A chaque rentrée, c'est la même ritournelle. Les parents commencent à se plaindre des cours particuliers et des charges que cela entraîne. Mais, à chaque fois aussi, ces mêmes parents cèdent et se plient à des exigences qui les dépassent et qui font d'eux de simples exécutants, voire de simples spectateurs. La campagne des cours de soutien et des cours particuliers bat son plein actuellement et le marché est ouvert. Sur les murs et dans les stations de métro ou de bus, ou encore dans les lieux publics très fréquentés, on peut voir ces affiches où des « profs » offrent leurs services. Toutes les spécialités y passent. Mais les matières qui reviennent souvent sont les maths et les sciences physiques. Ces professeurs qui s'affichent ainsi donnent une très mauvaise image du corps enseignant dans son ensemble. C'est, du moins, l'avis d'un grand nombre de professeurs. Ceux-ci y voient des pratiques qui n'honorent pas du tout le métier et contribuent, bien au contraire, à l'action de dénigrement menée contre le secteur. D'autres enseignants, par contre, n'y voient aucun mal puisque, selon eux, c'est une façon comme une autre de renflouer leur budget et consolider leur pouvoir d'achat fortement érodé. Moraliser le secteur Les contradicteurs n'y vont pas de main-morte et prêtent à ces « profiteurs » les plus mauvaises intentions. Ils les accusent de forcer les élèves à suivre des cours payants sous peine de mauvaises notes. L'opération est présentée comme une opération de marchandage. Autrement dit, les parents ne sont pas libres. Ils sont obligés d'inscrire leurs enfants à ces cours. C'est, pour eux, la meilleure façon de sauver leurs enfants et leur garantir de bons résultats. Si on examine la situation de près, on constate que la problématique est ailleurs. Les choses se présentent, certes, sous un autre angle. Il existe des enseignants qui se livrent à ces activités depuis des années et qui ont leur «clientèle». Certains d'entre eux sont conseillés et ont la cote. D'autres moins chanceux sont obligés de recourir à la pression directe ou indirecte pour amener les élèves à garnir leurs locaux et les aider à arrondir leurs fins de mois. Ce qui n'empêche pas quelques parents de chercher à forcer la main de certains enseignants (aussi bien dans le primaire que dans le secondaire et les collèges) pour qu'ils fassent des cours particuliers à leur progéniture. En tout cas, les uns et les autres ne se trouvent pas dans la bonne posture. Au moindre faux pas, un conflit peut éclater. Si un parent porte plainte contre une mauvaise pratique et fournit des preuves, des poursuites peuvent être entreprises par le ministère de tutelle. Mais tant qu'il n'y a rien, ce ministère ne peut pas intervenir. Entre les enseignants, aussi, il existerait des conflits. Chacun fait tout son possible pour avoir les classes où la pêche serait bonne. C'est-à-dire les classes terminales (6e primaire ou 4e secondaire). La seule et unique chose que puisse faire le ministère, c'est établir l'arsenal juridique adéquat et le faire connaître à toutes les parties. C'est ce qui permettrait d'endiguer le fléau et d'atténuer ses retombées néfastes sur le système éducatif dans son ensemble. Mais il y a une certitude : il ne faudrait pas que ces pratiques rejaillissent sur toute la profession. D'où la nécessité de moraliser ce créneau. Car, il n'est pas avéré que le fait de dispenser des cours de soutien soit une anomalie. L'usage qui en est fait est, peut-être, abusif et s'est transformé en fléau. C'est pourquoi le ministère organise dans les différents établissements des cours de soutien assurés par des instituteurs et des professeurs. L'avantage de ces cours, c'est qu'ils sont reconnus par les autorités et n'exposent pas les enseignants à des mesures disciplinaires. De plus, le coût n'est pas élevé. Si les cours particuliers sont chèrement payés (pas moins de 12 dinars/heure) ceux dispensés dans les écoles ou les collèges et les lycées ont des tarifs presque symboliques (10, 15 ou 30 dinars/mois). L'autre apport, c'est qu'une partie de ces sommes est consacrée soit aux activités d'éveil des établissements ou à leur maintenance. En effet, 80 % reviennent aux enseignants, 10% aux organisateurs, 5 % aux ouvriers qui aident au déroulement de ces cours.