On n'aimerait pas être à la place de Slim Riahi. L'homme a déboursé des sommes colossales pour rebâtir une équipe digne des couleurs du club, mais voilà qu'il s'aperçoit que les fonds énormes investis n'ont pas apporté grand-chose pour le moment. A chaque projet aux gros moyens et aux gros investissements, une obligation de générer une plus-value. Ce n'est pas immédiat certainement, on doit attendre que le projet fonctionne et crée une valeur ajoutée. Ce n'est pas le cas du CA, version Slim Riahi, très décevant au derby tunisois et qui a même frôlé un carton. Pour un homme d'affaires qui réussit au «business», il doit changer de stratégie et d'organisation de travail s'il veut que son projet sportif soit rentable et édifiant. Qu'est-ce qu'on peut reprocher au CA de Riahi? Tout bien évidemment. Il faut l'avouer, Slim Riahi trop généreux à l'égard de tous, s'est trompé de collaborateurs, de dispatching de rôles, d'entraîneur et de recrues (pas toutes). D'après ce qu'on a vu au derby et bien avant ce match, Bernard Casoni, entraîneur qui a bénéficié de commodités de travail qu'il n'a pas trouvées même auprès de clubs européens, est loin d'être l'entraîneur de la situation. L'état dans lequel se trouve le CA est inquiétant. Si au bout de deux mois de travail, Casoni et son staff nous sortent cette mauvaise copie, il y a de quoi s'interroger! Ce n'est pas une question de victoire ou de défaite, mais de qualité et de sérieux. Même pour un profane, il vous dira qu'il n'y a pas d'empreinte d'entraîneur au CA. Quand on voit que les joueurs jouent au pif et que la défense soit aussi trouée, on conclut que l'entraîneur, premier responsable technique, est dépassé par les évènements. Ce n'est pas de l'ingérence «technique» mais on a rarement vu une équipe où les joueurs valent financièrement des milliards jouer avec ce laisser-aller. Voici des points précis : - Pour un ex-défenseur de renommée, qui a remporté la coupe d'Europe des clubs champions avec l'OM, la défense devait être son jardin préféré. Regardez le derby encore une fois, vous allez voir une défense d'amateurs où les erreurs se répétaient sans que Casoni ne réagisse. Le CA a toujours brillé par sa défense et par ses défenseurs. Quand on joue la défense de ligne avancée (à 30 mètres au moins du gardien), la moindre des choses est de resserer les espaces et surtout de presser le porteur de la balle. Si le champ de vision est délimité, la fixation sera impossible et le hors-jeu sera appliqué facilement (cette défense risquée suppose que les joueurs savent jouer la défense de zone). Les trois buts de l'EST se ressemblent : trois face-à-face où Msakni et N'djeng semblaient dans une séance d'entraînement ! Le pire, c'est qu'à chaque fois, le hors-jeu est déjoué naïvement par Haddedi et Agrebi qui ont besoin de cours sur le hors-jeu. Et Casoni s'obstine à jouer cette défense risquée. Les deux premiers buts sont identiques, le Français ne corrige pas. Bizarre. Contrairement à Nabil Maâloul, Bernard Casoni n'a pas su optimiser l'effectif et les joueurs mis à sa disposition. Un joueur comme Hatten Baratli est l'un des meilleurs pivots axiaux du championnat avec une expérience de trois ans au CAB. Pourquoi est-il si négligé ? Ça se voit qu'il n'intéresse pas Casoni. Mais le problème, c'est que ça tourne en affaire personnelle. Casoni a tout fait pour évincer Baratli. Parlons aussi de Nafti qui n'a rien apporté au jeu du CA depuis son arrivée. Il fait le doublon avec l'excellent Djabou. Ce n'est pas l'avis de Casoni qui préfère sortir Maher Haddad et priver son entrejeu d'un atout. Cela pour lancer Ali Mathlouthi dans le bain. Franchement, on ne comprend pas comment un joueur tel que Mathlouthi puisse porter ce maillot, alors que Jaziri, vivace et attaquant féroce, fait banquette. Karl Marx ? C'est no comment. De quelle chaleur et de quelle fatigue parlent les joueurs du CA. L'EST qui joue la Ligue des champions et le championnat avait plus de jus que le CA. Les Clubistes étaient émoussés, statiques, incapables de gérer les courses et les duels un contre un. Mais où est passée cette préparation d'intersaison ? Là aussi, il y a beaucoup à dire. Le derby a montré les limites de Casoni. Le Français, de plus en plus contesté, perd en appui et en crédit. Va-t-il payer les pots cassés ? C'est à Riahi de voir. Mais disons-le directement. Il n'y aucune empreinte d'entraîneur dans ce CA de Casoni.