Le président de la République provisoire, Dr Moncef Marzouki, est monté au créneau, quatre jours après le déclenchement des troubles à Siliana. Dans une brève allocution télévisée, il a appelé à la formation d'un gouvernement restreint composé exclusivement de compétences, loin de la logique des quotas ou d'allégeance partisane. Sans préciser si cette proposition a fait l'objet d'une concertation avec ses partenaires au sein de la Troïka, le président, qui s'est présenté en tant que fédérateur et arbitre, a jugé impérieuse la formation de ce gouvernement. Il a motivé cette proposition par le faible rendement du gouvernement actuel qui, a-t-il dit, n'a pas été à la hauteur des attentes des uns et des autres. Il s'est cependant déclaré solidaire du gouvernement et qu'il assume personnellement une partie de la responsabilité de son échec sans toutefois aller jusqu'à envisager une éventuelle démission. Il a exhorté son partenaire exécutif à opérer une autocritique profonde. La Tunisie, a-t-il encore averti, se trouve à la croisée des chemins : soit le pays continue à s'engouffrer dans la violence, compromettant sa pérennité, soit ses forces vives doivent se mettre sans plus tarder à la recherche de solutions consensuelles aux problèmes chroniques dont il souffre. Passant en revue les maux qui rongent la Tunisie, Dr Marzouki a notamment évoqué la pauvreté, le développement régional et le chômage. Il a recommandé, à cet égard, la mobilisation de l'ensemble des forces politiques, syndicales (patronale et ouvrière) et associatives. Afin de sortir le pays de l'ornière, Dr Marzouki appelle à l'organisation, avant l'été 2013, d'élections présidentielles, législatives et municipales qui permettront à la Tunisie d'entamer une phase de stabilité et de paix sociale. Bien qu'il se soit déclaré optimiste pour l'avenir du pays à la faveur de ses ressources humaines et institutionnelles, il est légitime de poser deux questions pour l'instant du moins : – Les propositions du Dr Marzouki procèdent-elles des prérogatives que lui attribue la petite Constitution ou s'agit-il tout simplement d'une analyse, d'un point de vue personnel de la situation ? – Comment vont réagir les deux autres partenaires de la Troïka vis-à-vis de ce qu'il faut bien appeler un désaveu du gouvernement et de ses politiques, tout au moins un fait accompli Est-ce la fin du ménage à trois ? Wait and see.