Encore une fois, des évènements sanglants secouent Sidi Bouzid, provoquant des dégâts et un climat de terreur. En effet, près de 60 à 80 individus d'apparence salafiste ont pris d'assaut, avant-hier, l'hôtel Horchani situé au côté Est de la ville. Selon M. Jamil Horchani, propriétaire dudit établissement, vers 13 heures, des barbus ont forcé la porte principale des lieux, après avoir agressé l'agent de sécurité qui a essayé de les dissuader de leur forfait. «Enragés et acharnés contre clients et ouvriers, ils se sont introduits dans la salle de réception avant d'atteindre la salle à manger et la cuisine, où ils ont tout saccagé, faisant des lieux un véritable dépotoir de décombres. Les assaillants, dont deux ont porté des barbes postiches à l'entrée de l'hôtel, selon quelques témoins, se sont par la suite rendus dans les chambres de l'hôtel, poursuivant sans aucune hésitation leur invasion, pour défoncer portes, fenêtres et autres équipements. Puis, ils ont accédé à ma propre maison située juste à côté de l'hôtel, où ils ont poursuivi leurs actes de vandalisme et fait main basse sur 8 mille dinars et près de 14 grammes d'or, avant de partir en toute quiétude. Je tiens à vous confier, par la même occasion, que la plupart d'entre eux sont des marchands clandestins de boissons alcoolisées, des contrebandiers exerçant sur les frontières tuniso-algériennes et des trafiquants de drogue. Nous les connaissons parfaitement et nous avons déjà donné quelques noms au procureur de la République». Commentant les faits et les circonstances de ce drame, M.Horchani note que le plus attristant dans cette histoire serait, avant tout, la lenteur avec laquelle ont agi les forces de l'ordre face à une situation aux conséquences désastreuses. «Figurez-vous que les forces de l'ordre, informés un quart d'heure avant l'entame de cette invasion par le gouverneur de la région, ne sont venues à notre secours qu'après l'agression. Trente-cinq minutes durant ou presque, les agresseurs ont tout fait, encouragés en cela par un vide sécuritaire, régnant à Sidi Bouzid, depuis la révolution du 14 janvier. Pis encore, ces agresseurs nous ont déjà menacés, et ce, une semaine avant le début du mois saint. On en a informé les autorités concernées. Mais elles ont agi passivement pour ne prendre aucune précaution». Par ailleurs, il faut dire que parmi les victimes, l'on compte un couple hollandais qui, selon notre interlocuteur, a juré de ne plus remettre les pieds sur le sol de ce pays, après les moments de terreur qu'il a vécus. Contacté par téléphone, M.Nabil Nasri, gouverneur de Sidi Bouzid, a, pour sa part, déploré ces actes de violence, soulignant que les inculpés dans ces événements seront poursuivis en justice. Revenant sur les faits, il a affirmé que la rapidité avec laquelle ont agi les assaillants n'a pas permis de sauver la situation : «Vers 13 heures, j'ai reçu un coup de fil m'informant que certains salafistes était en train de se regrouper pour attaquer la cible. Du coup, j'ai tenu au courant les forces de l'ordre pour prendre les précautions nécessaires, mais le temps dont elles disposaient pour réagir était insuffisant pour intervenir efficacement. Ce qui est rassurant, c'est qu'une enquête judiciaire vient d'être lancée, sachant que certains noms sont connus par les témoins. La justice suivra certainement son cours pour, finalement, condamner les coupables et réparer les victimes».