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«Les aides sociales doivent être tenues à l'écart des considérations partisanes et religieuses»
Questions à M. Mohamed Zribi, directeur général de la promotion sociale
Publié dans La Presse de Tunisie le 06 - 08 - 2012

Au terme de la première moitié du mois de Ramadan, beaucoup se sont interrogés sur les raisons de l'absence des tables de l'iftar et des cérémonies de remise des aides aux familles nécessiteuses, à l'occasion du mois saint. Tout en s'accordant sur le refus catégorique de tout retour à la propagande et à la manipulation politiques, sur le dos des plus démunis, les Tunisiens restent attachés aux valeurs humanitaires d'entraide et de solidarité avec les catégories faibles, comportements hérités de la sunna et des traditions culturelles. Sur la solidarité au mois de Ramadan et sur d'autres sujets, tels que l'amplification du phénomène de la mendicité, le devenir des mécanismes de soutien et d'aide aux catégories défavorisées, ainsi que le modèle de promotion sociale auquel le Tunisien peut aspirer après la révolution, M. Mohamed Zribi, directeur général de la promotion sociale, a bien voulu répondre aux questions de La Presse.
L'actualité politique a occupé le devant de la scène pendant la première moitié de ce mois de Ramadan aux dépens de l'action sociale et surtout du traditionnel élan de solidarité propre à ce mois saint. Comment l'expliquez-vous ?
Après la révolution, et conformément à ses attentes et à ses objectifs, le ministère des Affaires sociales a révisé son approche en matière de solidarité sociale et particulièrement pour ce qui concerne l'octroi des aides aux familles nécessiteuses et leur distribution. La nouvelle orientation est claire et irréversible : il n'y a plus de place à la propagande, au tape-à-l'œil, en somme à la manipulation politique. Les tapages médiatiques autour des actions de donation sont désormais écartés, prohibés. Nous considérons que cette façon de faire est une forme d'humiliation. Dorénavant, la dignité de ces familles sera préservée en toute circonstance, et cela ne sera possible que si ces aides parviendront à leurs bénéficiaires dans la discrétion. C'est pourquoi, nous avons décidé qu'à partir de cette année, les familles recevront leurs aides financières sous forme de mandats électroniques et non des enveloppes des mains des officiels, comme c'était le cas auparavant. Au début de ce mois de Ramadan, chacune des familles nécessiteuses, dont le nombre, comme tout le monde sait, a été augmenté à 235.000, après le 14 janvier 2011, a reçu un mandat de 75 dinars comme aide au titre du mois saint et de l'Aïd el fitr, et ce, en plus de l'aide mensuelle qui a été revue à la hausse, après la révolution, pour passer à 100 dinars, au lieu de 70 dinars. Bien sûr, ces sommes peuvent paraître dérisoires, mais il ne faut pas oublier que c'est une aide que nous proposons et pas un salaire; et cette aide est fort utile pour des familles très pauvres.
Mais qu'en est-il des aides en nature et des «tables de l'iftar», une tradition ramadanesque qui serait appréciée à sa juste valeur en cette conjoncture économique et sociale difficile? Beaucoup s'interrogent sur leur absence, ou le silence qui plane sur cette question, alors que le pouvoir d'achat des Tunisiens est au plus bas?
Il est vrai que les Tunisiens ont été habitués à voir, à travers les médias, ces actions de distribution des aides et les tables de l'iftar, organisées en grande pompe et transmises par la télévision. Au ministère des Affaires sociales, nous avons tranché sur la question après un long débat et nous avons décidé qu'il n'en sera plus ainsi, bien que les fonds alloués et le nombre des bénéficiaires eurent augmenté. Les aides viennent de l'Etat et n'obéissent à aucune considération partisane ou religieuse. Après la révolution, l'éventail des familles nécessiteuses a été élargi pour intégrer, en deux phases, 100.000 familles supplémentaires, ce qui porte aujourd'hui le chiffre global à 235.000 familles. Cela a nécessité l'augmentation de l'enveloppe consacrée aux programmes d'aides sociales, qui est ainsi passée à environ 300 millions de dinars par an. Par ailleurs, les aides en nature (couffin de Ramadan et table de l'iftar) ont été maintenues et accordées au début du mois saint. Soit, 12.050 bénéficiaires inscrits aux tables de l'iftar (valeur unitaire 6,200 dinars) et 2.175 ont choisi de recevoir le couffin de Ramadan (un seul pour tout le mois, Ndlr) d'une valeur de 60 dinars. Cette répartition est le résultat du choix des bénéficiaires pour l'une ou l'autre formule. Au résultat, dans seize gouvernorats, ils ont choisi de procéder à la distribution du «couffin de Ramadan» et dans dix autres, ils ont opté pour «les tables de l'iftar», qui sont, comme d'habitude, à la charge de l'Union tunisienne de solidarité sociale. C'est le devoir de l'Etat d'aider les citoyens démunis et en difficulté, mais l'Etat ne peut pas répondre à toutes les demandes, il a besoin d'être épaulé par la société civile. Celle-ci a prouvé à différentes occasions, au cours des dernières inondations et avec les réfugiés libyens, qu'elle peut être d'un apport considérable et d'une grande efficacité. Actuellement, quelques associations sont sur le terrain et font du bon travail, mais apparemment, elles aussi ont choisi de travailler discrètement. Il existe une autre forme de solidarité qu'il ne faut pas occulter, c'est ce qu'on appelle la solidarité populaire directe, celle qui se fait de main en main, entre voisins, proches, parents ou à travers des intermédiaires. Cette solidarité existe, mais elle n'est pas quantifiable.
Le phénomène de la mendicité est en train de s'amplifier, on peut le constater de visu, à l'œil nu. Certains en viennent à faire du porte-à-porte et pas seulement dans les quartiers aisés. Cela révèle-t-il une augmentation de la pauvreté ? Sinon, comment l'expliquez-vous ?
Une étude internationale a démontré que 75% à 80% des mendiants sont des escrocs. Ce sont des gens qui ne sont pas dans le besoin, dans le sens où ils ont des revenus, ou sont devenus des professionnels de la mendicité. Si bien qu'ils refusent un travail qui leur est proposé. Une personne qui vit dans la précarité ne refuse pas de lancer un projet, aussi petit soit-il, quand l'opportunité se présente. Nous avons eu affaire à beaucoup de cas de ce type et généralement, les enquêtes sociales le confirment. Avant la révolution, dans le cadre d'opérations de «nettoyage des rues», des équipes multidisciplinaires, représentant notamment les ministères de l'Intérieur et des Affaires sociales, procédaient à des contrôles dans les rues et faisaient évacuer ces gêneurs de l'ordre public. Ces «rafles» ont disparu après le 14 janvier et l'on peut comprendre pourquoi, mais nous sommes en train de réfléchir sur une nouvelle approche pour contenir ce phénomène. C'est une affaire qui concerne l'Intérieur, la Justice, les Droits de l'homme et les Affaires sociales. Toutes ces parties doivent se pencher ensemble sur la question pour trouver la stratégie adéquate et réviser les textes juridiques y afférents. L'article 171 du Code pénal est insuffisant, il n'incrimine pas la mendicité dans l'absolu et se base sur des circonstances aggravantes qui, par ailleurs, peuvent être facilement contournées, comme la présence d'enfants ou le port d'arme blanche. Dans cette affaire, les municipalités doivent aussi assumer pleinement leur responsabilité puisqu'il leur revient le pouvoir de lutter contre ce phénomène de rues en publiant des arrêtés municipaux anti-mendicité et sur la base desquels peuvent agir les autres partenaires.
Quant à la question de savoir si la pauvreté a augmenté ou non, il est difficile de l'affirmer de manière catégorique. Les chiffres avancés sont des estimations. A mon avis, pour éviter les surenchères, il est indispensable de favoriser la transparence, celle des chiffres en l'occurence. Actuellement, l'INS est en train de travailler sur un nouveau procédé de calcul du taux de pauvreté qui sera classé en trois catégories de pauvres. Du côté du ministère des Affaires sociales également, il est prévu que l'on revoit les critères de ciblage des familles nécessiteuses, dans le cadre de l'évaluation des programmes d'aides à ces familles qui, en tout état de cause, doivent être tenus à l'écart des considérations partisanes et des calculs politiques et électoraux .
La révolution a fixé des objectifs à plus ou moins longs termes, y compris sociaux et la nouvelle Constitution est en cours d'élaboration. Quel est, selon vous, le modèle de promotion sociale qui sied aujourd'hui à la Tunisie post-révolution ?
Ce modèle est étroitement lié à celui du développement et doit être basé sur la promotion des droits humains. Le lien au développement suppose que l'on arrête d'entretenir l'approche de l'assistance. A mon avis, l'objectif est de promouvoir le socle de protection sociale de telle sorte que dans le futur, chaque famille ait un revenu et que l'écart entre les couches sociales soit réduit. Pour cela, il est indispensable que le référentiel des métiers soit révisé. La lutte contre la pauvreté, un des principaux objectifs de la révolution, se fait, à mon sens, par les investissements, les infrastructures de base, l'équilibre régional, l'insertion sociale, et le développement des mécanismes d'accompagnement comme les micro-crédits. Nous possédons un bon nombre de mécanismes, mais ils sont éparpillés et les efforts sont, de ce fait, dilués. Dans ce modèle de développement, l'implication de la société civile est capitale. C'est un tissu dense d'associations actives qu'il faut parvenir à mettre en place, des associations qui agissent au niveau national, régional et local, et jouent le rôle d'accompagnateur de promoteurs de petits projets. Après la révolution, il faudra travailler sur le changement de la structure mentale du Tunisien afin de pouvoir introduire les changements qui s'imposent et lancer les réformes souhaitées.


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