« Violoniste du XXIe siècle », c'est ainsi que le musicien Pavel Sporcl a intitulé son concert, programmé à la soirée de clôture de la 19e édition de l'Octobre Musical de Carthage. Organisé en collaboration avec l'ambassade de la République tchèque à Tunis, le concert a attiré un grand nombre de mélomanes. Il faut dire que le violoniste était précédé par une bonne réputation internationale. Les habitués de l'Octobre musical ont dû sûrement assister au récital qu'il a présenté, voilà une dizaine d'années au même acropolium. muni de son violon couleur bleue. Pavel Sporcl a joué debout quatre pièces : Partita N°2 d moll de Bach, Sonata N°4 de Yasaye, Caprice N°5, 9, 13, 14 de Paganini et Paganiniana de Mistein. Un programme trop court pour un musicien d'une telle trempe. Celui que la critique tchèque qualifie de « talent qui naît peut-être une fois tous les cent ans », s'est produit durant une heure dont une demi-heure de jeu et le reste, il l'a consacré à une présentation didactique en anglais (il n'aurait manqué que le tchèque) des œuvres et de leurs auteurs. Cela donnait l'impression d'assister à un master class. Pavel a, sans doute, oublié qu'il s'adressait à un public d'initiés et non à des élèves ou à des étudiants. Cependant, cela ne réduit en rien la qualité de l'interprétation de l'artiste qui a excellé notamment dans le morceau de Paganini dont il s'est fait le virtuose attitré. Ce génie du violon, qui joue sans partition, s'est intéressé à l'instrument dès l'âge de cinq ans. Ensuite et après le Conservatoire de Prague et l'Académie de musique, il part aux Etats-Unis pour se perfectionner auprès de grands maîtres comme Edouard Shmieder, Itzhak Perlman et Dorothy DeLay. Son répertoire comprend 40 concerts pour violon et de nombreuses sonates. Il s'est distingué, seul ou en groupe, dans plusieurs festivals dans le monde, notamment celui de Salzbourg, l'un des plus réputés. Sa courte prestation, ce soir-là à l'acropolium, a été fortement ovationnée et le public en redemandait encore. L'appel a été honoré par le musicien qui a exécuté magistralement le célèbre refrain Szardos du patrimoine musical hongrois. Car, au-delà de la musique classique, son « Gipsy projet» avec « Cymbalum tzigane groupe » dont il a gratifié l'assistance par un extrait, a été reçu avec beaucoup d'enthousiasme dans de nombreux pays. On espère que la prochaine fois, il nous proposera un programme un peu plus varié qui ne nous laisserait pas sur notre faim comme ce fut le cas, mercredi dernier.