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La méconnaissable Compagnie des phosphates de Gafsa
Opinions
Publié dans La Presse de Tunisie le 03 - 10 - 2012


Par Kilani BENNASR*
En Tunisie, à peine l'entreprise a acquis des habitudes de travail et commencé à rivaliser en production avec les entreprises maghrébines et européennes, les conséquences de la révolution du 14 janvier 2011 sont venues entraver l'activité entrepreneuriale dans le pays.
Les études faites sur les grandes entreprises comme la Compagnie des phosphates de Gafsa (CPG) arrivent à la conclusion que le système actuel est responsable de la dégradation de la CPG. La direction serait encore non démocratique et non transparente et continue à prendre des décisions sans concertation ; le personnel, ni impliqué ni satisfait, finit par manquer d'enthousiasme.
La Compagnie des phosphates de Gafsa se dirige vers l'impasse pour plusieurs raisons dont la production insignifiante, l'insubordination au sein de la société, la situation d'insécurité sur le plan national, l'encadrement anarchique des revendications sociales dans le bassin minier et la sourde oreille du gouvernement à l'égard de ladite CPG et du bassin minier en général.
D'autres raisons restent dissimulées, en l'occurrence les pratiques discriminatoires vis-à-vis des villes minières du bassin. Mis à part les ouvriers et quelques spécialistes qui étaient recrutés localement de manière plus ou moins objective parmi les jeunes, l'embauche des cadres avait toujours favorisé les diplômés proches des hommes au pouvoir et venant des zones côtières. Une bonne proportion de jeunes diplômés et anciens hauts cadres du bassin minier se soucient fort peu de leurs villes natales et préfèrent le confort des grandes villes du nord, et ne se rappellent de leur origine que quand on prononce leur nom de famille, pour montrer qu'eux aussi sont du sud-ouest puisque contrairement au passé, l'appartenance à cette frange du territoire serait à présent au même titre que la mode ou redevenue une fierté.
En outre, la CPG avait toujours été convoitée par les riches Tunisiens, particulièrement ceux de Gafsa et de Sidi Bouzid, très proches du pouvoir et des directeurs de la compagnie dont certains étaient de moralité inquiétante, ces fortunés insatiables avaient pris l'habitude de rafler les marchés de services de la CPG et défendre leur (droit) au «beurre et à l'argent du beurre». Ces pratiques n'ont pas disparu, seraient encore là, pas plus loin que le bout du nez !
Jusqu'à ce jour, vingt mois après la révolution, on n'arrive pas à admettre en Tunisie que les habitants du bassin minier sont légitimement prioritaires et ont même droit à une compensation équivalente aux années durant lesquelles d'autres régions se sont enrichies à leurs dépens. Les réactions du gouvernement provisoire sont même punitives, on devient plus répressif contre les manifestants pacifiques, ce qui explique aussi l'absence de visites de la région par les hauts responsables, à l'exception de Monsieur Marzouki.
En ce moment, rien ne prouve que le gouvernement est en train d'agir pour satisfaire les revendications sociales du bassin minier, ni de s'occuper de l'entreprise en général et de la CPG en particulier. Dans l'état actuel des choses, La Compagnie des phosphates de Gafsa est chancelante, agonisante, puisqu'elle est à quelque temps de l'épuisement du stock de matière première qui paraît-il datait de la période d'avant 2011 et que la CPG ne serait pas en mesure de remplacer.
Le mal du pays ne guette pas seulement ceux qui vivent à l'étranger mais réveille également la nostalgie à la région d'origine, au hameau ou «douar» d'origine. Depuis le temps des Français, nous habitions au patelin de Lortess (beau jardin en latin), à 15 km à l'Est de Gafsa. Tous les habitants du village se rappellent des jours de prospérité avant et au début de l'indépendance, les enfants étaient heureux, bien habillés, bien nourris et contents d'aller à l'école, grâce au travail motivant de leur père à la «kobbania», la Compagnie des phosphates de Gafsa.
Notre ancienne demeure familiale, en forme de cercle au bord du GP15, était faite de simples constructions et de trois chambrées héritées de l'armée française par mon grand-père Ahmed Essalah, alors Cheikh d'Elguetar. Mon père nous avait toujours raconté combien était belle la cité des Français à Gafsa-Gare et que cinquante ans après, il n'avait pas oublié la musique qu'émettaient les magnifiques radio-transistors Philips, une merveille de l'époque. Sur son chemin en rentrant à pied de Gafsa, il ralentissait le pas, épanoui par la propreté du quartier et la douceur musicale européenne qui sortait des maisons de fonction réservées aux cadres et ingénieurs de la Compagnie des phosphates de Gafsa.
Pour mon père et pour certains peut-être, c'était la belle vie, car cette netteté et ce charme de la vie à Gafsa-Gare étaient exceptionnels et n'existaient nulle part, maintenant les mêmes anciennes rues de Gafsa-Gare n'ont pas changé mais tout est méconnaissable, à l'image de l'entreprise mère: la Compagnie des phosphates de Gafsa...
La relance de l'économie nationale et des entreprises, y compris celle de la Compagnie des phosphates de Gafsa, n'est pas immédiate ni pour le lendemain, elle dépendra avant tout de la réussite de la transition politique.
Sans stabilité politique il est difficile, voire impossible, de relancer l'entreprise.
C'est malheureux de dire que la révolution est mal partie pour la Tunisie, mais ceux qui y croient encore, on n'y peut rien pour eux !
*(Colonel retraité )


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