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« Ces campagnes de propreté ont, toujours, un effet éphémère »
Entretien avec : M. Seïf Allah Lasrem, maire de Tunis
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 07 - 2012

La propreté de la ville et l'état de notre environnement interpellent, ces jours-ci, les Tunisiens à tel point que cela devient une quasi-obsession; une obsession justifiée vu l'ampleur qu'a pris la pollution dans une Tunisie qui se veut nouvelle, démocratique et où il fait bon vivre. Il s'avère, en effet, un thème d'une actualité sans précédent, dépassant parfois l'intérêt que voue le citoyen au feuilleton politique et ses imprévisibles intrigues. La responsabilité de la «crise polluante» que connaît le pays depuis des mois est ballotée, non sans crispation, d'une partie à une autre, telle une bombe noire qui s'apprête à exploser et que l'on lance à autrui afin d'en sortir indemne. Si le citoyen qui a pris l'habitude de jeter ses ordures du haut du balcon, qui n'hésite pas à se délester d'un mouchoir ou d'une bouteille en plastique par la fenêtre de son véhicule continue de pratiquer ce comportement dans un naturel quasi inné et pointe du doigt le manque de sérieux des agents de propreté, ces derniers —plus renseignés— reprochent à l'Etat son désintérêt palpable quant au renforcement des équipements appropriés ainsi que l'étoffement de l'effectif spécifique à cette tâche. Interrogés sur la question, certains agents de propreté se sont exprimés sur le non-dynamisme des délégations spéciales et le déficit juridique en la matière. Suivant les maillons de cette chaîne complémentaire, nous nous sommes adressés à M. Seïf Allah Lasrem, maire de Tunis, qui, dans un entretien exclusif à La Presse, a décortiqué le problème et dévoilé ses lacunes et ses points morts. Entretien.
La situation environnementale que connaît le pays depuis quelques mois est placée sous le signe de la pollution. A quoi est due cette situation?
Il est vrai que la situation environnementale actuelle de notre espace est endommagée par des débordements exceptionnels. Cette situation revient à deux principaux éléments, à savoir le déversement anarchique des ordures ménagères et celui des gravats.
Pour ce qui est des ordures ménagères, le débordement est dû, d'une part, au manque de moyens de la municipalité et au comportement irresponsable du citoyen, de l'autre. En effet, et au niveau de la municipalité de Tunis, le ramassage des ordures ménagères est effectué d'une manière non radicale. Cette défaillance est due au manque notable au niveau des moyens à la fois matériels et humains. L'arsenal des équipements et engins spécifiques à cette tâche a remarquablement chuté par rapport à 2005. Les bennes tasseuses (camions spécialisés dans le ramassage et le compostage des ordures et leur déversement dans la décharge contrôlée de Borj Chakir) comptaient en 2004/ 2005 quelque 70 engins. Actuellement, nous fonctionnons avec 30 à 35 bennes tasseuses. Pourtant, il s'agit d'un équipement à la fois fondamental et efficace. A défaut d'un nombre suffisant, nous nous trouvons dans l'obligation de le remplacer par des engins moins efficients, notamment des tracteurs attelés d'une remorque, dont la capacité de ramassage est moindre. Les ordures ramassées sont ainsi transférées dans un centre de collecte. De là, il est indispensable de recourir à de grands conteneurs à même de transporter les déchets jusqu'à la décharge contrôlée de Borj Chakir. Il y a également lieu de noter que ce travail nécessite, dans ce cas, un effectif plus important, beaucoup plus de temps et de dépenses. Du coup, le matériel valable se trouve surexploité.
A quoi est due la détérioration des moyens matériels?
Cela est dû essentiellement aux évènements de 2011. Les dégâts subis par la municipalité de Tunis en matière d'équipements étaient flagrants: des équipements incendiés, abîmés, des matières premières stockées dans le centre de magasinage entièrement détruites...Avant 2011, nous avons distribué 3.000 conteneurs. Ces conteneurs tout neufs ont été détruits, dans leur totalité, entre janvier et mars 2011».
N' y a -t-il pas moyen de procéder à la maintenance du matériel abîmé susceptible d'être récupéré ou encore de renforcer les équipements existants par l'acquisition de nouveaux engins?
Il faut être réaliste. Les équipements spécifiques sont assez coûteux. Une benne tasseuse coûte, à elle seule, une enveloppe de 250 mille dinars. Pour compenser la défaillance, un budget costaud s'impose. Si l'on opte pour l'alternative d'un crédit, nous devons au moins avancer un autofinancement. Dans ce cas, nous risquons de perpétuer la logique de l'endettement. Or nous, en tant que délégation spéciale, nous avons déjà hérité d'un passif d'endettement assez lourd. Le remplacement du matériel détérioré peut être assuré, en partie, par la contribution du ministère de l'Intérieur qui bénéficie d'un soutien étranger sous forme d'aide à la reconstitution du matériel endommagé; une contribution dont je doute qu'elle comblera toutes les défaillances. De toute façon, nous nous appliquons depuis 2011 à remédier, du mieux que l'on peut, aux dégâts. Nous avons, en effet, acheté, l'an passé, quelque 400 conteneurs. Cette année, nous avons signé un accord pour l'acquisition de 1.000 autres conteneurs. D'ailleurs, les premières livraisons sont prévues pour la semaine à venir.
Vous avez analysé le déficit matériel. Qu'en est-il des ressources humaines chargées de la propreté des villes?
En 2010, le personnel municipal chargé de la propreté comptait 2.000 agents. Aujourd'hui, ils ne sont que 1.800 à assurer cette mission; soit 200 agents de moins, ce qui est notable du point de vue efficacité du travail. La plupart d'entre eux sont partis à la retraite. Les autres, souffrant de problèmes de santé ou de handicap, sont devenus inaptes à un travail. La municipalité de Tunis ne peut, pour des raisons budgétaires, recourir au remplacement de cet effectif: il nous est, en effet, recommandé de ne pas alourdir nos dépenses. Par ailleurs, et suite à la titularisation, l'année dernière, de tous les agents contractuels et occasionnels, une nouvelle logique administrative a embrassé ce secteur. Si les agents occasionnels travaillaient au jour le jour des années durant, ils bénéficient depuis 2011 d'un cadre administratif leur assurant certains acquis dont le jour de repos hebdomadaire, les jours fériés, la possibilité d'obtenir un congé médical sous certificat, etc. Du coup, nous avons enregistré cette année une perte au niveau des jours de travail de l'ordre de 1.400 jours par mois, et ce, par comparaison avec les chiffres de 2011. Chose qui se répercute forcément sur la rentabilité du travail à effectuer.
Outre l'invasion des déchets ménagers, les villes souffrent du déversement anarchique des gravats. Quelles sont les démarches envisagées par la municipalité de Tunis pour faire face à ce phénomène?
Le déversement des déchets solides de construction est un phénomène d'une ampleur sans précédent. Il revient, d'une part, à la prolifération exceptionnelle des constructions non autorisées ainsi qu'à la fermeture, en août 2011, de la décharge spécifique située au niveau du Lac. Cette décharge n'a pas été remplacée. Pour déverser les gravats ramassés çà et là, nous avons été contraints de recourir à d'anciennes carrières situées dans le Grand-Tunis ainsi qu'à la décharge de Sidi Hassine. La lutte contre ce phénomène n'est pas chose facile. Nos équipes de police municipale ne peuvent être partout afin de stopper ce fléau. D'autant plus que nous n'avons pas décelé une intervention consistante de la part des autres parties concernées dont l'Anged ou encore le ministère de l'Environnement. Les solutions susceptibles de remédier à ce problème consisteraient en l'identification de décharges à même de contenir ce genre de déchets. Malheureusement, il est peu probable que l'on puisse bénéficier de décharges contrôlées dans un périmètre proche. Quant aux autorités, elles sont appelées à accorder une attention particulière à ce point, à travers la mobilisation de la police pour une meilleure intervention.
La municipalité de Tunis a participé à la campagne de propreté, qui a démarré le 13 juillet 2012. Quelle est la portée de cette action et son impact sur la propreté de la ville?
La municipalité de Tunis ne cesse de concocter, tout au long de l'année, des campagnes de propreté exceptionnelles. Toutefois, ces campagnes ont toujours un effet éphémère. Pour ce qui est de la présente campagne, entamée le 13 et qui se poursuit d'ailleurs, nous avons mobilisé notre personnel et notre matériel afin de réussir les deux missions, à savoir celle quotidienne et celle relative à la campagne de propreté. Je ne vous cache pas que cette mobilisation a été faite au détriment d'autres services, comme la voirie, vu que l'effectif spécial propreté ne suffit, en effet, point à réussir les deux tâches. Il faut, par ailleurs, souligner que nous n'avons constaté aucun apport de taille de la part des autres parties concernées dans l'optique de soutenir cette action. Nous n'avons en fait bénéficié que d' une rallonge budgétaire de la part du ministère de l'Intérieur, deux tracteurs mis à notre disposition par le ministère de l'Agriculture, un moto-grader comme contribution du ministère de l'Equipement ainsi qu'un étoffement du personnel ne comptant pas plus de 25 agents de terrain. La campagne a jusque-là permis de collecter quelque 4.000 mètres cubes de déchets solides outre les 600 tonnes d'ordures ménagères ramassées quotidiennement.
Certains recommandent aux délégations spéciales plus d'effort, or qu'en est-il, actuellement, du cadre juridique et de la légitimité de ces délégations?
La délégation spéciale de Tunis a été désignée suite à une décision du chef du gouvernement en date du 8 avril 2011, et ce, pour un mandat d'une année. Le 8 avril 2012, nous avons eu droit à une prolongation de service pour une durée de trois mois. Cela dit, à partir du 8 juillet 2012, et faute de décision officielle, la délégation spéciale de Tunis n'a plus d'assise juridique lui permettant de poursuivre ses fonctions. Pourtant, et vu les obligations, nous avons décidé de continuer de travailler dans l'attente d'une décision officielle. Sauf qu'à défaut de légitimité, nous sommes dans l'incapacité de prendre des décisions administratives telles que les appels d'offres, l'application des infractions, etc. D'où les répercussions négatives d'un tel retard sur le bon déroulement du travail.


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