Au-delà des résultats et des objectifs tracés (en partie atteints), l'OB rallie les suffrages par sa cohésion, sa maturité et sa sérénité... Si l'Olympique de Béja poursuit depuis quelques années son petit bonhomme de chemin à pas sûrs, il lui a toutefois manqué ce bond qualitatif pour inscrire son nom au palmarès national, même s'il ne se retrouve plus dans la fâcheuse position d'une équipe qui joue avec le feu, en fin de saison. C'est à féliciter et c'est encourageant. Toutefois, les supporters attendent le palier supérieur, un coup d'éclat, un souvenir impérissable, un titre qui serait la cerise sur le gâteau...C'est dire que le fait d'atteindre une finale de coupe n'est pas en soi une consécration, selon des supporters qui croient en leurs poulains, capables de forcer leur destin et brandir le trophée. L'OB na pas atteint une finale de coupe depuis maintenant presque douze ans. L'apothéose de 1992, face au CA, avait, en ces temps-là, sourit à l'équipe tunisoise, alors que l'auteur du but clubiste n'était autre que Nabil Kouki, un ex-béjaois...C'est encore un gros morceau que devra affronter l'OB demain. Le CSS étant le détenteur du trophée et une équipe qui a récemment sorti l'EST et le CA. «Le plaisir avant tout...» Abordé dans le lieu de retraite de l'OB, M. Mokhtar Nefzi, président des Cigognes nous parle du renouveau béjaois et des ambitions du club: «Ce stade atteint est une sorte de récompense pluridisciplinaire pour le club. Notre équipe de football mérite tous les éloges. Nous disposons d'un excellent groupe, d'un vivier de jeunes des plus intéressants, d'une cohésion qui ne trompe pas, d'une symbiose entre joueurs et staff technique, le tout dans un esprit de camaraderie et de saine émulation. Ce n'est pas un hasard si le club a globalement atteint ses objectifs. Nous avons fini dans la première moitié du tableau et nous sommes en course pour brandir à terme la Coupe de Tunisie. Pour revenir à l'équipe, il faut voir les séances d'entraînement pour comprendre la réussite actuelle. L'entraînement se déroule dans une excellente ambiance, empreinte de jovialité et de maturité aussi. En football, le plaisir est important et le technicien Rachid Belhout est un encadreur et un grand frère de premier ordre. C'est aussi un professionnel qui anticipe et oriente un groupe qu'il connaît sur le bout des doigts».Toute réussite est étroitement liée à un encadrement approprié. Si le staff technique béjaois (composé du duo Belhout-Mokrani) travail dans le bon sens, le président est aussi aux petits soins, attentif au moindre détail et surtout proche des joueurs, la proximité et la communication étant indispensables pour atteindre le haut niveau. Connaissant assez bien les rouages du club, le président béjaois a été le gardien de buts de l'équipe seniors des années 90, puis a été chargé de la trésorerie du club avant de prendre les rênes de l'équipe nordiste. Un pur produit béjaois qui a accompagné la progression actuelle de l'OB. «Le plus beau métier du monde » Autres spécificités et actions ayant concouru à bonifier l'équipe sont à chercher dans ce savant dosage entre anciens, jeunes apprentis et renforts (même à court terme). L'international Rodrig, Brahima Camara, le buteur, Sameh Derbali, le solide attaquant, Soltani, le capitaine courage, Saber Mhamdi, la révélation Nizar Garbouj, l'expérimenté Hamdi Ouerhani, et tant d'autres joueurs qui ont su hisser l'OB à un palier supérieur. A cet effet, le recrutement d'un coach de valeur et rompu au haut niveau (vu qu'il a roulé sa bosse en Europe durant plus d'une décade) s'est avéré porteur. Rachid Belhout étant avant tout un gestionnaire de groupe et un encadreur qui joue aussi le rôle de protecteur-éducateur tantôt: «En football, le plaisir et la passion ne sont pas l'apanage des supporters seulement, c'est aussi le leitmotiv de tout joueur professionnel qui se respecte. Pour ma part, mon travail est le plus beau métier du monde. Du moment où l'étincelle et l'envie sont là, c'est un plaisir que d'entraîner, prendre soin d'un groupe, accompagner sa mue, vivre ensemble et partager nos craintes, nos espérances et nos doutes aussi. C'est tout un état d'esprit. J'essaie de transmettre le message qu'il faut aux joueurs tout en les imprégnant d'une certaine culture de la gagne. Il faut gagner et il ne faut pas perdre! Une gestion optimale de ses émotions, composer avec le stress, libérer les joueurs d'une certaine tension, c'est un travail sans relâche qui demande l'adhésion de tout un chacun et une mobilisation quasi-permanente. Au-delà de toute approche tactique ou de choix du onze qui cadre avec l'échéance à venir, la préparation psychologique des joueurs est la clé du succès. Maintenant, la coupe nous tend les bras et nous allons cravaché dur pour la brandir à terme. J'espère être le premier entraîneur algérien à gagner la coupe de Tunisie». Des paroles qui en disent long sur la méthode du technicien béjaois, confiant en son groupe. C'est aussi l'avis de son adjoint, Hédi Mokrani, ex- joueur de l'OB et du CA: «La coupe me transcende autant que les joueurs. J'ai disputé trois finales et j'espère que la quatrième sera couronnée de succès. Le CSS est un gros morceau. Nous le connaissons sur le bout des doigts. Son parcours en CAF en dit long sur son potentiel. Le message adressé aux joueurs est le suivant: grinta, courage et du cœur à l'ouvrage. Le reste coulera de source». Le médecin du club, M. Jamel Darragi est tout aussi confiant que sur le qui-vive de manière permanente. Il est vrai que le rôle du staff médical est crucial: «Nous sommes aux petits soins. Nous privilégions surtout la récupération et un bon dosage des efforts, et ce, en vu de ne pas enregistrer des blessures anodines. Le kiné travail beaucoup. Le drainage, l'évacuation des toxines par les massages et autre traitement, permettent d'avoir des joueurs frais et prêts». Chapitre joueurs, la majorité du groupe vit à l'heure de la finale depuis quelque temps déjà. Sameh Derbali, le buteur providentiel face au ST, en demi- finale espère rééditer le coup face au CSS: «Ce cadre enchanteur de la ville de Sousse nous réussit bien. Notre veillée d'armes avant la demi-finale nous a souri et nous espérons que la baraka soit de notre côté en cette heure d'apothéose. J'ai remporté la coupe avec l'EST et je veux récidiver avec l'OB. C'est vrai qu'en dépit d'un classement honorable en championnat, nous n'avons pas battu les grosses cylindrées cette saison. On va se rattraper face au CSS, en finale. On essayera d'être conquérants, réalistes et solidaires sur le terrain». Les paroles de Derbali sont relayées par celles du capitaine, Saber Mhamdi: «J'ai déjà joué une finale et j'espère que celle-ci sera la bonne. L'attente fébrile se fait de manière sereine. Nous sommes relax. Nous savons que notre public sera omniprésent. On s'attend à avoir quelque 20.000 supporters béjaois derrière nous et nous ferons tout pour forcer la décision. Notre groupe est perfectible. Il n'y a pas de star, mais des compétiteurs égaux en droits et en devoirs. Parmi le groupe des 22, chacun peut postuler à une place de titulaire». Serait-ce le secret du succès béjaois? Nul doute que ça y a contribuer, avec à la clé, une fin de saison palpitante. Plus modéré, Mehdi Harb pense que le rôle d'outsider cadre bien comme statut d'équipe: «Sur le papier, le CSS est favori, mais nos chances sont plus que réelles. Vous en avez eu un aperçu face au ST et nous sommes assez armés pour rééditer le même scénario. Notre homogénéité, notre fond de jeu et notre rigueur nous ont mené loin en Coupe de Tunisie. Encore un petit effort et nous serons comblés». Ali Hammami pense, quant à lui, que le style de jeu du CSS exige une approche différente: «Nous avons évolué avec trois attaquants face au ST et cette audace offensive a été payante. Face à un CSS endurant et dangereux en phase de construction offensive, nous sommes appelés à nous montrer vigilants et les premiers sur le ballon. Le pressing et le jeu en bloc seront à l'honneur. Aussi, gagner la bataille du milieu de terrain sera l'une des clés du match». Humilité, concentration, alchimie de groupe et ambition, voilà les traits de caractère d'un OB qui a rendez-vous avec l'histoire. Notons finalement que la bureau directeur béjaois a invité plusieurs anciens grands noms du club à suivre la finale de Radès. Une initiative fort louable qui profitera à des joueurs tels que Mourad Melki et qui ne manquera pas de resserrer encore plus les rangs autour du club.
