En dépit des prémices de relance citées à maintes reprises par les membres du gouvernement, la situation économique du pays est loin d'être rassurante. Inflation, déficit budgétaire, investissement en berne, un taux de chômage alarmant et des ménages incapables de joindre les deux bouts, ainsi, peut- on décrire la situation de la Tunisie post-révolution. Face à cette situation, les décisions ciblées et efficaces tardent à venir et le gouvernement en place semble incapable de relever les défis qui se posent , se contentant de traiter les questions de court terme. Ainsi et face à cette situation, il y a lieu de s'interroger sur les meilleurs choix à prendre pour préserver les équilibres monétaires et financiers du pays tout en sauvegardant les équilibres sociaux, chose que le parti El Massar a tenté, de faire lors d'une table ronde qu'il a, récemment, organisée à Tunis. Le verdict des spécialistes ayant intervenu en marge de cette rencontre est unanime : l'économie du pays n'est pas sur la bonne voie et des actions urgentes sont à engager pour la sauver et préserver aussi bien ses équilibres financiers, économiques que sociaux. Face à des ressources réduites et à une situation économique extérieure en crise, atteindre un tel objectif s'avère difficile bien que le gouvernement s'attache à être rassurant et optimiste. Intervenant en marge de la table ronde, Abdeljalil Bedoui, expert en économie, rappelle que la question d'équilibre monétaire et financier s'est toujours posée en situation de crise et dans toutes les transitions politiques. Il souligne, à ce propos, que la Tunisie avait, bien avant la révolution, un problème d'équilibres monétaires et financiers et qu'elle y remédiait en léguant au second plan les équilibres sociaux et régionaux. Booster les dépenses intérieures Il note, par ailleurs, que l'année 2011 a été une année particulièrement difficile, caractérisée par la détérioration de tous les équilibres et ajoute, qu'en dépit des prémices d'amélioration enregistrées au cours du premier semestre 2012, les équilibres monétaires et financiers n'en demeurent pas moins menacés. L'intervenant rappelle que les équilibres extérieurs seront, eux aussi, altérés suite, notamment, au recul des exportations ajoutant que tous ces facteurs dictent d'engager très vite une réflexion sur les meilleurs choix à prendre pour préserver ces équilibres. Une réflexion qui permettra de s'interroger s'il serait opportun de revoir le prix du carburant, de réduire la compensation et d'intervenir au niveau des salaires ou pas. Toutes ces questions se posent aujourd'hui en Tunisie et les réponses sont aussi divergentes que les tendances et les priorités politiques le sont. Pour sa part, A.Bedoui pense que face à la stagnation des marchés extérieurs et au recul des exportations, la redynamisation de l'économie ne saura s'accomplir sans booster les dépenses intérieures, donc une augmentation des salaires et une politique monétaire expansionniste. Le conférencier note en outre qu'aujourd'hui on cite de plus en plus le rapport du FMI comme une référence, un choix qu'il trouve inopportun du fait que le FMI a été à l'origine de politiques adoptées par la Tunisie et qui ont fini par faire exploser des révolutions. A.Bedoui rappelle, dans ce même ordre d'idées, que le dernier rapport du FMI propose le même modèle de développement et les mêmes recommandations faisant abstraction des nouvelles donnes générées par la révolution. Il pense, pour sa part, que le vrai salut de l'économie tunisienne serait de revoir le modèle de développement en le réorientant vers les priorités révélées grâce à la révolution.