelles entre les filières pour faciliter l'accès des étudiants aux études qui favorisent l'emploi pour remédier aux difficultés de l'insertion professionnelle, il est souhaitable que le ministère instaure l'apprentissage de la langue professionnelle et administrative à tous les niveaux aussi bien dans les programmes qu'au niveau de la formation générale de l'étudiant.
L'établissement d'un observatoire de l'éducation qui s'intéresse à tous les paliers (primaire, secondaire et supérieur) s'impose car, sans coordination entre ces trois niveaux du cursus de la formation, on ne peut assurer une bonne qualité à notre enseignement.
Ainsi, les acteurs doivent tabler sur les capacités exigées à tous les niveaux et sur les programmes scolaires et universitaires. Une concertation sur le rapport entre le monde du travail et les enseignements dispensés est une nécessité pour assurer une valeur à ce système, Enfin, l'écoute des attentes des professionnels quant aux savoir et savoir-faire des diplômés favorise cette coordination.
A un autre niveau, une réforme urgente du système éducatif est plus que nécessaire.
Depuis des décennies, notre système éducatif a tablé sur l'enseignement général, les conséquences sont perceptibles et, pourtant, on n'a jamais cherché à mettre le doigt sur la plaie. En effet, cet enseignement a contribué à former des élèves dont les compétences sont livresques et théoriques. Même les sections scientifiques, qui sont censées former des élèves ayant des capacités hypothético-déductives et une maîtrise des techniques et du raisonnement scientifique, pèchent par un manque de rigueur, d'où des études supérieures qui ne répondent pas aux attentes et ne préparent pas le diplômé à l'insertion au monde du travail.
Rien n'empêche ces élèves du secondaire d'intégrer la formation professionnelle ou de suivre des stages d'initiation pendant les vacances, ce qui les aidera plus tard à intégrer facilement un domaine professionnel.
La faute n'est pas l'enseignement général mais l'absence d'un enseignement professionnel parallèle qui décongestionnera l'enseignement supérieur de ce trop-plein d'étudiants qui souffrent d'un manque flagrant de compétences professionnelles.
Les lycées doivent dorénavant contenir les deux sections réparties selon le même nombre d'élèves. Pour cela, l'orientation se fera à la fin de la neuvième année de base suite à un examen national qui départagera les candidats. Comme l'enseignement général a des sections (maths, sciences, économie, informatique et lettres), l'enseignement professionnel pourrait lui aussi avoir ses propres sections.
Ainsi l'enseignement supérieur se dégagera des filières classiques dont certaines n'ont plus d'avenir et s'ouvrira sur de nouvelles filières permettant d'accéder au monde du travail.
Enfin, j'espère que cette contribution donnera lieu à un débat national qui posera les jalons d'un système éducatif performant, de qualité et répondant aux intérêts de la nation et des élèves.


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