«Le jour le plus court», une manifestation, qui commence à marquer le paysage culturel tunisien et qui est organisée par la Fédération tunisienne des ciné-clubs (Ftcc), le ministère de la Culture et l'Institut français de Tunis, se veut une fête du court-métrage. Un 21 décembre en a caché un autre, cette année. L'engouement pour la fin du monde, selon le calendrier Maya, n'a pas été le souci majeur des Tunisiens le 21 décembre dernier. Par contre, des courts métrages pour célébrer le jour le plus court de l'année, le solstice d'hiver, sont un événement qui commence à marquer le paysage culturel tunisien. «Le jour le plus court» se veut une fête du court-métrage, organisée par la Fédération tunisienne des ciné-clubs (Ftcc), le ministère de la Culture et l'Institut français de Tunis (IFT). Dans le centre-ville de Tunis (le Colisée) et dans la banlieue (Alhambra à La Marsa), un programme de quatre séances au total a été proposé au public. Et dans l'attente de voir «Le jour le plus court » s'étendre à l'échelle du pays et ramener un peu de chaleur dans ce qui reste de salles de cinéma régionales, ou sur les écrans des complexes culturels et des maisons de culture, on se réjouit déjà de voir les courts-métrages mis en avant. C'est là, en effet, le champ d'expérimentation des cinéastes de demain et cela est flagrant dans les œuvres choisies. Les réalisateurs en herbe explorent le possible, parfois jusqu'à l'extrême. Ils le font dans l'écran et dans le hors-champ de leurs films, et semblent vouloir aller jusqu'au bout dans l'expérience de partage avec le spectateur. Chaque séance permet de le constater, grâce à un dispatching des films qui favorise la variété des thèmes et des genres. Celle de 19h au Colisée a débuté avec « Baba Noël » de Walid Mattar, qui en est déjà à son quatrième court-métrage. Avec ce film, il revient à un thème qui a accompagné ses débuts, dans le documentaire «Fils de Tortue» (2006), à savoir les immigrés clandestins. «Baba Noël » est une fiction de 15 minutes où Foued, un jeune sans-papiers tunisien, se retrouve à travailler comme père Noël dans une grande surface, où il doit arborer son plus beau sourire pour être photographié avec les enfants. Ce paradoxe est, à plusieurs niveaux, éloquent quant à la situation de Foued et de ses semblables. Sa symbolique va même aux origines du problème, à la colonisation et aux premières vagues d'immigrés, qui ont tant donné sans reconnaissance. Originale en soi, l'idée est exposée dans un scénario qui ne manque pas d'humour et de clins d'œil. Le deuxième court-métrage tunisien est en même temps la deuxième expérience filmique de son jeune réalisateur, Imed Aïssaoui. Il signe ainsi , après «Le peuple de Frankenstein», «L'enterrement» (14 minutes), une seconde fiction qui témoigne de sa préférence pour le même genre de films, en racontant l'aventure de trois jeunes mafieux maladroits, qui se voient confier une dernière mission. De même, Majdi Smiri, présent avec son court-métrage «The box», une production tuniso-française d'une durée de 7 minutes, affiche son désir d'être un réalisateur de films à la rencontre du thriller et de l'action. Dans «The box», il filme un quadragénaire qui se retrouve au mauvais moment et au mauvais endroit. Majdi Smiri a sorti, cette année, son premier long-métrage «Fausse note». Il a réalisé «The box», dans le cadre du festival Off courts 2012 à Trouville. Aux côtés des courts-métrages tunisiens, trois productions françaises ont été projetées au Colisée. «Je pourrai être votre grand-mère» de Bernard Tanguy pose un regard décalé sur les SDF et, de là, sur les rapports entre les êtres humains. Son personnage principal, un avocat d'affaires, s'amuse à imaginer et à confectionner des pancartes pour les sans-abris afin de les rendre plus «visibles». Dans les pancartes, un défilé de messages humanistes basés souvent sur des jeux de mots s'adressent autant à la conscience collective qu'au bon sens de tout un chacun. Dans un autre registre, L'accordeur d'Olivier Treiner emmène son personnage, un accordeur de piano qui se fait passer pour aveugle pour pénétrer l'intimité de ses clients, dans une aventure à la limite du voyeurisme et de la sensibilisé. Il se trouve petit à petit piégé dans un jeu qui finira par se retourner contre lui. Le même sort a été réservé au comédien du dernier film de la soirée, signé FX Goby et Mathieu Landour. «La mystérieuse disparition de Robert Ebb» commence en effet par une blague et se termine par une catastrophe. Ainsi, cette soirée du jour le plus court a offert à ses spectateurs des films divers et divertissants, qui portent en même temps de grandes idées, celles de lendemains meilleurs...