Fidèle à sa mission première, celle de rassembler une liste représentative des créateurs, des industriels et des commerçants spécialisés dans le domaine de l'ameublement et de la décoration, le Salon international de l'ameublement et de la décoration (Dardéco 2012), qui se tient du 14 au 23 décembre, au Parc international des expositions du Kram, ouvre la voie à la mise en lumière du produit tunisien et à la promotion de la création, du design et du goût tunisiens. Cette année, l'esprit sélectif de ce rendez-vous annuel avec l'art du mobilier et de la déco témoigne de l'insistance à proposer aux visiteurs les meilleurs produits tant du point de vue qualitatif que celui esthétique et novateur. En pénétrant dans l'espace immense, réservé à Dardéco, l'on ne peut qu'être impressionné par le nombre des exposants tunisiens, ainsi que par leur savoir-faire évolutif en matière de fabrication de mobilier à la mode, tout en ayant une touche tunisienne, ainsi qu'en matière de conception d' objets de décoration allant du simplement élégant au richement luxueux. D'autant plus que la participation massive des créateurs, designers et industriels traduit nettement la volonté de l'entreprise et des artistes à dynamiser un secteur étroitement lié au bien-être et au confort au quotidien. En sillonnant les pavillons du salon, on découvre un mobilier à cheval entre le rustique et le moderne. Fini la mode des chambres à coucher, des salles à manger et des argentières en noir. L'heure est, en effet, aux couleurs naturelles et diverses du bois. Le stand qu'occupe Mme Hoyem Béjaoui est dominé par la couleur naturelle de l'hêtre et du chêne, rehaussée souvent par une couleur crème. «Notre mobilier oscille entre le côté rustique et celui berbère. Son point de force consiste en la qualité du bois utilisé, comme l'hêtre patiné et le chêne, mais aussi par des modèles créés par notre propre designer», précise Mme Béjaoui. Des meubles élégants, de qualité, qui se paient cher. En effet, malgré une remise spécial foire, située entre 15 et 20%, les prix demeurent quelque peu élevés, notamment en comparaison avec la baisse notable du pouvoir d'achat des Tunisiens. Une salle à manger est à 3.970 DT; un meuble TV est à 1.200 DT, quant aux commodes, leurs prix varient entre 750 et 1.100 DT. Mme Faten Louati est à sa troisième participation à Dardéco. Cette artisane occupe un stand où elle propose aussi bien ses créations que celles d'une entreprise familiale. «Mes créations consistent en des tableaux faits à partir de plantes naturelles séchées, sur un fond de bambou auxquels j'ajoute, souvent une touche très soft de foulards en mousseline. Simples mais raffinés, mes tableaux se vendent entre 20 et 200 DT», indique-t-elle. Quant aux meubles exposés, ils vont de pair avec la renaissance du rustique et du bois de rose. «Ce sont des produits tunisiens de qualité, réussis grâce à un placage importé de France sur du bois massif», renchérit l'interlocutrice. Si certains industriels du mobilier insistent sur le rustique, d'autres se penchent sur la fabrication de meubles pratiques et modernes. Mme Sihem Ghomidh propose des tables basses qui se transforment facilement en tables à plusieurs niveaux. «Ce produit a été conçu pour s'adapter aux appartements de petites superficies. Une table transformable peut, ainsi, résoudre le problème de l'espace et éviter l'achat d'une salle à manger trop encombrante», explique l'interlocutrice. Ce modèle au triple aile coûte 680 DT. Slim et Nada sont fiancés depuis quelques mois. Ils se promènent entre les pavillons du salon pour avoir une idée sur les meubles à la mode et la fourchette des prix. «Nous sommes complètement ahuris par la cherté des prix», avoue Nada en riant. «Certes, certains produits sont très intéressants du point de vue qualité. Cependant, les prix sont inaccessibles. Les industriels doivent, quand même prendre en considération le pouvoir d'achat moyen des Tunisiens, notamment les jeunes couples qui s'apprêtent à se marier», renchérit-elle. Outre le mobilier à la mode au coût bien salé, le salon propose également des produits utiles tout en étant raffiné. Mlle Rabeb Abdennour est chargée d' un stand qui ne laisse pas indifférente la gent féminine: des paniers pour henné, des collections de dragées pour toutes sortes de cérémonie sont conçus par l'artiste afin de satisfaire aussi bien son inspiration créatrice qu'une clientèle exigeante. Aussi, des bouquets de dragées garnis aux boules d'ambre et de cuivre, d'autres garnis de «sebha» également en ambre se vendent à 2,800 DT la pièce. Pour la cérémonie de circoncision, un plateau contenant au centre un calice est rempli de petites statuettes sous forme d'un enfant habillé à la tunisienne et assis sur un fauteuil; ce sont en effet les bouquets de dragées spécial circoncision. Quant aux paniers de henné, ils sont recouverts de dentelles, de galets et de pierres schwarovski. Un joli couffin spécial bain maure est à 85 DT. Espace designers de demain : Place aux artistes Au beau milieu du hall 1, un espace agréablement aménagé a été consacré au design et à la création. L'idée étant de mettre en exergue les créations innovantes des jeunes artistes de la décoration. « Contrairement à l'espace destiné à l'exposition-vente, celui-ci expose des idées créatrices et des designs novateurs qui reflètent les compétences des jeunes artistes en la matière», explique Mme Kaouther Belouedhnine, artiste spécialisée dans l'art du vitrail et la mosaïque de verre. Sa participation se traduit par des objets de décoration distingués grâce à la technique du vitrail monté au plomb ainsi qu'à la technique de la mosaïque de verre. Pour cette artiste, consacrer un espace pour designers et créateurs suit parfaitement la conception internationale des salons. Toutefois, la mentalité des Tunisiens a du mal à évoluer et à s'engager dans la promotion des idées nouvelles. Pour elle, le Tunisien se contente dans la majorité des cas des produits qu'il trouve partout. «Les espaces design ont ceci de bon qu'ils permettent au public de prendre connaissance des créations des artistes en plus des créations des artisans. Certes, les créations des premiers sont nettement plus chères que celles des artisans et le budget des Tunisiens ne favorisent pas toujours l'acquisition d'objets d'art qui sortent de l'ordinaire. Néanmoins, il est important pour le public de découvrir ces créations et pour les artistes de les mettre en lumière», renchérit l'interlocutrice. Mme Belouedhnine regrette, toutefois, la non-prise en considération, par certains industriels, du droit de propriété créatrice des designers. Contrairement aux pratiques répandues à l'étranger, les industriels tunisiens ne prennent pas la peine d'acheter les idées créatrices et innovantes des designers. Ils profitent au contraire de ces espaces d'exposition pour voler les idées des artistes et les introduire dans la chaîne de leur propre production. Mlle Maroua Somaâli participe pour la première fois à cet espace. Elle propose des articles de décoration et des luminaires fabriqués en cuivre martelé. Jeune créatrice, elle découvre le premier contact avec le public avec une pointe de déception. « Nous n'avons pas le droit de vendre nos produits, mais nous espérons, ainsi que mon partenaire designer, pouvoir, au moins, passer des commandes», indique-t-elle. D.B.S.