Hier, la chambre correctionnelle du Tribunal de première instance de La Manouba devait se prononcer sur l'affaire du doyen de la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités, Habib Kazdaghli, dans laquelle il est accusé d'avoir violenté une étudiante portant le Niqab. Devant le tribunal, une foule de citoyens est venue soutenir le doyen de la faculté de La Manouba. Ses détracteurs étaient également présents, banderoles à l'appui. Très tôt, le juge a favorablement répondu à la demande de la défense, en reportant l'examen de l'affaire au 3 janvier 2013. Contacté à la sortie du tribunal, Habib Kazdaghli s'étonne de voir des individus qu'il estime à l'origine des incidents de la faculté, l'attendre devant le tribunal. «Ces gens sont libres alors que moi, on me juge dans une affaire dans laquelle j'estime être innocent», s'exclame-t-il. S'agissant du procès en lui-même, le doyen déclare : «Je fais totalement confiance à la justice de mon pays, même si j'ai des craintes concernant la tentative d'instrumentalisation de la justice pour des raisons politiques. A titre d'exemple, l'avocat censé me défendre au nom de la Fonction publique ne s'est présenté qu'aujourd'hui alors qu'il aurait dû être là dès le début de l'affaire». Il accuse également certains responsables du gouvernement de le considérer comme un ennemi politique au lieu de le considérer comme simple citoyen en quête de justice. D'un autre côté, ses détracteurs l'accusent d'agir dans le cadre d'un agenda politique et le rendent responsable de l'envenimement de la situation à la faculté de La Manouba. «Je condamne fermement Habib Kazdaghli et je l'accuse de mélanger son rôle de doyen avec son activisme politique. Néanmoins, dans cette affaire des supposées violences subies par la jeune fille, je ne peux pas me prononcer, c'est à la justice de rendre son verdict», précise Faouzi Gara, coordinateur de la ligue de protection de la révolution de La Manouba. Venu soutenir l'accusé, Ahmed Brahim, député à l'ANC, n'hésite pas à critiquer le ministère de l'Enseignement supérieur qui a eu, selon lui, une position systématiquement complice des jeunes «qui veulent imposer un certain mode de comportement aux institutions universitaires». Un autre député est venu montrer sa solidarité avec Habib Kosdaghli, il s'agit de Slim Ben Abdessalam. «J'imagine mal que quelqu'un qui durant toute sa carrière n'a jamais été violent, le devienne subitement, ce procès est pour moi un procès politique, pas autre chose. Il s'agit d'un courant politique qui tente de prendre pied à l'université, mais je n'ai aucun doute quant à l'issue de cette affaire car je fais confiance au tribunal». Notons que les deux parties sont appelées à déposer leurs dossiers au greffe du tribunal avant la date du 15 décembre 2012.