M. Kamel Jendoubi a présenté un rapport complémentaire de 176 pages pour répondre aux 176 observations du rapport de la Cour des comptes Quel est le coût réel des élections? Une question qui a alimenté une profonde polémique sur la constitution de la prochaine instance. Selon M. Kamel Jendoubi, président de l'Isie, l'opération a coûté moins de cinq dinars par électeur, précisément 4,800 dinars. Lors de la conférence de presse organisée, hier, au siège de l'Instance régionale de Tunis, M. Jendoubi a présenté un rapport complémentaire de 176 pages pour répondre aux 176 observations du rapport de la Cour des comptes. «Après le premier rapport de la CC, daté du 4 décembre, on a remis ce rapport complémentaire dans les délais», précise-t-il. Et la procédure prévoit la publication par la CC d'un rapport de synthèse qui sera communiqué à l'Isie pour fournir les explication nécessaires, avant la publication finale au Journal officiel (Jort). Toutefois, avant la publication officielle et définitive des rapports, des données et des détails ont déjà circulé depuis quelques semaines. Pis, «le document non officiel a circulé partout: la Cour des comptes, la présidence du gouvernement, un Conseil ministériel, la coordination de la Troïka, les réunions nocturnes des partis politiques, les réseaux sociaux, certains médias...», déplore-t-il. Et de commenter : «Il s'agit d'une campagne de dénigrement et de diffamation!». L'enchaînement, a-t-il martelé, est révélateur des parties qui tirent les ficelles de cette affaire. En réaction, le président de l'Isie a déposé deux plaintes, l'une d'elles contre l'avocat Fathi Laâyouni pour diffamation et propos injurieux. Ledit avocat a ouvertement accusé l'Isie de gaspillage des fonds publics en organisant des élections qui ont coûté 4 mille dinars par électeur, soit mille fois plus l'estimation du président de l'Isie. Mais les deux s'accordent à ce que le budget global s'élève à 37 millions de dinars. M. Jendoubi a précisé que la facture des élections s'élève à 0,2%du budget de l'Etat. «Est-ce trop demandé?», s'interroge-t-il. Et de prévenir : «On doit investir en démocratie. Et sans argent le processus pourrait dévier vers la dictature». Pour l'année 2012, le gouvernement n'a versé aucun sou en dehors de ce qui a été programmé par l'ancienne équipe dirigeante. A défaut de ressources suffisantes, les équipes finiront par déserter leurs postes pour d'autres emplois. «C'est la responsabilité du gouvernement et de l'ANC», n'a cessé de répéter le premier responsable de l'Isie. Par ailleurs, il a fait savoir que l'équipe réduite de l'Isie a subi d'énormes pressions pour quitter les lieux. «Ce qui laisse libre court aux envahisseurs», prévient-il. Un coût en dehors de toute comparaison S'attardant sur le volet financier, graphique comparatif à l'appui, il démontre que les élections du 23 octobre 2011 se positionnent parmi les moins coûteuses. «Le coût des élections dans les phases de transition démocratiques, notamment au Mexique, au Rwanda... varient entre 3,5 et 7,5 dollars», estime-t-il en s'appuyant sur une étude datée de 2005. Et de renchérir : «L'actualisation de ces coûts, évidemment la révision à la hausse, place l'opération en Tunisie en dehors de toute comparaison». De même, aucun déficit n'a été relevé, estime-t-il, contrairement au rapport de la CC.