Une possibilité de favoriser l'inclusion financière par le biais de la Poste : possibilité de créer une société de micro-finance Dans le contrat-programme 2012-2014, la Poste propose cette piste pour accorder des micro-crédits aux exclus du système bancaire La Poste constitue désormais l'un des instruments financiers qui peuvent être utilisés par les chefs d'entreprise. A la faveur du développement de la technologie numérique dans le domaine de paiement et d'achat à distance, il est devenu possible aussi d'avoir son portefeuille numérique pour effectuer des paiements, mais aussi pour recevoir de l'argent. D'importants moyens matériels et humains ont été mobilisés en vue de réussir ce challenge en présentant aux clients des prestations à la hauteur de leurs attentes. Cette bancarisation de la Poste a également des impacts positifs sur les recettes de celle-ci, dans la mesure où plusieurs services financiers sont désormais à la disposition des clients qu'ils soient des citoyens tunisiens résidents ou non résidents, des touristes ou des coopérateurs. Selon M. Hamadi Fehri , P-d.g. de la Poste tunisienne, «beaucoup de nos clients s'interrogent sur la possibilité de leur octroyer des crédits. Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, la Poste collecte l'épargne au profit de l'Etat. Nous ne pouvons dans le contexte de la réglementation actuelle le faire». Les nouveaux promoteurs ou les chefs d'entreprise en exercice doivent donc encore se rendre aux banques ou recourir au marché financier pour obtenir les crédits dont ils ont besoin. Dans la conjoncture actuelle, plusieurs promoteurs trouvent des difficultés pour financer leurs projets et sont obligés souvent de fournir des garanties importantes pour avoir le crédit. M. Fehri estime, cependant, qu'il y a «une possibilité de favoriser l'inclusion financière par le biais de la Poste. Je ne parle pas des produits financiers que la Poste met à la disposition des ‘‘non bancarisés''. Je fais plutôt allusion à la possibilité, qui m'est offerte par les textes, de créer une société de micro-finance. Dans le contrat- programme 2012- 2014 nous proposons justement cette piste pour accorder des micro-crédits aux exclus du système bancaire». Un appui aux institutions bancaires En tout cas, il existe bien un moyen pour accorder des micro-crédits aux exclus du système bancaire. La Poste a mené une étude pour identifier ces exclus. Les résultats de ladite étude — exposés à plusieurs occasions nationales et internationales — ont clarifié cette catégorie de personnes à la recherche d'un crédit hors du circuit bancaire. «Nous comptons beaucoup sur le gouvernement, espère M. Fehri, pour nous donner le feu vert et entamer cette action stratégique» consistant à accorder des micro-crédits. Le premier responsable de la Poste tunisienne insiste sur le fait que «la société que nous comptons créer n'est pas uns banque de plus qui viendrait s'ajouter au paysage financier tunisien et qui pourrait être vue comme une banque de trop ou encore une banque qui concurrencerait les banques existantes. Bien au contraire, nous pensons apporter un appui à ces institutions en ce sens que les inclus par la Poste, en atteignant une certaine taille, pourraient alors rejoindre le circuit bancaire. La Poste tunisienne dispose de plusieurs atouts (humain, physique, capillarité du réseau...) pour mener à bien ce rôle d'intermédiaire, pourvoyeur de fonds». Un potentiel de développement de la Poste permettra de mettre sur le marché des produits innovants . Du point de vue de M. Fehri, cette structure a «un rôle crucial à jouer dans le processus d'inclusion sociale et financière en particulier en cette période de transition que connaît la Tunisie». Il croit que la Poste doit être un vecteur du changement et un acteur actif dans la dynamique de la croissance inclusive d'autant plus qu'elle a les moyens de le faire même si le processus complexe fait intervenir plusieurs parties prenantes, en premier lieu l'Etat. «Il est aisé d'admettre que tracer les contours de la stratégie postale est une question économique, somme toute techniquement soluble, mais il convient de garder toujours présent à l'esprit l'existence d'une multitude de contraintes (réglementaire, sociale...) qui constituent des facteurs de blocage pour la mise en œuvre d'une stratégie axée sur l'efficacité et la rentabilité», affirme notre interlocuteur.