Le lancement lundi du dialogue national sur les politiques, les stratégies et les plans sur la santé a été placé sous le signe de l'espoir en une réforme globale d'un secteur pluridimensionnel qui, non seulement touche le citoyen et les cadres de la santé, mais implique également maints secteurs tout aussi stratégiques. Une réforme qui tire son efficience de la volonté d'asseoir une bonne fois pour toutes les fondements d'une stratégie nationale à même de soulager les institutions de la santé publique des maux qui les rongent et qui ne cessent depuis des décennies de rendre la vie dure aux citoyens. Cette réforme sera, en effet, basée sur l'un des principes cruciaux de la démocratie, qu'est le dialogue: un dialogue inclusif, qui s'étalera sur une année et qui permettra aux maîtres du domaine, aux représentants des ONGs œuvrant dans le secteur de la santé, mais aussi aux citoyens et aux décideurs de dessiner, ensemble, le croquis de la politique, des stratégies et des plans sur la santé. L'espoir en une réussite première en son genre tant dans ce secteur épineux que dans l'approche inclusive n'est pas moindre. En effet, les représentants du gouvernement provisoire, tout comme des institutions de défense des droits, à l'instar de l'Union nationale tunisienne du travail (Ugtt) ont rappelé lors de la cérémonie officielle du lancement du projet, les expériences passées dans ce sens. Les secteurs stratégiques ont fait l'objet à maintes occasions de consultations nationales, censées être inclusives et transparentes. «Avant, nous avons assisté et participé à des consultations nationales que l'on croyait fondées sur le principe de la transparence. Et c'est toujours avec étonnement et déception que l'on découvre des résultats et des mesures contraires aux attentes des participants. Les mesures qui en débouchaient étaient toujours unilatérales. Aujourd'hui, nous aspirons à une réforme efficace, basée sur l'accord unanime de toutes les parties», souligne M.Houcine Abbassi, secrétaire général de l'Ugtt. Un secteur, des ministères Le dialogue national sur les politiques, les stratégies et les plans sur la santé impliquera, outre le ministère de la Santé publique, le ministère de l'Education, le ministère des Affaires sociales, le ministère de l'Environnement et le ministère de la Jeunesse et des Sports. Les enjeux sont tels qu'il est, désormais, impératif pour ces institutions de mieux conjuguer les efforts dans l'optique d'établir des plans sur la santé, à même de répondre, outre aux exigences du citoyen, aux attentes d'autres secteurs. Il faut dire que la corrélation entre la santé et les affaires sociales dénote à la fois le souci de décentraliser, voire de généraliser la couverture sanitaire afin que le droit à la santé soit accordé à toutes les tranches sociales et à toutes les régions sans exception. Un premier objectif qui rappelle automatiquement une problématique importante, celle notamment de réussir l'équilibre entre dépenses et budget de l'Etat. Or, si 3 millions de Tunisiens bénéficient d'une couverture sanitaire gratuite, il est difficile d'ajuster et d'adapter le budget de la Cnam à des charges aussi importantes. «Lors de la mise en place de la Cnam, l'idée était d'enregistrer à l'horizon 2012 un bénéfice budgétaire de l'ordre de 200 MD. Or, nous sommes actuellement placés face à un déficit budgétaire de l'ordre de 80 MD. L'on estime, de surcroît, que ce déficit atteindra les 200 MD à l'horizon 2016», indique M. Khalil Zaouia, ministre des Affaires sociales. La future réforme doit, ainsi, trouver une solution durable à ce paradoxe. L'enjeu est également sanitaire-environnemental. Le rapport entre ces deux secteurs et ces deux facteurs vitaux est plus qu'évident. Aujourd'hui, à un système sanitaire défaillant tant sur le plan quantitatif (déséquilibre de la couverture sanitaire entre les classes sociales et entre les régions, manque de médicaments, forte consommation de médicaments recommandés pour les malades chroniques), que celui qualitatif (problème d'accueil, de séjour dans les établissements de santé publique, ainsi que la primauté du but lucratif dans le secteur privé) correspond un contexte environnemental touffu de risques pour la santé. En effet, l'environnement est en pleine phase de transition : des changements climatiques et des mutations notables au niveau du mode de vie et celui de la production (recours aux produits chimiques...) ne font qu'enfoncer le clou. Mme Mamia El Banna, ministre chargée de l'Environnement au sein du gouvernement provisoire, étale, lors de cette rencontre, la généreuse liste des défis environnementaux-sanitaires à relever, dont le problème des déchets, ceux chimiques, le problème de l'assainissement et l'impératif de généraliser ce service dans les zones rurales, la lutte contre l'érosion... La ministre évoque le plan national de santé et de l'environnement, un projet concocté en avril 2011 et qui mérite d'être pris en considération dans le présent dialogue. Beaucoup de défis à relever, beaucoup d'espoir en un système de santé adapté à la santé du Tunisien du XXIe siècle. Il est à noter qu'une commission régionale sur la santé mondiale se tiendra le 26 octobre 2013; une date qui permettrait, peut-être, à la Tunisie d'annoncer une approche intégrale, futuriste et prometteuse pour le système de santé, non seulement national, mais aussi dans la région.