Il y a deux mois, on avait vivement salué la détermination dont avait fait montre la Banque centrale et pour juguler l'inflation et pour contenir le déficit commercial. Le gouverneur de la BCT a, à cette époque, parlé d'une dérive historique du déficit. L'autorité monétaire a de si tôt déclaré la guerre à ce déficit. Si la Banque centrale est et demeure tout à fait dans son rôle s'agissant de la maîtrise de l'inflation, il n'est pas interdit de se demander si la maîtrise du déficit commercial est de son ressort. Du moins de son seul ressort. Poser ainsi la question, c'est évidemment y répondre... Selon l'Institut national de la statistique (INS), les échanges commerciaux de la Tunisie avec l'étranger ont enregistré, durant les 10 premiers mois de l'année en cours, une évolution positive de 3,9% pour les exportations et 13,5% pour les importations. Il est résulté de cette disproportion continue, depuis le début de l'année, une aggravation du déficit commercial qui a totalisé 9.889.5 millions de dinars, alors que le taux de couverture a régressé de 6.3 points (68.8% contre 75.1%) comparé à la période correspondante de 2011. A l'origine de tout déficit commercial, se trouve donc, et c'est bien une lapalissade, un déséquilibre au niveau des échanges commerciaux avec l'extérieur; un déséquilibre entre les niveaux en volume des importations et des exportations. Quand la balance commerciale est déficitaire, le plus grave est que ce déficit devienne chronique. En pareil cas, l'économie a bien plus une propension à importer et à «consommer» qu'à produire et à exporter. Et c'est là justement que réside le problème et que même animée de toute la bonne volonté du monde, la BCT ne peut hélas rien faire à ce niveau. Le mal la dépasse puisqu'il niche au sein de l'environnement général des affaires et qu'il ronge le tissu productif. Traiter le mal, c'est assainir cet environnement et le rendre propice à l'investissement. C'est aussi donner du ressort à la compétitivité du tissu productif. Sans cette compétitivité, l'entreprise ne peut ni convaincre ni exporter ni s'ouvrir à l'international. S'attaquer au déficit commercial, c'est, par-delà les mesures conjoncturelles et ponctuelles, définir et mettre en place une nouvelle stratégie en matière de commerce extérieur et d'exportation. Et dans l'urgence et dans l'immédiat, apporter un soutien massif aux entreprises exportatrices. Il est à cet égard pour le moins étrange que des questions aussi importantes que celles relatives à la compétitivité de l'entreprise et au dynamisme du secteur de l'exportation soient, pour ainsi dire, reléguées au second plan dans le projet de loi de finances 2013.