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Dialogues et prospérité au fil de l'eau...
Autoroutes de la mer
Publié dans La Presse de Tunisie le 31 - 07 - 2012

A bord du Grimaldi Catania, ravigotés par l'air salé de notre chère Méditerranée et caressés par les rayons d'un beau soleil de juillet, nous prenons enfin conscience, de visu, de ce qu'est véritablement une autoroute de la mer. Au premier abord, ces mots sonnent comme une chimère, comme une image fantastique tout droit sortie de l'imagination d'un enfant. Ces mots nous ont même renvoyé à une blague que les Tunisiens se racontaient avant en coulisse, celle qui met le président déchu face au génie d'une lampe magique, il lui demande de lui construire un pont le menant directement à son château situé en Argentine. Le génie trouvant cela difficile à réaliser lui demanda un autre vœu, le président souhaita alors d'être aimé par son peuple. Trouvant cela encore plus difficile, le génie préféra construire le pont...Le temps a confirmé les constats du génie, le peuple n'a pas fini par aimer son président dictateur et l'a même chassé du pays et les super-ponts ont fini par être concrétisés mais à l'allure d'autoroutes de la mer.
Véritable alternative aux autoroutes terrestres, le concept des autoroutes de la mer a été adopté en juin 2001 à Göteborg et s'inscrit dans le cadre de la politique commune des transports de l'Union européenne. Ce projet rendu possible, entre autres, par l'abolition progressive des frontières au sein de l'Europe a pour objectifs de désengorger les grands axes autoroutiers européens, en premier lieu les passages des massifs montagneux, de limiter la pollution et favoriser le développement durable, mais également de renforcer les liaisons intermodales de transport de marchandises et de transport maritime entre l'UE et ses partenaires méditerranéens, ainsi qu'entre les pays méditerranéens eux-mêmes.
Récemment, nous avons pu prendre une de ces autoroutes en partance pour Palerme (sud de l'Italie). A bord de la flotte qui transportait marchandises, voitures et passagers, il y avait un bon nombre de nos concitoyens tunisiens dont certains, des commerçants surtout, semblaient être des habitués. Il y avait Lamine, ce père de famille qui embarque souvent sur un de ces bateaux et qui nous explique que ce moyen obéit à ses engagements professionnels et que grâce à la fréquence des voyages, il peut effectuer, à moindre coût, jusqu'à deux allers-retours par semaine. Il y a aussi ces jeunes que l'on a croisé du côté du solarium et dont les regards rêveurs, scrutant le large disaient long sur leurs espoirs futurs. Des espoirs bercés par les balancements de la splendide et mystérieuse Méditerranée, la «mare nostrum» des Romains, «mère des peuples» (Braudel) et carrefour des civilisations, des cultures et des religions. Avant eux bien des regards ont convoité l'infinie bleue, ceux de curieux explorateurs et autres ambitieux commerçants qui sans cesse repoussaient plus loin leur horizon. En effet, la Méditerranée était déjà, durant l'Antiquité, une autoroute de transport maritime permettant l'échange commercial et culturel entre les peuples de la région.
Métissage culturel
Bien avant ces jeunes Tunisiens, les Phéniciens, les Carthaginois et plus tard les musulmans ont embarqué pour la même destination: Palerme. Les conditions étaient différentes, cela va de soi, mais les désirs de transcender les limites de la mer, de s'étendre par-delà les frontières, de chercher fortune sont les mêmes, toujours là et persistants.
Les Phéniciens étaient connus pour être d'habiles navigateurs et commerçants qui fondirent de nombreux comptoirs en bordure de la Méditerranée orientale, notamment Carthage, s'assurant ainsi durant des siècles le quasi-monopole du commerce en Méditerranée. Ils propagèrent l'alphabet dans les pays riverains et contribuèrent assurément au brassage des cultures entre l'Orient, l'Occident et l'Egypte.
Ce sont d'ailleurs des commerçants phéniciens qui fondirent Palerme aux alentours du VIIIe siècle av. J.-C. La ville italienne devient une importante citadelle pour Carthage jusqu'à l'arrivée des Romains en 245 av. J.-C. Ensuite, ce fut le tour des musulmans qui conquirent Palerme au cours du IXe siècle. D'ailleurs, le legs de cette époque est toujours visible dans son architecture. L'église Saint-Jean des Ermites (1030) que nous avons pu admirer, in situ, en est un bel exemple avec ses cinq dômes rouges qui témoignent de l'époque arabe. Mais c'est surtout le palais normand qui parle le mieux de l'emboîtement culturel qui fait la richesse de la ville. Situé à Piazza Independenza, cet impressionnant édifice fut tour à tour forteresse punique, fort romain, château des émirs arabes puis résidence des rois normands.
Cette richesse culturelle est toujours palpable dans le Palerme de nos jours, notamment dans des habitudes culinaires et dans quelques traditions locales.
Et c'est encore par notre Méditerranée et la navigation maritime que s'effectuent encore aujourd'hui les rencontres et les dialogues les plus florissants. A commencer par les traversées en bateau qui nourrissent les échanges et les méditations les plus inspirés, insufflés par la poésie du large.
La Tunisie s'ouvre aux autoroutes de la mer
Plusieurs acteurs du domaine des transports et autres autorités politiques commencent à saisir de plus en plus les avantages de ce moyen de transport et son importance dans le commerce international. Car la navigation maritime demeure, sans conteste, parmi les moyens de transport les plus sûrs, les plus robustes, les moins polluants et surtout les moins coûteux. D'ailleurs, c'est dans cette optique que s'inscrit le concept des autoroutes de la mer qui a été cité pour la première fois, en juin 2001 à Göteborg, dans le livre blanc de la commission européenne («La politique européenne des transports à l'horizon 2010 : l'heure des choix»). En 2006, le projet Autoroutes de la mer pour la Méditerranée (Meda-Mos) est lancé par la direction générale des transports de la Commission européenne et la direction générale EuropeAid. Financé par l'Union européenne (4,8 millions d'euros) au titre du programme EuroMed Transport, ce projet vise à améliorer les connexions de transport entre l'UE et ses voisins méditerranéens, à promouvoir le concept des Autoroutes de la mer (ADM)et à aider les pays partenaires à poursuivre la mise en place d'actions dans le domaine du transport maritime et des opérations portuaires. Un appel à projets pilotes, publié en 2007, a permis d'identifier des projets fondés sur des partenariats entre les acteurs intermodaux des deux rives de la Méditerranée.
Et c'est là qu'entre en jeu la Tunisie avec le projet de liaison maritime entre les ports de Marseille et de Radès (Tunis), retenu en octobre 2008. Ainsi, le 8 juillet 2010 à Marseille, dix-huit partenaires tunisiens et français réunis dans le cadre du projet européen MedaMos ont conclu un protocole d'accord pour «conforter leurs relations et renforcer la compétitivité et la fluidité de cet axe maritime». Cette signature plébiscite ce même projet tuniso-français d'ADM. Il est à noter qu'en 2009, près de 500.000 tonnes de marchandises diverses ont été transportées sur l'axe Radès-Marseille.
Le programme Medamos I a été clos en novembre 2009 et Meda-Mos II a pris la suite en mars 2010. Ce second programme (36 mois) vise selon ses organisateurs à «promouvoir l'intermodalité du transport de fret en favorisant l'intégration des modes avec le transport maritime comme clé de voûte.» La Commission s'est fixé également un objectif à long terme qui consiste à renforcer les liaisons entre les réseaux de transport transeuropéen et transméditerranéen.
Le programme Medamos II apporte une assistance technique (dotée de 745 millions d'euros pour la période 2007-2013) aux projets pilotes retenus, avec un soutien supplémentaire pour les infrastructures de transport dans les pays voisins dans le cadre de la facilité d'investissement pour le voisinage (FIV). Parmi les projets pilotes des ADM que reprend cette deuxième phase du programme, figure celui présenté par la Tunisie avec ses partenaires français et italiens sur les axes Radès-Marseille et Radès-Gênes qui a été choisi comme meilleur projet parmi les 12 pays de la rive sud de la Méditerranée et qui jouit d'une assistance technique efficace du programme régional euro-méditerranéen. Ces autoroutes de la mer sont d'autant plus avantageuses qu'elles contribuent à l'amélioration de la compétitivité des opérateurs en permettant une réduction des surcoûts liés aux retards, avaries, pannes, gaspillage et autres dysfonctionnements, un développement des pratiques conformes aux normes et aux législations internationales en matière de sécurité, sûreté, environnement, une nette amélioration des performances et de la qualité des prestations et une meilleure notoriété auprès des chargeurs et attractivité du trafic.
Pour assurer la bonne mise en œuvre de ce projet, deux protocoles d'accord (Radès/Marseille le 8 juillet 2010 et Radès/Gênes le 29 septembre 2010) ont été signés entre les autorités publiques et les membres du consortium qui associe des opérateurs tunisiens et européens exerçant dans la chaîne de transport de porte à porte. Les objectifs de cet accord étant d'organiser les relations entre les membres du consortium « autoroute de la mer », assurer un mode de fonctionnement régulier tout en respectant les objectifs du projet, rester ouvert à toute autre partie intéressée par la coopération avec les intervenants et conclure des accords techniques (métiers et institutionnels) entre les intervenants dans le même domaine des deux côtés de la Méditerranée (entre manutentionnaires, autorités portuaires, plateformes informatiques, douanes, administration...). Les opérateurs s'engagent dans ce sens à garantir la fluidité, la ponctualité et la flexibilité des transports, l'attractivité pour les clients et le renforcement de l'intermodalité, par la coordination des prestataires de services logistiques et de transport et la mise en œuvre de bonnes pratiques en matière de maintenance, sécurité, sûreté et environnement. les autorités publiques, de leur côté, s'engagent à soutenir le projet pilote (cadre réglementaire, facilitation, formation...), assurer l'implication commune dans la mise en œuvre et la diffusion des bonnes pratiques (qualité, régularité, environnement, sécurité, sûreté...). On parle également d'appliquer les principes des ADM et de bonnes pratiques sur d'autres lignes existantes telles que Radès/Barcelone, Radès/La Spezia, Radès/Livourne). Il est par ailleurs impératif de fluidifier l'interconnexion entre les réseaux terrestres, ferroviaires, routiers et la voie maritime (plusieurs moyens de transport sont souvent sollicités pour un même déplacement de marchandises).
Voilà une belle manière de faciliter l'intégration de la Tunisie dans l'espace européen et sa connexion aux réseaux de transport euroméditerranéen. Car ces projets des ADM lui permettront de développer des axes de transport performants, de valoriser les atouts de proximité géographique par le déploiement d'une logistique fiable avec l'Europe en vue de drainer les investissements étrangers, de soutenir l'effort d'exportation et de créer de nouveaux emplois. Un dernier point très important dans un pays où le taux de chômage est considérable, qui vit sa phase de transition post-révolutionnaire, et qui sait, peut-être que grâce à notre chère mare nostrum et la prospérité économique engendrée par ses autoroutes nous pourrons espérer qu'avec le temps, nos jeunes abandonneront le funeste chemin des traversées clandestines pour embarquer vers un avenir plus radieux.Qui sait...?


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